Détection

1.6K 152 30
                                    

Il y avait près d'une semaine que la potion de détection de lien familial leur avait révélé qu'ils étaient père et fils, et Harry se sentait de plus en plus à l'aise avec Severus.
Il n'arrivait pas encore à l'appeler "papa" ou "père" - à dire vrai, ils n'avaient même pas évoqué cette possibilité - mais il pouvait le tutoyer et utiliser son prénom sans hésiter, et sans se sentir mal à l'aise.

Leur rapprochement avait surpris tout le monde, mais Severus était resté impassible comme à son habitude. Quand à Harry, il avait pu compter sur le soutien de Ron et d'Hermione. Il n'avait pas eu besoin de s'expliquer pour que ses deux amis ne fassent front commun pour empêcher quiconque de venir l'ennuyer.
Avec un clin d'œil, Ron l'avait rassuré et lui avait murmuré que lorsqu'il serait prêt, lui et Hermione seraient là pour l'écouter.

C'était Harry qui avait accepté la situation le plus facilement. Il avait été tellement habitué à être seul - pas de famille, pas de repères - que l'arrivée d'un père alors qu'il était presque adulte restait quand même une bonne nouvelle à ses yeux. Il avait un repère fixe désormais, qu'il connaissait depuis des années. Un homme de confiance.
Son professeur de potions avait peut être été injuste et cruel au cours de leurs cours ensemble, mais avec le temps, il avait appris à respecter l'homme. Cet homme qui avait sacrifié une grande partie de sa vie pour être un espion, qui avait pris tous les risques pour le protéger. Qui l'avait sauvé à plusieurs reprises également.
Severus Rogue était peut être un piètre professeur mais il était un combattant hors pair, et un maître des potions exceptionnel.

Les années avaient marqué l'homme. Il était aigri et amer, et il semblait constamment voir le pire de chaque situation. Il préférait l'attaque à la défense, et savait parfaitement se faire détester par ceux qui essayaient de percer ses défenses.
Face à lui, Harry semblait être son inverse. Lumineux et optimiste. Le jeune homme, malgré son enfance misérable et les batailles qu'il avait eu à mener année après année, restait naïf en apparence et ne voyait que le meilleur de chaque personne.

De l'avis de quiconque d'extérieur, ces deux là ne pourraient jamais s'entendre : ils étaient trop opposés. Trop différents.
Et pourtant... pourtant, ils étaient devenus proches. Severus parlait de Lily, de leur enfance et de leur amitié. Il lui racontait comment était sa mère, et il découvrait une femme réelle et non pas l'icône parfaite dont il avait eu la description jusqu'à présent. Une femme qui pouvait se mettre en colère, qui faisait des erreurs, qui avait des regrets. Une femme avec ses défauts - défauts que semblait avoir aimé le maître des potions, tout autant que ses qualités.

En échange, Severus demandait à Harry de lui parler de son enfance. Il le forçait à parler de sa vie misérable chez les moldus, comme pour percer l'abcès et pour lui permettre de vivre avec. Parfois, en réaction, Severus se mettait en colère et jurait qu'il allait tuer les Dursley. Et ces éclats - même s'ils ne duraient pas longtemps - permettaient à Harry de se sentir aimé. Pour lui même, Harry, et pas comme le Sauveur ou le Survivant.


Un peu poussé par Harry, Severus avait accepté qu'ils dévoilent leur lien à leurs proches. Les Weasley et Hermione, les Malefoy - Lucius restait l'ami de Severus et Drago son filleul - Minerva MacGonagall.
Hermione et Ron n'avaient pas mis longtemps à comprendre : ils étaient au courant de la possibilité que Severus soit son père depuis leur visite à Square Grimmaud. Un tel rassemblement ne pouvait qu'être l'annonce officiel de leur lien.

En bon Gryffondor, Harry prit les devants. Une fois tout le monde installé - et assis - il afficha un large sourire.
- Severus est mon père.
Du côté des Malefoy, les réactions furent maîtrisées : un haussement de sourcils de Lucius et un léger ricanement pas vraiment surpris de Drago qui avait noté le rapprochement de son parrain et de son rival d'école. Narcissa resta maîtresse d'elle même, comme en toute situation.
Minerva McGonagall laissa échapper un couinement étranglé avant de rester bouche bée.
Les Weasley furent les plus bruyants : ils s'exclamèrent visiblement mécontents de la situation.

Harry se rembrunit aussitôt. D'autant plus quand Molly prit Harry à parti pour lui dire que sa mère n'aurait jamais osé tromper James, qu'elle l'aimait bien trop. Severus se raidit à ses côtés, et Harry lui jeta un regard inquiet.
Avant qu'il ne puisse intervenir cependant, Ginny hurlait comme une banshee, jurant que la chauve-souris lui avait jeté un mauvais sort et que c'était pour ça qu'il pensait une telle "ignominie".

Le Sauveur resta silencieux quelques secondes, contemplant ces personnes qu'il pensait proches. Il nota parfaitement qui les soutenaient. Ron et Hermione. La famille Malefoy. MacGonagall dans une moindre mesure, puisque bien que stupéfaite elle n'avait pas eu un seul mot déplacé.

Puis, d'un ton glacial, il interrompit les cris.
- Severus est mon père. C'est un fait établi. Et ceux que ça dérange peuvent partir. Maintenant que j'ai trouvé la famille qui m'a manqué toutes ces années je ne compte pas lui tourner le dos.

Il sentit la main de son père se poser sur son épaule, comme pour le remercier de le défendre. Et il nota le sourire satisfait de Lucius. Harry décida que pour cette réaction, l'ancien Mangemort méritait d'être défendu...
Molly protesta vigoureusement.
- Mais enfin Harry ! C'est nous ta famille ! Tu es comme un fils pour nous.

Ses yeux verts se durcirent.
- Vous m'avez toujours accueilli avec gentillesse Molly. Mais je ne suis pas votre fils et je ne le serais jamais.
- Mais tu vas venir vivre chez nous !
- Je n'ai jamais prévu de venir au Terrier autrement que pour rendre visite à Ron. J'ai une maison, le Square Grimmaud, et nous verrons avec Severus comment nous allons nous organiser.

La matriarche Weasley secoua la tête, visiblement furieuse, marmonnant en fusillant du regard Severus. Ginny poussa un cri de rage et sortit sa baguette, lançant un sort en direction de Severus.
Sans la moindre hésitation, Harry se précipita devant l'homme pour le protéger.

L'instant d'après, le sort de Ginny s'écrasait sur un bouclier. Drago, baguette en main, yeux écarquillés, semblait surpris d'avoir réussi à protéger son parrain - et surtout Harry Potter qui s'était jeté en plein sur la trajectoire du rayon lumineux.

Cet incident réveilla Minerva qui mit la famille Weasley dehors - à l'exception d'un Ron hagard - , avec pertes et fracas, annonçant à Molly qu'elle ne voulait plus de Ginny dans son école tant qu'elle s'en prendrait aux professeurs de cette façon.

Prompt de demain : Livre d'images

L'ombre du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant