2

306 9 2
                                    

Ma copine mange avec moi ce midi, on profite de l'absence d'Olivier, c'est toujours ça de prit. Pas de pizza aujourd'hui, on opte pour un morceau de pain en vitesse et une petite séance de câlins avant de repartir en cours. Je lui ai sorti une brosse à dent, on partage le même verre, la sensation d'être un petit couple vivant ensemble me reprend. Sur le chemin du lycée, elle me demande si ma mère est au courant des derniers événements, je me doute que oui, ce qui est bizarre c'est qu'elle ne m'a pas appelée ni même envoyé un message pour que j'essaye de ramener mon frère à la raison, elle doit vouloir s'occuper de ça elle même et si c'est le cas, ça va chauffer pour ce pauvre Olive. Elle me rétorque que lui et Sophie l'auront bien cherché, je ne peux qu'être d'accord avec elle. Elle me dit aussi qu'elle espère que cette histoire n'aura pas d'impact sur la notre, je ne vois pas comment cela pourrait être possible. Nous en discutons avec l'autre couple de la classe, ayant décidé de ne plus en faire une affaire privée, j'aimerais aussi avoir leur avis. Clément me demande s'il veut qu'il passe chez Enzo, car ils ne peuvent être que là, pour tenter de raisonner mon frère, je lui dis que ce n'est pas la peine, je vais laisser les choses suivre leur cours et voir comment ma mère va se débrouiller, en priant pour qu'elle aille travailler demain mais je sais que même si un ouragan passait à l'heure où elle part, elle irait quand même au boulot. Le midi comme à la pause, Sophie et Olivier sont notre principal sujet de conversation. Je pense que nous sommes les seuls du bahut à connaître le projet du couple, à savoir arrêter le lycée, je me demande ce que les parents de Sophie en pensent. Son père n'est pas un tendre, s'il avait vent de cette histoire, il débarquerait sans se faire prier chez les geeks et reprendrait sa fille de force, tant pis pour quiconque s'interposerait. Je trouve étrange aussi que depuis hier, aucun prof ne nous a demandé si quelqu'un avait des nouvelles de l'absente. Tandis que je me fais cette réflexion, les cours reprennent. Le soir nous laissons Amélie et Clément en amoureux près de l'arrêt de bus et nous nous hâtons de rentrer pour profiter de l'appartement le temps qu'il est calme. C'est presque devenu notre routine, sortir du lycée et marcher rapidement sans détour jusqu'à la maison, midi et soir, pour profiter au maximum d'être seules toutes les deux. Seulement ce soir, on a beau être rapide, ma mère est déjà rentrée. Je capte la voiture sur le parking, en fais part à Kamille qui me dit que je dois me tromper mais elle est bien obligée de se rendre à l'évidence quand elle entend ma mère crier sur je ne sais quoi alors que nous ne sommes même pas à l'intérieur. Je vois qu'elle est au téléphone et vu comment elle crie, je n'ai pas besoin de lui demander qui est à l'autre bout. Je lui fais signe de la main, elle me répond de la même façon puis nous allons dans ma chambre. Comme la veille au soir, on entend toute la dispute à travers les murs, Kamille se sent gênée, elle veut rentrer chez elle, je la rassure en lui disant que nous n'avons pas à nous en faire, on a rien fait, que ma mère est en rogne sur Olivier pas sur moi. Depuis toujours ma mère nous différencie, si l'un fait un bêtise, elle sait rester neutre avec l'autre, elle n'est pas du genre à hurler sur les deux. Comme pour prouver ce que je dis, elle vient frapper à ma porte, l'ouvre après que je lui ai dit d'entrer et nous demande si nous allons bien. Je lui retourne la question après lui avoir répondu positivement.

« Moi je vais bien. Mais tu ne connais pas la dernière ? Ton imbécile de frère est en pleine fugue ! Hé bien soit, Monsieur veut vivre le grand amour bohème, il va l'être, je te le garantie. Dès demain je lui bloque son compte, sans un sou, il sera bien obligé de rentrer pour manger. Surtout s'il passe, appelle moi discrètement Titi, ou envoie moi un message, Je me débrouillerais pour rentrer au plus vite et attraper cet ignorant avant qu'il ne s'échappe à nouveau.

– Il peut très bien passer le temps qu'on est en cours maman. Il connaît les horaires du lycée. »

Il n'y avait pas de calcul quand je lui ai dit ça mais maintenant je commence à voir les opportunités que ça pourrait m'ouvrir. Kamille se fout d'aller en cours ou pas, ses parents ne lui diront rien, elle me l'a presque juré, Je propose donc à ma mère de rester à la maison demain pour la surveiller. Elle me dit qu'elle va réfléchir et quitte ma chambre. Ma copine me demande ce qui m'a prit de proposer ça, je lui explique que si je ne vais pas en cours, elle n'est pas obligée d'y aller non plus et à son tour elle commence à comprendre, l'après-midi que l'on prévoyait de se faire en amoureuse pourrait se transformer en journée complète si ma mère me dit de rester là. C'est l'heure de passer à table, elle rentre chez elle et je me retrouve seule avec ma mère qui tire la tronche ouvertement mais me parle normalement. Elle me demande si j'ai, moi aussi, l'intention d'arrêter le lycée.

« Même pas en rêve maman. J'aime bien Kamille mais je vais pas foutre mon avenir en l'air pour elle. J'ai toujours l'intention de devenir laborantine, et sans études, c'est mort. Pis Kamille aussi veut faire des études donc nous, on continue.

– Sage décision. Donc tu veux rester ici demain, ma foi, je peux bien te donner une demi journée, ton idiot de frère se prend bien quelques jours de vacances lui. Tu sais où il est ?

– J'en ai une petite idée que je garderais pour moi.

– Là où vous étiez samedi dernier ?

– Je pense. Connaissant le père de So, il n'accepterait jamais que un, sa fille arrête l'école, deux, que le petit ami de sa fille squatte chez lui. À mon avis, si lui s'énerve, Olivier va rentrer avec quelques bleus.

– Ça lui apprendra la vie ! »

Elle dit ça mais je peux voir l'inquiétude dans son regard. Pour ma part, je ne ressens aucune pitié pour le fuyard, peut-être un fond de gratitude, grâce à lui, j'ai la maison et l'accord de sécher pour demain, c'est plus que ce que je demandais, j'en suis ravie. Je fais la vaisselle alors que j'entends ma mère râler une nouvelle fois, elle ne semble pas être au téléphone, je regarde ce qu'elle fabrique et la vois penchée sur son téléphone, je lui demande ce qu'il ne va pas, si c'est technique, je peux peut-être y jeter un œil.

« J'ai envoyé un message à votre père, dit-elle, je fais demi-tour. Attends Titi. J'ai envoyé un message à votre père, il passera samedi pour régler la situation soit disant. Samedi ! Son fils est dans la nature et lui ne se rend disponible que samedi !

– Il aurait même pu rester chez lui tu es capable de gérer ça seule maman.

– Non Titi, pas cette fois. J'en ai plus que marre d'Olivier et ses bêtises. Il partira quelque temps chez son père. »

Mes chroniques de lycée- épisode 2- Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant