Chapitre 7

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Photo : Théo James pour Jérémy

Le repas terminé, Sam nous avait dit au revoir et s'était rendu dans le petit appartement qu'il louait le temps de son séjour. Pour ma part, j'étais restée avec Lisa et Jérémy jusqu'à ce qu'il fut temps pour eux de prendre leur avion. 

Mon esprit était confus. Le moins que l'on puisse dire et que je ne m'attendais pas à revoir Sam aujourd'hui. J'avais cette impression d'avoir essayé de passer ses dernières années à tout faire pour l'oublier et je ne me rendais compte que maintenant que le travail effectué était misérable. 

Il est évident que quand une personne à réellement compté pour nous, cela ne sert à rien d'essayer d'effacer le moindre souvenir du temps passé ensemble. Ce n'était pas ce que j'avais essayé de faire, non. Ce que j'avais voulu faire, c'était arrêter de l'avoir continuellement dans mes pensées. C'était d'arrêter de m'attendre à voir son nom affiché sur l'écran de mon téléphone. C'était d'arrêter de me dire qu'il allait revenir. Parce qu'il n'était jamais revenu. 

Assise sur le rebord de mon lit, entourée de mon sac et de ma veste négligemment jeté sur le drap, je continuais de me perdre dans mes pensées. 

De là où je me tenais, j'avais vu sur le canapé que nous étions allé choisir ensemble. Et soudain, ce fut comme si tout mon appartement s'était retrouvé plongé trois ans auparavant. Je revoyais au mur, mon ancienne peinture défraîchit. Je revoyais ses habits et les miens serrés dans l'armoire trop petite pour deux personnes. Je revoyais nos photos accrochées au-dessus de la télé et celle posé sur ma table de nuit. Je revoyais ses stupides figurines Star Wars dont il ne voulait pas se débarrasser. Je revoyais sa console et la pile de jeu vidéo qui trônait toujours à coté.

Tout ce que je redoutais était en train d'arriver. Il avait fallu d'une seule rencontre pour qu'il reprenne place dans mes pensées. Une seule. 

Je pris une grande inspiration et fermais les yeux pour effacer l'image nostalgique qui était apparu devant moi et fis mon possible pour faire sortir toutes mes pensées indésirables à mesure que j'expirais. 

Je me répétais que j'étais heureuse pour lui. Qu'Alice était sans aucun doute une fille très bien et que je leur souhaitais tout le bonheur du monde. J'avais eu pour ma part, le temps de faire mon deuil. Et même si de mon coté j'étais toujours hésitante sur le plan sentimentale, je m'épanouissais sur le plan professionnel. 

Je n'avais aucun regret sur la vie que j'avais décidé de mener après ma rupture. Certes, j'avais eu mon quota de haut et de bas mais je ne m'étais jamais laissé abattre.

Ce que j'avais réellement besoin pour le moment était d'un peu de compagnie. Et à défaut, d'une bonne distraction.

J'aurais voulu aller voir Ludo au bar et vider ce que j'avais sur le cœur autour d'un verre. Son petit sourire timide m'aurait pour sûr fait du bien. Sauf qu'on était samedi. Le bar était la plupart du temps tranquille -parfois un peu trop au goût du barman- mais il réussissait en général à se rattraper durant les week-ends. Son chiffre d'affaire reposait uniquement là-dessus certains mois. Je n'allais pas le déranger avec mes problèmes. Pas ce soir. 

De plus, Ludo pouvait parfois se révéler un peu trop perspicace. Je ne comptais plus le nombre de fois où je m'étais rendu là-bas pour me changer les idées et avais finit par me faire avoir par les talents d'observateur du jeune homme. 

Je suppose qu'il y aurait un moyen de mélanger compagnie et distraction. Il me suffit de quelques lettres pianoté sur le clavier de mon téléphone et de quelques secondes d'attente avant d'avoir ma réponse : 
"Libre ce soir ?"

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant