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Ma mère se plaint d'avoir mal au crâne quand j'arrive dans la cuisine, bizarrement, je ne suis pas étonnée. J'arrive à boire mon bol de lait avant que Kamille n'arrive, je me dis qu'elle aussi n'a pas du se lever à l'heure et quand elle sonne à la porte, nous partons directement. Elle me demande comment je vais, je lui dis que moi ça va, ma mère moins, elle rit. Je lui demande à mon tour la raison de son retard, elle a discuté avec ses parents, une espèce de réunion de famille obligatoire à laquelle elle n'a pu échapper. Elle me jure que ça n'a rien avoir avec le fait d'avoir séché la veille, je la crois. Elle me stoppe alors qu'au loin je vois Amélie arriver vers nous, accompagnée de son copain.

« Dis Titi, ça te dérange si pour mes parents tu es juste ma meilleure amie ?

– Non. Je sais que c'est chaud chez toi au niveau de ta sexualité alors... Je ferais ce qu'il faut pour t'aider au cas où.

– T'es un ange mon cœur. On y va ?

– Attends, moi aussi j'aimerai te demander quelque chose mais ce soir, à la maison.

– Tu fais chier, je vais passer la journée à me demander ce que c'est.

– Ça concerne hier après-midi, mais rien de grave, ne t'en fais pas. »

Nous sommes rejointes par l'autre couple de notre classe et nous avançons vers le lycée lorsque mon téléphone sonne. Je regarde qui peut bien m'envoyer un message, probablement ma mère, et suis surprise de voir ''Olive'' sur l'écran de veille, j'ouvre son texto.

« Salut Titi, j'espère que ça va. Maman a bloqué mon compte. Tu pourrais me passer 20 balles ? Je te les rendrai dès que ça ira mieux. Dis moi quoi avant d'aller en cours. Merci. »

Je montre le message à ma copine, elle me dit qu'il ''n'est pas chié'' et me rend le téléphone en me demandant ce que je compte faire. Je n'en ai aucune idée. Déjà je n'ai pas la somme sur moi donc pour ce matin c'est foutu. Je calcule rapidement ce qu'il reste dans la petite boite où je mets mes économies, vingt euros devraient se trouver mais il n'y aura guère plus, j'aimerai garder un peu d'argent pour moi au cas où.

« Et si t'en parlais à ta mère ? »

Cette idée était sortie de nulle part. En parler à ma mère ? Elle n'était cependant pas mauvaise, elle qui voulait avoir de ses nouvelles, mais après avoir bloqué son compte ça m'étonnerait qu'elle lui prête de l'argent. Amélie est toute guillerette de nous voir revenir en cours, elle nous dit encore une fois que c'était bizarre de traîner aux escaliers seule avec son copain, il ne semble pas le prendre mal. À la pause, je cherche toujours une solution pour dépanner mon frère, cela m'inquiète et Kamille s'en rend compte, moi qui espérait ne rien laisser paraître, raté. Elle me propose de m'avancer, je refuse. Je tiens à régler par moi même mes histoires de famille, je lui dis que je verrai bien ce midi combien il me reste et en profite pour lui demander si ça ne la dérange pas de faire un petit détour en rentrant ce soir.

« Tu vas aller chez Enzo ?

– Ouais. »

Elle n'a pas l'air super partante mais accepte tout de même. Clément se propose de jouer les intermédiaire mais je veux voir Olivier de mes propres yeux, voir s'il va bien et surtout essayer de le comprendre. Durant la pause du midi, pendant que ma copine prépare de quoi manger je vais voir ce qu'il reste dans ma boite. Je calcule rapidement qu'il reste à peu près une semaine avant de recevoir mon argent de poche, je n'ai jamais besoin de rien de particulier, sauf en cas de sortie. Je prends le billet bleu qui y traîne et compte la monnaie, il me restera six euros, amplement suffisant.  Je mets le billet dans mon portefeuille et le tout dans mon sac. Nous mangeons en vitesse, ma copine essaye de me dissuader d'aller voir mon frère, en vain. Elle boude un peu, je le devine à son attitude un peu froide, mais je ne cède pas, je veux vraiment aller chez Enzo après les cours. À la pause, elle revient à la charge, profitant que l'autre couple est parti fumer, elle me dit que Clément c'était proposé pour y aller à notre place, qu'elle n'a pas envie de marcher, qu'elle est fatiguée, je lui dis alors de rentrer sans moi, elle se lève et part sans même me répondre. Je la rattrape avant qu'elle ne quitte l'espace d'entre les deux bâtiments et la saisie par le bras.

« Tu fais quoi là Kamille ?

– Je pars sans toi, vu que ça te fais ni chaud ni froid.

– J'ai pas dis ça, arrête un peu. Tu me dis que t'as pas envie de marcher... Je vais pas te forcer.

– J'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère après que t'aies vu Olive !

– Je suis plus forte que tu ne le penses bébé.

– Je sais, me dit elle en me prenant dans ses bras, mais je veux aussi prendre soin de toi et si cette histoire doit te causer du tort, je suis pas d'accord.

– Ça ne me fera rien, je te le promets. Je veux juste voir s'il va bien... Et comprendre. »

On s'embrasse alors que les cours reprennent, deux heures qui me paraissent interminables avant qu'enfin on ne sorte. Elle finit par m'accompagner voir Olivier, du lycée, la maison du gamer n'est pas si loin que ça. Rien n'a changé dans l'habitation, je peux le constater avant même d'entrer, toujours la petite maison de cité ouvrière comme on en trouve partout dans la région mais celle-là semble beaucoup plus délabrée. Pas de jardin fleuri, juste des hautes herbes qui poussent anarchiquement, pas de jolis rideaux brodés, juste des morceaux de draps coupés à la va vite, pas de bibelots exhibés aux fenêtres, pas de décoration quelconque, rien. Je frappe à la porte, personne ne répond, j'envoie donc un message à mon frère pour lui dire que je suis là et la porte s'ouvre, Sophie se trouve derrière. Elle me regarde un instant de la tête aux pieds puis me saute dans les bras. Elle a l'air super heureuse de me voir et me demande pourquoi je suis là, à voir, mon frère ne l'a pas mise au courant, je lui dis donc que c'est pour le voir. Elle semble se méfier quelques secondes puis l'appelle tout en allumant une cigarette. Elle me demande comment ça va, si au lycée tout va bien, si quelqu'un s'inquiète de ne pas la voir, je réponds à toutes ses questions avant même qu'Olivier n'arrive, il sort enfin. J'ai du mal à le reconnaître avec sa barbe naissante et son air crevé mais c'est bien lui. Il m'embrasse et je sens sur lui une odeur déplaisante qui me donne envie de reculer. Je fais mine de rien et lui tend le billet en lui disant que cette fois, il a vraiment réussi à énerver notre mère, elle est remontée contre lui comme jamais. Il me dit qu'il le sait mais s'en fout, me remercie pour l'argent qu'il met dans la poche de son jeans puis me dit au revoir avant de rentrer. Il regarde dans tous les sens avant de passer la porte, on dirait un fugitif, il me fait un peu peur.

« On devient barge dans cette baraque, dit soudainement Sophie. Y a rien à faire à part jouer à la console ou baiser. On est pas souvent devant la console. (Elle rit) Ton frère pense que ta mère l'attend chez elle, du coup il n'ose pas remettre un pied chez vous. C'est vrai ?

– Disons que si elle le choppe, ça m'étonnerait qu'il ressorte de sitôt.

– OK. Merci d'être passée Titi. »

Elle rentre à son tour dans la maison, nous laissant seule sur le pas de la porte comme deux connes. Kamille et moi on se regarde un instant puis je décide que nous aussi nous ferions mieux de rentrer. À la sortie de la rue, une voiture vient se garer devant nous, je la reconnais immédiatement.

« Montez, dis ma mère qui est au volent. On s'expliquera à la maison. »

Mes chroniques de lycée- épisode 2- Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant