Chapitre 21

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Mes paupières, encore lourdes, s'ouvrirent doucement. Et bien que je ne fusse toujours pas pleinement consciente, plusieurs choses me semblaient étranges. Premièrement, un bras entourait ma taille, ce qui n'était pas courant même quand je ne passais pas ma nuit seule. Chris n'avait jamais été du genre trop tactile durant la nuit et pour le coup cela ne me dérangeait pas. Ce qui continuait de me donner raison était que je ne reconnaissais pas les meubles qui m'entouraient. La pièce se distinguait pourtant dans l'obscurité à peine brisé par quelques rayons du soleil qui traversaient les volets.

Puis les souvenirs me revirent. Le travail, l'alcool, Sam.

Sam. Une part de moi n'arrivais pas à y croire. Un mélange étrange de nostalgie, de regrets, de culpabilité mais surtout de bonheur m'emplit. J'avais besoin de vérifier. De m'assurer que les flashs troubles de la veille n'étaient pas ma propre invention.

Je me retournais donc, causant un grognement de la part de l'homme endormi. Lui faisant enfin face, je me mis à observer avec attention chaque détail de son visage. Celui-ci avait dû légèrement s'amincir alors que le reste de ses muscles s'étaient développés. Il semblait apaisé. Les yeux encore fermés, il avait presque l'air plus jeune.

Je levais délicatement une main et tenta de repousser la mèche de cheveux qui tombait sur sa paupière. Mais celle-ci retomba quasi-immédiatement ce qui le chatouilla et le fit grimacer. J'échappais un petit rire et mon souffle souleva une fois de plus la mèche rebelle.

Cette fois-ci, ses yeux commencèrent à s'entrouvrir. La main posée contre ma propre bouche, j'essayais de m'empêcher de rire à nouveau et de le réveiller. Mais cela ne suffit pas.
- J'y crois pas, marmonna Sam faussement grognon, tu recommences.
- De quoi tu parles ? répondis-je d'une voix qui se voulait la plus innocente possible
- A faire de moi ta poupée quand je suis endormi.
- Mais non, tu exagères enfin.

Il fit un effort pour ouvrir correctement les deux yeux et me regarda d'un air suspect.
- Donc si je vais dans la salle de bain, je ne vais pas découvrir deux petits chignons sur le haut de mon crâne ?
Ah, j'avais oublié celle-là. Cette belle époque où je faisais preuve d'une dextérité quasi-chirurgicale quand une telle opportunité se présentait. Il faut croire que j'avais pourtant laissé quelques traumatismes sur mon passage.
- Non pas cette fois, promis, répliquais-je en riant.

Par sécurité, il passa tout de même la main dans ses cheveux pour s'assurer que tout était en ordre. Il sembla rassurer et se laissa retomber sur l'oreiller, son regard amusé toujours fixé sur moi.
- Alors, si tu ne me transformais pas en tête à coiffée, qu'est-ce que tu faisais ?
- Je te regardais. Tout ce qui avait changé chez toi et ce qui au contraire, était resté pareil, expliquais-je, jouant la carte de l'honnêteté

Sam ne répondit pas. Il sourit, presque tristement avant de se lancer lui-même dans une contemplation de mon visage.
- J'ai l'impression que tu n'as pas changé du tout. Physiquement je veux dire. Tu es toujours aussi belle que dans mes souvenirs, peut-être même plus. Les seules différences que je vois sont dans ton comportement, dans ta manière de parler, de t'habiller. Quand on s'est séparé tu étais encore qu'une étudiante et maintenant tu es ...
- Adulte ?

Il hocha silencieusement la tête. Pensif, il ajouta tout de même :
- C'est fou comme le monde du travail peut nous changer. Un jour on est des gamins insouciants, le lendemain des adultes plein de responsabilités.
Alors que j'étais en train d'imiter sa dernière réponse, une connexion se fit enfin dans mon cerveau et je réalisais :
- Merde ! Le boulot !

Aussitôt, je sautais du lit. Balançant accidentellement la couverture sur la tête de Sam, je me mettais à la recherche d'un réveil ou de mon portable, n'importe quoi capable de m'indiquer l'heure. Je tombais sur la montre de Sam, posé sur ma table de nuit et réalisais avec effroi qu'il était déjà presque neuf heures.

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant