Chapitre 18

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Les semaines étaient passées à une vitesse folle et le jour J arriva. Je pris le train et dû faire trois changements avant d'arrivé à la gare la plus proche de la petite ville de campagne dans laquelle le militaire avait élu domicile. Seulement en plein préparatif, les futures mariés ne purent ni l'un ni l'autre faire le déplacement pour venir me chercher. Ce fut donc le père de Lisa et sa compagne qui virent me récupérer. Cela faisait des années que je ne l'avais plus vu, mais j'avais toujours apprécié cet homme et sa patience infini. Militaire lui aussi, comme l'avait été le père de Jérémy avant sa mort, il avait beau avoir une carrure imposante je n'avais jamais réussi à le voir comme autre chose qu'un gros nounours.

Durant le trajet jusqu'à l'hôtel dans lequel je séjournais et où la réception se tiendrait en fin d'après-midi, nous nous mîmes à bavarder de tout et de rien mais surtout d'où la vie nous avait mené respectivement. Je dois dire que ma version fut plutôt courte : étude, séparation, boulot. William fut compréhensif et se chargea de parler à ma place, m'assurant que le célibat n'était pas une fin en soit. Il avait lui-même été seul avec sa fille pendant des années avant de retrouver quelqu'un et il termina en me disant que « comme toutes les bonnes choses dans la vie, l'âme sœur aime prendre son temps. Le tout c'est de ne pas le ou la louper quand il ou elle passe ». Une part de moi voulu demander que faire si on l'avait déjà laissé partir. Mais je n'en n'étais pas sûr. Je n'étais sûre de rien.

Je le remercia pour le trajet et sortie de la voiture une fois à destination. Je donnais mon nom à l'accueil et monta dans ma chambre pour profiter d'une bonne douche bien chaude avant de passer le reste de l'après-midi à me préparer.

Je dois avouer que c'était un moment que j'affectionnais tout particulièrement sans pour autant pouvoir en profiter de manière régulière. Pouvoir se pomponner, prendre tout son temps pour faire des masques sur son visage, ses cheveux, se vernir les ongles des pieds qui contrairement à ceux de mes mains ne s'approchaient pas de l'esthéticienne. Tous ses petits rituels me firent complètement oublier l'heure qui tournait. Mais étant déjà sur place, je m'autorisais un petit retard. Je pris donc mon temps pour me maquiller, ajoutant un far à paupière et un trait d'eye-liner plus défini à ma routine habituelle, choisissant donc un ton plus neutre pour le rouge à lèvre. J'enfilais ma robe rouge et senti le tissu glisser sur mes jambes fraîchement épilés. Mes talons aussitôt mit, je sentis ma perception de la pièce changer. « C'est vrai, c'est comme ça que les gens voient en général. Tout semble plus bas. » pensais-je avec un petit sourire au coin des lèvres. J'attrapais ma pochette et sortie de la chambre, la refermant derrière moi et rangeant précieusement la carte magnétique.

Je montais dans une des nombreuses voitures qui partait de l'hôtel pour la mairie. Je ne connaissais pas ni le conducteur ni aucun des passagers mais l'uniforme de militaire me mit sur la voie qu'ils devaient être du coté du futur marié. Ils semblaient tous être d'humeur à rire et j'en appris plus sur Jérémy que je ne l'aurait cru possible en dix minutes de trajet. Leurs anecdotes montraient une part de lui que je ne connaissais pas et dont même Lisa devait être dans l'ombre ce qui me poussait à penser que la soirée allait être riche en révélations.

Les gens semblaient s'agglutiner sur le parking et je me mis à chercher désespérément des visages familiers dans la foule. Je tombais avec bonheur sur celui de ma meilleure amie et mémorisais sa position pour foncer droit vers elle à peine la voiture garé. Je remerciais tout de même les garçons et leurs promis de les retrouver plus tard et leurs raconter mes propres histoires sur Jer.

Lisa portait une robe d'été longue et fleurie qui lui allait à merveille. Elle avait laissé ses cheveux naturellement bouclés tomber sur ses épaules et avait enfin réussi à se débarrasser de ses éternelles baskets au profit de sandalettes. Ce n'était toujours pas des talons mais déjà un vrai progrès. Je lui sautais dans les bras sans même attendre qu'elle réalise qui lui fonçait dessus. Elle éclata tout de même de rire et resserra son étreinte.

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant