Chapitre 1

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Photo : Daniel Sharman pour Ludo

Je me laissais retomber contre le dossier de ma chaise dans un soupir bruyant. Je me passais doucement les mains sur mon visage pour essayer de réveiller celui-ci. Mes yeux se reportèrent à nouveau sur mon bureau recouvert de paperasse en tout genre. Je fermais le clapet de mon ordinateur portable et me mis à remettre tous ses papiers en ordre.  Continuant dans ma lancée, je me leva et remis le dossier une fois complet à sa place. Je jetais un coup d'œil à l'heure et fus heureuse de me rendre compte qu'il était seulement huit heure. 

Rassemblant le reste de mes affaires, je pensais également à mettre mon MacBook dans sa pochette puis dans mon sac à main. Je sortis de mon bureau et salua au passage les quelques collègues travaillant encore. 

Il était rare que je quitte aussi tôt et j'étais bien décidée à profiter de ma soirée. Je pris le métro sans pour autant prendre la direction de mon appartement. Même si les deux n'étaient pas si éloigné l'un de l'autre, ma deuxième option me garantissait au moins que je ne finirais pas avec un pot de glace devant un film. 

C'est avec un sourire malicieux aux lèvres que je franchissais les portes de l'établissement. Mon regard croisa celui du barman qui m'accueillit avec son adorable petit sourire maladroit. Il sembla s'être un peu trop distrait puisqu'il fit déborder le verre de bière qu'il était en train de remplir. L'habitué en face de lui en profita pour le charrier mais ne se fit pas prier pour récupérer la boisson. 

Pour ma part, je me dirigeais vers mon emplacement habituel, une banquette bien plus confortable que le reste des chaises et assez à l'écart pour pouvoir y tenir toutes sortes de conversations sans risquer d'y être entendue. 
- Zoé ! Je ne m'attendais pas à te voir ici ce soir, s'exclama Ludo le sourire toujours aux lèvres
- Que veux-tu ? J'aime surprendre, répliquais-je 

Il baissa la tête, riant doucement et acquiesça avant de me regarder à nouveau dans les yeux pour me poser la fameuse question : 
- Alors dis-moi, qu'est-ce que je te sers ?
- Un gin tonic, s'il te plaît, demandais-je 
- Ça marche, je te ramène ça tout de suite. 

Je le remerciais et le regarda retourner derrière le bar. Il ne tarda pas à être de retour avec ma boisson. Il s'installa en face de moi et, avec une expression énigmatique et les sourcils légèrement froncés il lança : 
- Alors, dit moi, c'est quoi la vrai raison de ta venue ? 
Machinalement mes doigts attrapèrent la paille plongé dans mon verre et se mirent à jouer avec sans pour autant que mon regard quitte le barman. 
- Je suis là pour célébrer, lui annonçais-je 
- Célébrer quoi ? Tu as gagné un procès ou un truc du genre ? 

Je secouais légèrement la tête et apporta quelques précisions. 
- Pas de procès non, mais ça faisait des semaines que je bossais en parallèle de mes affaires "classiques" sur du pro-bono. L'affaire en question n'est pas simple mais c'est l'occasion ou jamais pour moi de faire mes preuves et je crois enfin avoir trouvé comment je peux la gagnée. 

Mon sourire était fier. Je savais que j'avais travailler comme une dingue ses derniers mois, depuis que mon stage s'était terminé et que j'avais été officiellement engagée dans le cabinet. J'avais été obsédée par l'idée de faire mes preuves dès le début et pour l'instant ça m'avait plutôt bien réussi. Je m'étais même rajoutée du travail supplémentaire qui m'occupait tout mes week-ends.

- Encore une ? Tu ne t'arrêtes donc jamais ? plaisanta-t-il
- Si. Quand je viens te voir. 
Il ne parut pas convaincu. 
- Tu dis ça mais je suis sûre que si je m'éloigne ne serais-ce que deux minutes pour aller remplir le verre Michel, tu sortiras ton précieux ordinateur et te remettra à travailler. 

C'est exactement ce que j'avais prévu de faire. Je réussis à garder un visage neutre que quelques secondes avant de laisser échapper un petit rire qui lui donna raison. 
Il me pointa du doigt et enchaîna avec un "Tu vois ? Je le savais !" sans pour autant quitter son sourire. 
- Tu peux difficilement me juger, t'es là du soir au matin ! C'est à se demander si tu vis pas ici. 
Un petit mouvement de tête de sa part et son éternel sourire avaient admis pour lui que je marquais à mon tour un point. 

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant