Chapitre 23

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L'étrange impression d'avoir dormi plus d'un siècle m'assomma dès le réveil. Dans la pièce sombre, je n'avais aucun repère. Le soleil qui avait pour habitude d'accompagner mes éveils de conscience était absent, caché derrière les volets opaques.

Je cherchais machinalement mon téléphone, espérant trouver un semblant de repère. Après avoir tapé au hasard mes environs, mes doigts entrèrent en contact avec l'écran et je me saisie de l'appareil. En le déverrouillant, je découvris avec surprise qu'il était dix heures passées.

Je n'arrivais plus à me souvenir la dernière fois que j'avais eu une nuit de sommeil aussi longue. Tous mes muscles semblaient êtres endoloris, ayant perdu l'habitude de fonctionner sans caféine. Je me levais donc et ouvrais les volets, laissant ainsi entrer la lumière pour que je puisse retrouver ma valise et les vêtements qu'elle contenait.

Je m'habillais lentement, entendant déjà les voix de mes hôtes à l'autre bout du couloir. Je ne pris pas la peine de me maquiller et sortis de la chambre pour retrouver la joyeuse petite famille en espérant qu'il reste un peu du petit déjeuner.

Le couloir était empli de cartons, jouets en tout genre et je manquais même de percuter une valise. C'est en me frottant encore les yeux que j'arrivais dans la cuisine. Les voix s'étaient amplifiées, et je cru en percevoir une qui semblait familière.
- Je refais couler du café ?
- Ce ne sera pas de trop, crois-moi, ça la fera venir. Elle a un radar pour la caféine, c'est impressionnant, assura son mari

Je tournais dans l'angle de la cuisine en répondant.
- Quelqu'un a parlé de café ? m'exclamais-je
- Je te l'avais dit !

Cependant je ne pris même pas le temps de m'attarder sur le visage fier du militaire. Un autre attira mon attention. Cachée derrière ses cheveux bouclés, fraîchement coupés, son regard pétillant et son petit sourire satisfait se trouvait ma meilleure amie. Je n'en revenais pas.

- Li...Lisa ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je-j'étais sûre que tu étais toujours en Californie... Je-
- J'avais déjà posé congé pour voir mon père à partir de mercredi. J'ai juste décalé mon vol de quelques jours. J'ai eu un SOS d'un séducteur à la retraite qui paniquait à l'idée de devoir gérer une peine de cœur.
- Hey, hey, hey. Pas à la retraite. Je me contente simplement de séduire une seule et même femme, jour après jour.

C'est avec un sourire triomphant qu'il attira Vanessa à lui et lui déposa un baiser sur la tempe. Les deux se regardaient avec des yeux emplis d'amour. Cependant ni Lisa, ni moi n'y prêtâmes plus d'attention. Ni à ce geste, ni à son commentaire d'ailleurs.

A vrai dire, j'étais toujours en état de choc. Incapable de réaliser qu'elle était bel et bien là, devant moi.
- J'ai surtout cru comprendre que tu avais vraiment besoin d'une amie. Je sais que j'ai pas été super présente ces derniers temps et crois-moi je m'en veux mais j'espère que...

Sans la laisser terminer sa phrase, je me jetais sur elle et la serrais dans mes bras, aussi fort que je le pouvais. Tout d'abord prise par surprise, elle mit une petite seconde avant de retourner mon étreinte avec la même intensité.
- Toi aussi tu m'as manqué, fini-t-elle par murmurer dans un petit rire
- Pas autant que moi, répliquais-je sur un ton enfantin

Son rire semblait si doux. Sans la lâcher, je commençais à sentir des larmes de soulagement monter. Je fermais les yeux et tentais de les faire disparaître. Sa présence semblait m'enlever un énorme poids que j'avais oublié que je portais.

Elle commença à desserrer délicatement notre étreinte et se retourna vers Vanessa.
- Je crois qu'on va prendre le café et s'installer dehors si ça te dérange pas. On a pas mal de chose à rattraper.
- Oh non, aucun problème. Allez-y, je vous ramène le café et les croissants dans une minute. Si tu as froid Lisa, je dois avoir un gilet qui traîne quelque part sur une des chaises, dit-elle

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant