Chapitre 3

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Photo : Melora Hardin pour Viviane

Je m'accrochais à mon café comme si ma vie en dépendait. Ma tasse entre les mains, je regardais l'écran de mon ordinateur et me forçais à me concentrer. Je pris une gorgée mais tout semblait peine perdue. La caféine avait cessé d'avoir de l'effet sur moi il y a bien longtemps et face à ma fatigue, rien ne semblait avoir de sens. Surtout pas ce dossier. 

On était jeudi. Dans une trentaine d'heure je serais en week-end. Mais en attendant mon cerveau me lâchait progressivement. 

Je savais qu'avec toute l'avance que j'avais réussi à prendre j'aurais pu faire au minimum une vraie pause mais je n'arrivais tout de même pas à me l'autoriser. J'étais la plus jeune avocate de ma boîte et je ne voulais rien laisser au hasard. J'avais sans cesse ce besoin de me surpasser et de prouver à tout le monde que j'étais à la hauteur.

La secrétaire frappa à ma porte. Elle entra doucement dans mon bureau et me demanda si elle me dérangeait. Je répondis avec un petit sourire par la négative et elle poursuivit : 
- Viviane m'a envoyé, apparemment le fils d'un gros client est en garde à vue. Il a besoin d'un avocat. 
- Elle a besoin de moi ? demandais-je surprise
La secrétaire hocha rapidement la tête. 
- Elle veut que tu t'en occupes. 
- Moi ? 
Nouveau hochement de tête. 
- Tu peux t'en occuper, oui ou non ? demanda-t-elle
Je regardais le dossier incomplet face à moi. 
- Je m'en occupe, lui assurais-je

En souriant, elle me dit qu'elle allait transmettre le message. Elle revint quelques minute plus tard avec toutes les informations dont j'avais besoin. Je pris mon manteau et mon sac et sortis sans tarder. Je pris la direction du poste de police et rencontra le client. Sans aucun doute, le portrait typique du gosse de riche pourri gâté qui profitait du fric de papa et se croyait tout permis. Aucune surprise là-dessus. Cela ne m'empêcha pas de faire ce que j'avais à faire. 

Face à ce gosse. Face au flic. Aucun de leurs regards ne semblaient me prendre au sérieux. J'en avais l'habitude. Ils ne voyaient généralement pas grand chose d'autre qu'un décolleté. J'avais finis par en jouer et je jubilais intérieurement à chaque fois qu'ils se rendait compte que je n'étais pas que ça. J'ouvrais la bouche et leurs regards changeaient. L'amusement disparaissait, du moins pour eux. 

Le grosse avait fini par être heureux de m'avoir de son coté. Pour moi, il n'était rien de plus qu'un défi à relever. Il n'était que mon moyen de prouver à Viviane qu'elle avait fait le bon choix en me confiant l'affaire. Sa reconnaissance signifiait tellement et il n'était pas question de la décevoir. 

En retournant au cabinet, je lui fis un court rapport. Elle me remercia et ajouta avec un sourire chaleureux : "Je savais que tu pouvais le faire. Continue comme ça Zoé, tu as un très bel avenir devant toi". Elle s'était détournée de son ordinateur semblait maintenant pensive. 

L'expression "une main de fer dans un gant de velours" n'avait jamais aussi bien correspondu à une personne. C'était elle qui m'avait engagé et qui était un des deux noms gravé en grand sur le bâtiment. Grande avocate, elle ne s'investissait plus que dans les affaires critiques depuis ses dernières années mais n'en restait pas moins impressionnante.

Elle se leva de dernière son bureau et s'approcha pour me faire face. Elle prit quelques secondes durant lesquelles elle ne fit que plonger son regard dans le mien. Elle semblait y chercher quelque chose, sans que je sache quoi. Mais j'eu l'impression que ce fut fructueux puisque qu'un sourire se dessina sur son visage. 

- Tu sais, commença-t-elle, tu me fais penser à moi quand j'avais ton âge. 
- Vraiment ? m'étonnais-je
Viviane hocha la tête. 
- Oui. Je vois bien comment certains de tes collègues ici te voient. La plupart te sous-estime, et ils ont bien tord. 
Je souriais doucement et continua de l'écouter alors qu'elle poursuivit. 
- On m'avait moi aussi sous-estimée à l'époque. Je m'étais jeté corps et âme dans mon travail et je n'ai laissé personne me marcher sur les pieds. Tu verras, un jour tout le travail que tu as fait jusqu'à présent portera ses fruits. J'y veillerais personnellement, ajouta Viviane avec un clin d'œil 

Je la remercia sincèrement et me retira pour retourner enfin à mon bureau. Mon ordinateur m'y attendait patiemment avec le dossier toujours manquant sa solution miracle. Je décidais d'envoyer un message à Nora. 

"Tu es dispo ?
Je suis dans une impasse
avec mon dossier, j'aurais
bien besoin de ta magie
ma chérie !"

Sa réponse ne tarda pas :
"J'arrive. Maman va
s'occuper de toi. "

Je souris à la lecture de sa réponse et l'attendis. Même ensemble, trouver la solution à ce problème nous avait prit le reste de la journée et la pile de livre que nous avions dû épluché n'avait fait que de s'agrandir. Mais au alentours de vingt-et-une heure, la belle rousse eut la révélation que nous espérions toutes les deux. J'appelais dans la foulée mon client et lui donna rendez-vous au cabinet pour le lendemain. 

Méritant toute les deux de rentrer chez nous, c'est ce que nous fîmes mais pas avant que j'envoie un message.

"Dispo ce soir et toi ?"

"Pareil. Je suis chez moi là,
d'ici une demi-heure ?"

"Ça marche"

Une fois dans mon appartement, je profitais du temps qu'il me restait pour mettre au point mes objectifs pour le lendemain et regarder quel rendez-vous j'avais déjà en plus de celui que je venais de me rajouter. Je me mis également à écrire quelques pistes concernant les affaires juste pour m'assurer de ne pas les oublier. Soudain, la sonnerie de l'interphone me surprit et me poussa à me lever de ma chaise pour décrocher le téléphone. 

- Oui ?
- Bonjour mademoiselle, police nationale, vous pouvez ouvrir ?
A travers l'image en noir et blanc, j'apercevais un homme, pas tout à fait la trentaine et portant un uniforme de police. Le visage fermé, il jeta un rapide coup d'œil à la caméra avant de regarder derrière lui, en direction de la rue.
- Oui, bien sûr, enchaînais-je poliment avant d'appuyer sur le bouton pour ouvrir la porte 

J'ouvris ma propre porte et attendis de voir l'officier apparaître quelques secondes plus tard dans les escaliers. Quand il fut face à moi, je demandais d'un ton concerné :
- Il y a un problème monsieur l'agent ?
L'air sérieux et me jaugeant de toute sa hauteur, il répliqua :
- Pas encore. Mais nous avons de fortes suspicions qu'une plainte va bientôt être porté à votre encontre.
Un sourire amusé apparu malgré moi sur mon visage. Je fis mon possible pour me reprendre en main rapidement et poursuivis :
- Vraiment ? Pour quel motif ? 

Le regard du policier se mit à parcourir mon corps et un sourire se dessina au coin de ses lèvres tandis qu'il annonça :
- Tapage nocturne.
Mes épaules retombèrent et je levais les yeux au ciel tandis que l'homme en uniforme face à moi semblait fier de ce qu'il venait de dire. 

- Sérieusement ? Cette blague ? Franchement Chris tu vaux mieux que ça.
- Aller Zo ! Admet qu'elle est bien !
- C'était même pas drôle la première fois que tu l'as faite, répliquais-je avec un petit air de défi
- Bien sûr que si. Elle est infatigable cette vanne.
Je le regardais avec de sérieux doutes ce qui sembla lui faire remettre en question sa phrase d'approche.
- Bon, OK. J'arrête avec les blagues, dit-il finalement, s'avouant vaincu. 

Un sourire victorieux aux lèvres, je rétorquais : 
- Bien. On va pouvoir passer aux choses sérieuses du coup.

Sur ce, je m'approchais de lui et mes mains se rejoignirent au niveau de sa nuque alors que j'approchais mon visage du sien. Souriant à nouveau, il se mit à m'embrasser en même temps qu'il referma la porte derrière lui. Il commença ensuite à déboutonner mon chemisier tandis que je le débarrassais de son uniforme. Ses mains descendirent ensuite le long de mon corps pour qu'il puisse me soulever, amenant son visage à la même hauteur que le mien. Mes jambes s'accrochèrent naturellement autour de sa taille alors que, toujours sans cesser de s'embrasser, il se dirigeait vers le lit. 

Il me posa sur la matelas et son corps se mit à recouvrir le mien tandis que les baisers s'enchaînaient et que nos vêtements disparaissaient. Nos respirations étaient devenues plus saccadées et des gémissements s'échappaient de nos lèvres tandis que le rythme s'accélérait. Toute la pression de la semaine s'évapora sous son toucher. C'était exactement ce dont j'avais besoin. 

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant