Chapitre 26

187 26 15
                                    

Je faisais désormais les cents pas dans mon appartement. Mes ongles portés à ma bouche, je ruinais sans ménagement ma manicure, reprenant la mauvaise habitude que j'avais pourtant cru avoir réussi à me débarrasser.

Ironie, quand tu nous tiens...

Je relisais un énième fois le message de Sam, reçu il y a pourtant que quelques minutes. "J'arrive"

Évidemment, quand je n'étais pas en train de massacrer mes ongles ou de vérifier mon portable, je devenais obsédée par mon reflet dans la glace. J'essayais de faire mon possible pour qu'il ne remarque pas que j'avais fait des efforts. Après tout il venait pour discuter, rien d'autre.

Je lui avais dit de venir ici parce que je me voyais mal avoir cette discussion sur notre relation, sur son passé en public. Cependant, une part de moi rétorquait que j'aurais pu trouver un endroit plus neutre que notre tout premier appartement ensemble pour le faire. 

Je détestais qu'à chaque fois que Sam arrivait, cet appartement, mon appartement, cessait de m'appartenir. Comme s'il n'avait fait que d'attendre son retour. 

C'est dans un soupir frustré que je me dirigeais vers la cuisine. Je pris un grand verre que je remplis d'eau et bu d'une seule traite. Je le posais ensuite dans l'évier et me mis à attendre, avec l'étrange espoir que cela puisse m'aider à calmer mes nerfs. 

Je voulais avoir l'esprit clair pour ça. Je n'arrivais toujours pas à croire que j'allais enfin connaître la vérité. 

Toc, toc, toc.

Le bruit sourd des coups contre le bois me surprit. Avec une grande inspiration, je me dirigeais pour aller ouvrir.
- Sam.
- Hey, tu croiras jamais ce qu'il vient de m'arriver. La vieille dame du rez-de-chaussée m'a vu alors que j'allais sonner. Elle m'a ouvert en me demandant si j'avais perdu mes clés, expliqua-t-il en riant

Mon accumulation de stress depuis ce matin me fis me retrouver quelques peu désarçonnée par sa légèreté.
- Sacré perte de clé, répliquais-je un peu absente
- M'en parle pas. Et sinon, toi ça va ? Tu fais une drôle de tête. Tu supportes plus l'air de la ville maintenant, c'est ça ? s'amusa-t-il en refermant la porte derrière lui

Il s'était approché et était désormais à un mètre de moi, un air malicieux sur son visage. Je fis un pas en arrière, essayant de lui rappeler la nature de cet échange.
- Ça va. Juste un mélange de nervosité et d'impatience. 
- C'est moi qui te rend nerveuse ? demanda-t-il intrigué avec un sourire en coin
- Ce que tu t'apprêtes à me raconter. 

Il eut un grand hochement de tête solennel, se moquant presque de la situation qui me mettait moi dans tous mes états.
- Tu veux donc directement passé à l'étape du récit sombre, tragique et plein de mauvaises décision ?
- Je veux la vérité Sam... 

Il franchit pourtant la distance nous séparant avec un sourire espiègle aux lèvres et me souleva avant de tournoyer sur lui-même.
- Allez Zo'... on vient de se retrouver. Laisse-nous avoir au moins une journée pour être à nouveau nous. 
Dans ses bras, ça avait toujours été plus dur de lutter. Mais pas d'excuses pour cette fois.
- On a déjà eu une nuit. Et j'ai besoin de faire ça avant qu'on puisse être à nouveau "nous".

Il eu un petit soupir de frustration avant d'acquiescer doucement. Cet acte de compréhension semblait lui coûter. Il finit par me lâcher, mimant tragiquement les yeux fermés une tragique séparation digne des plus grand film hollywoodien. Il faut dire qu'il avait toujours eu ce petit côté drama-queen. 

Après avoir reculé de deux mètres, j'attendis qu'il arrête son show. Quand son regard croisa à nouveau le mien ses épaules retombèrent dans un nouveau soupir. 
- Alors quoi, chacun à un coin de l'appart et je te crie l'histoire ?
- Non, toi sur le fauteuil et moi sur le canapé devrait suffire, répliquais-je en croisant les bras
Il attendit quelques secondes, visiblement perplexe, avant de répondre :
- Quoi ? Sérieusement ?

Si sûre d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant