A mon réveil, je me forçais à être réactive sans prêter attention à la lourdeur de mes paupières. Je réduisais au silence l'alarme avant qu'elle ne réveille le comateux sur mon canapé et me préparais sans faire de bruit. Je laissais tout de même un mot sur la table face à lui :
" Je suis partie au boulot mais fait comme chez toi, tout est toujours au même endroit de toute façon. L'aspirine aussi. S'il te plaît ne te sauve pas, il faut qu'on parle.
PS : Tu peux utiliser mon compte Netflix mais touche pas à mes séries en cours. Crois-moi, je le saurais. "
Au boulot, ma fatigue ne passa pas vraiment inaperçu puisque je m'étais retrouvé à bâiller à de nombreuses reprises sans réussir à le contenir. La belle rousse tenta de me faire cracher le morceau durant notre repas de midi mais n'y parvient pas. Devant son insistance, je lui menti et lui dit que j'avais eu un rendez-vous la veille. Et même si elle fut suspicieuse au début, elle sembla s'en contenter et enchaîna en me parlant d'un restaurant qui venait d'ouvrir à quelques rues d'ici et qu'il fallait à tout prix que l'on essaye.
Je réussis à boucler deux dossiers et à en accepter un autre malgré tout. Cependant, je ne fis pas grand chose de plus pour éviter de finir trop tard sachant qu'on m'attendait. Le sentiment à lui seul était étrange après tant de temps à rentrer dans un appartement vide. D'autant plus que la vision qui s'offrait à moi en poussant la porte ne semblait être rien d'autre qu'un souvenir venu droit du passé.
Allongé de tout son long sur le canapé, ses yeux étaient à nouveau plus vif et ses cheveux n'étaient plus en bataille comme la veille mais paraissaient avoir vu récemment un sèche-cheveux de près. Son sourire était doux, comme conscient du bizarre de la situation pour nous deux.
La télécommande en main, il désigna la télévision qui passait un programme qui m'était inconnu.
- J'arrive pas à croire que tu regardes Riverdale.
Je posais mes clés et mon sac et me retournais en croisant les bras, prête à me justifier.
- C'est très bien pour se changer les idées.
Ne paraissant vraiment pas convaincu, son petit sourire en coin moqueur s'agrandit mais il n'ajouta rien.- Tu me fais une place ? demandais-je doucement
Il hocha doucement la tête et s'assit correctement, libérant ainsi plus de la moitié du canapé. Il m'observa silencieusement m'installer et patienta le temps que je mette mes idées au clair. Je replaçais une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et lui demanda lentement :
- Sam, qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?Il eut un rire nerveux avant de se passer les mains sur le visage tout en se laissant retomber contre le dossier du canapé.
- Pour être honnête tu auras probablement plus de réponses à cette question que moi. La soirée d'hier est pas mal flou.
- Tout ce que je peux te dire c'est que tu m'as appelé à 2h du matin pour venir te chercher au poste. Une chance pour toi que Chris ait été là.Il soupira lourdement, intégrant les informations à son rythme. Puis, tout en reposant ses mains sur ses cuisses il marmonna :
- Ton copain à dû adorer ça.
- C'est pas mon ... peu importe. Sam, je m'inquiète pour toi. Ce qui c'est passé hier soir ça ne te ressemble pas.
Il respira profondément, l'air toujours pensif. Quand ses yeux croisèrent les miens, je cru même y décelé un peu de honte.
- Je sais. J'ai merdé. J'en avais juste marre qu'on me culpabilise sans arrêt.
- De quoi tu parles ? demandais-je les sourcils froncésLe brun ne répondit pas tout de suite, le regard fixé sur ses propres mains. Quand il parla à nouveau, sa voix était basse.
- Disons que j'ai eu le droit à un conversation plutôt sympathique avec mes parents hier soir. Ils n'étaient pas au courant que le mariage est annulé.
Il se racla la gorge, visiblement mal à l'aise avec le sujet de conversation. Mais ma curiosité l'emporta sur mon empathie.
- Ils l'ont si mal pris ? Je sais que je ne connais pas si bien tes parents mais je les vois mal remuer le couteau dans la plaie dans un moment aussi difficile...
Sur son visage marqué par la douleur, un sourire suivit d'un rire qui sonnait tout aussi faux apparu.
- Oh tu crois ? Alors voyons ... Ma mère a commencé par pleurer, me demandant encore et encore pourquoi je l'avais laissé partir. Comme si j'étais l'unique responsable et que je venais de ruiner tout mon avenir.
Reprenant son souffle, il ferma brièvement les yeux se donnant quelques secondes pour obtenir le courage suffisant pour en venir à la partie la plus difficile.
- Puis ça a été le tour de mon père de récupérer le téléphone. Il m'a dit qu'il n'était pas surpris. Que j'étais un raté incapable d'aller au bout des choses, qu'il avait toujours su que je foutrais tout en l'air. Il a ensuite ajouté qu'Alice avait toujours été beaucoup trop bien pour moi et j'ai craqué et raccroché alors qu'il en venait à la partie ou il était content qu'elle se soit rendu compte du bon à rien que j'était avant que je ruine sa vie.Sam se tourna vers moi, me défiant du regard mais cette fois ça n'avait plus rien d'un jeu. Ses yeux étaient sombre et son unique but semblait être de me prouver à quel point je m'étais trompée. Ce que je réalisais plutôt brutalement.
Franchissant la distance sécurisante entre nous, j'attirais son imposante carrure contre mon corps frêle et l'enveloppais de mes bras. Murmurant des paroles d'excuses pour ce qu'il avait entendu, je le sentis progressivement s'abandonner à l'étreinte et ses mains se posèrent dans le bas de mon dos alors qu'il tarda pas à être secoué par des sanglots.
- Je veux pas être comme lui, je ne voulais pas me mettre dans cet état je te le jure Zo' ... mais tout s'effondre autour de moi et je voulais juste que ça s'arrête. Que ça s'arrête, juste le temps d'une soirée ...
Je le serrais un peu plus fort contre moi, laissant une de mes mains s'aventurer dans ses cheveux pour qu'il sente davantage ma présence.
- Chuut ... Tout va bien. Tu es avec moi maintenant, et tu vois ? Rien ne s'effondre.Il se détacha de moi et secoua la tête.
- C'est pas vrai. Je t'ai bousillé ta nuit, probablement foutu la merde entre toi et ton copain sans compter le fait que tu te retrouves à m'écouter parler d'Alice. Et vu notre passé, ça doit être tout sauf facile pour toi.
Du bout de mes pouces, je me mis à essuyer les larmes qui continuaient de couler le long de son visage rougit tout en lui murmurant son front posé contre le mien :
- Ne te préoccupe pas de moi. C'est pour toi que je m'inquiète Sam et si tu as besoin de parler, fait-le. Je peux encaisser.Bien que je n'étais pas sûre de ma dernière affirmation, je voulais vraiment y croire. Je n'étais plus la jeune fille insouciante, aveuglée par un espoir vain que j'étais au moment de notre rupture. Même si je continuais d'espérer être aussi forte que je l'avançais.
- Et si je n'ai pas envie de parler ?
Sa voix était plus rauque désormais. Son ton était plus bas, ses yeux à nouveau ouverts s'étaient posés sur mes lèvres, changeant complètement la dynamique de la conversation.- Sam ... non ... crois-moi ça ne serait en rien une solution ...
Il se reprit et s'éloigna pour de bon cette fois-ci.
- C'est vrai. T'as raison. Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
Se débarrassant des dernières larmes qui avaient déjà commencé à sécher sur ses joues, il se leva comme si cette nouvelle posture pouvait effacer ses dix dernières secondes.Son regard commença à errer partout dans l'appartement tout en prenant soin de m'éviter. Sa respiration était toujours lourde mais il semblait faire un effort surhumain pour la faire revenir à la normal . Il clignait beaucoup trop des yeux et ses sourcils ne cessaient de se froncer.
- Je devrais y aller ... Je vais y aller. Toi, ... cet appart, c'est beaucoup trop de souvenir. C'est ... Je suis désolé.
Et, avant de me laisser trouver les mots pour lui répondre, il me tourna le dos et disparu dans un claquement de porte.J'aurais voulu le rattraper et le rassurer. Seulement, je me retrouvais incapable de bouger ou comprendre où avait été mon erreur. Mon cerveau semblait avoir bloqué sur les quelques secondes où nos visages avaient retrouvé cette proximité si familière et où j'avais pu sentir son souffle et capter l'odeur du gel douche qu'il avait utilisé. Je me félicitais tout de même de n'avoir pas céder. La dernière chose dont j'avais besoin était de le laisser m'utiliser pour se remettre de son ex-fiancé. Le cœur brisé était garantie.
J'avais définitivement besoin d'un verre. Et je savais exactement où j'allais aller le prendre.
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Si sûre d'elle
RomanceNouveau Départ - Spin-off/ Tome 2 Zoé Launier a toujours été une femme déterminée. En couple depuis le lycée avec son meilleur ami, elle s'est pourtant retrouvée le cœur brisé alors qu'elle terminait ses études de droit. Aujourd'hui, elle est une a...