Mes chroniques de lycée- épisode 2- Ma première fois

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Je pensais que la cuisine me permettrait d'échapper aux question mais c'est mal connaître ma mère qui prend verre et bouteille pour me suivre. Elle me raconte ses expériences à elle, qui sont évidemment toutes hétéros, donc n'ont rien à voir avec ma propre expérience mais cela ne l'arrête pas. Je suis mal à l'aise de l'entendre parler de ça, elle me gêne mais ne semble pas s'en apercevoir, perdue dans ses souvenirs de lycée où elle a connue deux garçons différents, elle me parle d'eux, de sa première fois qu'elle a trouvé nulle, de la seconde ou c'était un peu mieux avant de changer de petit ami, puis de fac où son copain de lycée ne la pas suivit, elle y a croisé brièvement notre père mais ne s'y intéressait guère, ça aurait du rester ainsi, elle avait rencontré un garçon beau, gentil, intelligent et très polygame s'était-elle rendu compte après un an de relation, enfin elle termine par notre père, il y eut pas mal de galères entre eux mais elle retient qu'il lui a donné deux beaux enfants dont un vient récemment de péter un câble monumental, elle parle d'Olivier bien sûr. J'essaye de ne pas trop l'écouter et me remémore mon vécu à moi, tout récent, et me demande si on peut appeler ça une ''relation sexuelle'' à proprement parlé, vu que personnellement mon sexe n'a pas été touché. Il allait falloir que j'en parle avec Kamille mais je ne voulais pas le faire par message, c'était trop long à écrire, j'avais la flemme puis de vive voix ça sera mieux, si il y a quelque chose que je ne comprends pas, elle pourra m'expliquer sans s'énerver. Je vois que mon verre a aussi fait le voyage sur la table de cuisine, je refuse qu'elle me resserve mais ne m'écoute pas, ne me demande pas mon avis, et tue la bouteille de vin. Elle doit commencer à sentir les effets de l'alcool car elle me parle de mon père encore et encore tout en sachant très bien que je veux en savoir le moins possible à son sujet. Les pâtes sont prêtes, je lui demande si je la sers maintenant ou si elle veut attendre un peu, elle met une éternité à réfléchir à cette simple question et finalement me dit qu'elle préfère finir son verre de vin, tout en continuant de me parler de lui. J'ai la tête qui tourne et elle commence sérieusement à me prendre le chou, je mange une assiette en vitesse tout en remarquant que d'ordinaire, elle m'aurait obligée à prendre une chaise alors que ce soir, elle ne me regarde même pas. Ma portion terminée, je la laisse finir de parler seule, j'en ai marre et vais dans ma chambre envoyer des messages à ma copine. Elle me demande si je vais bien, je lui fais un topo de ma soirée, elle me raconte la sienne, de son côté tout est habituel, alors que chez moi c'est un peu le cirque. Elle n'est pas surprise que ma mère ait deviné ce que l'on a fait mais le genre des questions posées ensuite l'étonnent. J'aimerai lui parler de ce que qui c'est passé entre nous, je commence même à rédiger le message quand elle me dit qu'elle est crevée et qu'elle va se coucher, je suis un peu dégoûtée mais je comprends, moi-même l'alcool aidant, je sens mes paupières se fermer toutes seules. Je lui fais à la place un message de bonne nuit et n'hésite plus pour lui dire que je l'aime à la fin, elle me répond sur le même ton, un message d'amoureuse et ajoute pleins de petits cœur à la fin. J'ai envie d'être dans ses bras, comme cet après-midi, j'ai envie de la sentir contre moi, même si sa mèche rebelle me chatouille le visage, je ne ferais pas la difficile. Je comprends mon frère qui veut passer du temps avec sa copine le plus possible, je le comprends mais pas pour les mêmes raisons. Je me fous du sexe, je veux juste être près d'elle, lui murmurer que je l'aime et qu'elle me le dise en retour, pouvoir fermer les yeux en respirant son parfum, son odeur et dormir d'un sommeil sans rêve, réparateur. En pensant à tout cela, une larme glisse sur ma joue, je l'essuie d'un revers de la main tandis que j'entends ma mère débarrasser son assiette dans la cuisine, j'espère qu'elle a mangé. Dire que pour me questionner elle a loupé son feuilleton préféré, celui qu'elle ne manque quasiment jamais quoi qu'il arrive, elle nous dit la plus part du temps qu'on parlera de ça après Plus Belle La Vie, or ce soir, elle n'a même pas eu un regard pour la télévision. Qu'elle ne me demande pas demain ce qu'il s'est passé dans l'épisode d'aujourd'hui ou je lui dirai que Jonathan est mort, ça lui fera les pieds. Je n'entends plus de bruit, elle a du regagner sa chambre elle aussi, je me dis que je ferais mieux de dormir moi aussi pour être en forme demain, seulement mon après-midi repasse en boucle dès que je ferme les yeux, je revois Kamille devant ma garde-robe, je me revois m'approcher d'elle, la prendre dans mes bras, la caresser, me faire entraîner vers le lit et tout le reste aussi. Je me demande ce qui m'a prit, d'où venait une telle témérité, moi qui suis toujours timide tendance coincée, jamais je n'aurais imaginé être celle qui prendrait les devants. Je me souviens de ce feu ardant en moi et à son souvenir, il renaît.

« Calme-toi Titi, dors ! »

Me revoilà parlant toute seule, ça faisait longtemps. Je finis par trouver le sommeil mais ce fut très tard dans la nuit et quand le réveil sonna le lendemain, je l'aurais bien claqué contre le mur pour le faire taire.