Si sûre d'elle

Chapitre 9

Je me sentais nulle et malade. J'aurais dû m'écouter et rester loin de tout ce qui était alcoolisée. J'essayais tout de même de comprendre comment j'étais passé de cet état d'esprit à "Ah tiens, j'ai une idée : allons au bar !".  A vrai dire ce n'étais pas la seule chose qui était devenue confus. 

Mes souvenirs de la veille ne se constituaient que de morceaux. Hélas, plus les souvenirs étaient tardifs, moins ils étaient flatteurs. Il était certain que j'allais devoir m'excuser la prochaine fois que j'y retournerais. M'excuser et peut-être même m'expliquer. 

Il était vrai que ce n'était pas la première fois que Ludo s'était retrouvé à me ramasser à la petite cuillère mais je n'aimais pas le mettre dans cette situation pour autant. 

Me tournant dans mon lit, je finis par me décider à me lever pour aller prendre une aspirine. Mais quelque chose de suspect attira mon attention sur ma table, du moins assez pour me faire faire le détour.

Avec regret, j'allumais la lumière et en même temps que je m'éblouissais et empirais mon mal de tête, je découvrais un petit déjeuner accompagné d'un post-it. 

Je sais, ce n'est techniquement pas autorisé par le contrat mais tu en as visiblement besoin. J'ai dû rentrer chez moi pour régler quelques bricoles mais je peux passer ce soir si tu en as envie. 
Chris.

 Je souriais mais ne pouvait m'empêcher de me sentir encore plus mal. Il fallait vraiment que je me reprenne en main avant de faire paniquer tout mon entourage. 

Et pour ça je suppose qu'il n'y avait rien de mieux que de combattre le mal par le mal. 

Mais ma croisade allait devoir attendre. Un cachet d'aspirine attendait à coté d'un verre de jus d'orange, je l'avalais sans attendre et pris la tasse vide pour la remplir de café. Une fois mon petit déjeuner terminé, je pris encore quelques instants le temps que mes maux de têtes diminuent et sortis les divers dossiers que j'allais devoir traiter demain.  

Je me mettais au boulot jusqu'à ce que je n'en puisse plus et pris une longue pause sous l'eau chaude de la douche. Une serviette enroulée autour de ma poitrine, j'en ressortais requinquée. Je m'habillais et mis un plat à réchauffer au micro-onde en guise de repas. 

Je n'avais jamais été bonne cuisinière. Il faut dire je ne n'avais jamais appris ou même essayer d'apprendre et ce, au grand désespoir de ma mère qui pensait toujours que le meilleur chemin pour obtenir le cœur d'un homme était par son estomac. Elle avait réussi à transmettre la plupart de ses savoirs à ma sœur aînée mais avait toujours échoué à obtenir mon attention sur le sujet. En y repensant, si ma mère appréciait autant Sam c'était peut-être en partie parce qu'il était un excellent cuisinier. A défaut d'avoir une fille dont on peut être fier, un gendre peut tout aussi bien faire l'affaire. Peu importe si celle-ci a accomplie ses rêves, aussi ambitieux qu'ils avaient pu être. 

Une serviette toujours enroulée autour de ma poitrine en guise de vêtement, je me mis à fixer mon téléphone comme s'il était supposé m'apporter toute les réponses aux questions que je me posais. Je m'étais complètement laisser dépasser par une situation parce que je n'y avais pas été préparée. Et je me prépare toujours pour tout.

C'est pour ça qu'il faut que je prenne les devants pour éviter que ça arrive à nouveau. Je m'approchais doucement du smartphone et le prit délicatement en main avant de le déverrouiller. Je cherchais le nom de Sam et, après une courte hésitation, me décidais enfin à lancer l'appel. 

La première sonnerie fit monter à la fois mes doutes et mon stress, mais tout ça était attendu et je ne pouvais pas me permettre d'utiliser la moindre excuse pour retourner en arrière. 

Deuxième sonnerie. J'essayais de m'asseoir sur la chaise la plus proche mais me relevais aussitôt en sentant l'envie de faire les cent pas. 

Troisième sonn-.
- Allô ? 
- Hey, Sam. 
- Zoé ? 
- En chair et en os. Enfin, plus ou moins. 

Il eut un petit rire qui fut assez contagieux pour qu'un sourire se dessine à son tour sur mon visage. Il ne répondit cependant pas immédiatement, et laissa quelques secondes de silence avant d'enchaîner : 
- Tu va bien ? 
- Ça va. C'est un peu étrange comme week-end, c'est tout. 
- Je crois savoir de quoi tu parles, répliqua-t-il probablement en souriant

Nouveau silence. Mais il n'y avait rien d'embarrassant dans ceux-ci. Au contraire, l'un comme l'autre savait ce que cela signifiait et réussissait à comprendre ce que l'autre essayait de dire sans pour autant prononcé un mot. 

- Ecoute, je sais que ce n'était pas complètement juste de ma part de m'être invité à ton repas avec Lisa. Je me doute que tu aurais probablement aimé avoir au moins été prévenue à l'avance. 
- D'après ce que j'ai compris c'était plus moi qui, en annulant mon rendez-vous de la vieille, me suis invité à ton repas, répliquais-je avec un petit rire
- Pas faux. Tu aurais pu me prévenir. Tu imagines le choc pour moi ? se moqua-t-il 
- Oh, c'est vrai. Je suis vraiment désolée, t'infliger ma présence sans avertissement à vraiment dû être une épreuve pour toi ! rétorquais-je aussitôt d'une voix faussement désolée mais surtout amusé
- Voilà. J'aime mieux ça ! conclu-t-il en riant

Quand l'écho de nos rire s'arrêta, je tentais de retrouver un peu de sérieux et demanda : 
- Et si tu me laissais me rattraper ? 
- Comment ça ? 
- Si cette fois-ci, on se prévenait avant d'aller manger ?
- Je t'écoute. 

Je pris un peu de courage, quittant le ton un peu taquin que j'avais jusqu'à présent et me lança :
- On va pas se mentir, c'était bizarre de se retrouver comme ça après tout ce temps. J'ai pas l'impression qu'on ait vraiment bien eu l'occasion de discuter. Je pense que ce serait dans notre intérêt à tous qu'on soit capable de s'asseoir l'un en face de l'autre sans mettre les personnes autour de nous mal à l'aise. Peut-être même être capable de retrouver un semblant d'amitié. Enfin bref, qu'est-ce que tu en penses ? 
Après un court silence, il répondit d'une voix qui semblait très sincère. 
- Je pense que c'est une excellente idée. 

En hochant doucement la tête, j'ouvris mon calendrier sur mon ordinateur et regardais les rendez-vous que j'avais durant la semaine. 
- Super. Mercredi soir ça te va ? 
- Parfait. 
- On se dit 20h ? Je pense pas pouvoir quitter plus tôt. 
- Va pour 20h. 
- Ça marche. A mercredi alors. 
- A mercredi. 

Sur ce, je raccrochais. Un semblant de fierté semblait m'envahir. J'étais contente de la manière dont j'avais réussit à gérer cet appel. Mais un coup de fil était toujours plus facile que d'avoir la personne en question en face. La question serait désormais : est-ce que je serais capable de garder le même sang-froid mercredi ? Parce que cette conversation durera définitivement plus de cinq minutes.

Peu importe. Ce sera un problème pour un autre jour. Mais Sam n'était pas la seule personne avec qui j'avais des choses à régler. J'irai demain m'excuser auprès de Ludo. Le connaissant il a déjà oublié mais ça me semblait tout de même important. 

Je décidais d'aller enfin m'habiller et mis un peu d'ordre dans mon appartement, chose que je n'avais pas fait depuis bien trop longtemps. Ma vaisselle c'était empilée dans mon évier et des vêtements traînaient un peu partout. Je devrais théoriquement passer l'aspirateur mais mon mal de tête était pour l'instant comme en pause et je craignais de le faire revenir. Ça ou peut-être que c'était juste l'excuse avec laquelle j'avais réussir à me convaincre. 

 Je fis une pause après avoir fait le strict minimum et me mit devant la télé, me donnant une heure avant de me remettre à travailler. Je me donnais également le reste de la journée pour me remettre de ma soirée de la veille et avancer au maximum sur ce que j'allais devoir faire demain. Je m'étais décidée à ne pas appeler Chris pour lui demander de venir. Je l'avais évidemment remercié pour le petit déjeuner qu'il m'avait préparé ce matin mais aujourd'hui la solitude ne me faisait pas peur, au contraire. 

J'allais tout simplement m'occuper de moi et faire ce qui me tenait à cœur car cette semaine allait s'annoncer mouvementé.