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Sur la route nous pouvons constater que l'autre couple de la classe n'est toujours pas très discret pour s'embrasser, ils sont quelques pas derrière Kamille et moi mais nous pouvons les entendre sans effort malgré l'ambiance extérieure. Tout est calme chez moi, comme je m'y attendais. Kamille prépare le café tandis qu'après avoir installé nos invités au salon je prépare le nécessaire pour le boire. Dans la cuisine, nous nous faisons un discret bisou, je lui murmure que je suis heureuse d'avoir séché et que j'ai de nouveau l'impression que nous sommes un petit couple fraîchement installé. Elle me sourit en me répondant qu'elle aussi est contente d'être là mais simplement parce que je m'y trouve aussi. Nous servons et Amélie nous fait une petite réflexion qui nous fait sourire.

« On dirait que vous vivez ensemble depuis une éternité, nous dit-elle, Kamille tu as tes marques ici, tu y es comme chez toi.

– Vu le temps que j'y passe, c'est un peu ma seconde maison, répond ma petite amie en riant. Mais c'est à cause de Cynthia, elle est tellement gentille. »

Je trouve qu'utiliser ma mère comme excuse c'est un peu minable mais je ne relève pas. Je m'assois autour de la table et profite du liquide chaud après y avoir ajouté du lait et du sucre. Kamille boit le sien noir, c'est la seule parmi nous à le faire. Même Clément sucre sa tasse avant de longuement la touiller, Amélie râle en lui disant qu'il allait l'user et nous rions tous.

« Hé bien, il y a de l'ambiance ici. »

Je me fige soudainement en attendant la voix qui vient de l'entrée. Je pense momentanément avoir rêvé jusqu'à ce que la femme blonde fasse son entrée dans la salle.

« Kamille tu m'en sers une tasse aussi s'il te plaît ?

– Oui Cynthia, assoyez vous, j'arrive. »

Ma mère prend donc place autour de la table, nous la regardons faire en silence, je me demande ce qu'elle fout là.

« Alors, reprend-t-elle, de quoi ça parlait pour rire autant ?

– De Clément qui usait sa tasse à touiller son café. Qu'est-ce que tu fais ici ?

– Il n'y a pas que les ados qui ont parfois envie de sécher. Quand tu m'as dit que tu ne retournerais pas au lycée, j'ai eu envie d'en faire autant. J'ai annulé tous mes rendez-vous et me voilà. »

Je suis surprise que ma mère, qui est d'habitude si sérieuse se mette à abandonner son travail pour passer une après-midi tranquille chez elle. Elle se met à chambrer ce pauvre garçon en lui disant que si la tasse commençait à fuir, il devrait la lui rembourser, je vois mon camarade rougir et danser sur sa chaise, ne sachant plus où se mettre, un nouvel éclat de rire retentit dans la maison. Je suis surprise de voir ma mère si détendue. Nous discutons tous ensemble, Clément semble s'être détendu quand il a comprit qu'elle plaisantait, il est vrai que de nous quatre c'est celui qui connaît le moins ma mère. Cette dernière grimace un peu quand il lui dit qu'il est aussi ami avec olivier mais comme il n'insiste pas sur le sujet, elle ne dit rien, il précise aussi que cela fera deux semaines samedi qu'il sort avec Amélie, je suis surprise qu'il compte les jours et me mets moi aussi à calculer le temps passé aux côtés de Kamille. Je fais bien car ma mère me le demande, je lui dis que ça fait plus de deux semaines pour nous, dix-sept jours pour être précise et je vois que c'est au tour de ma petite amie d'être surprise.

« Je trouve ça débile de compter les jours, dit-elle, comme les mois. Il ne faut pas voir aussi petit.

– Tu ne vas rien faire pour fêter ton premier mois avec Titi ?

– Non. Je préfère qu'on se réserve pour nos un an et faire quelque chose d'exceptionnel.

– Un an ça fait long bébé, intervins-je. Six mois ? Ça tomberait pile au début des vacances d'hiver.

– T'as déjà calculer ça toi ?

– Et oui. Je sais aussi qu'en février et mars ça tombera un dimanche.

– Donc on ferait quoi pour nos six mois bébé ? »

Voilà une question a laquelle je n'étais pas du tout préparée.

« Je veux que tu m'emmènes en voyage, reprend-t-elle. Un week-end, une semaine, je m'en fou mais je veux voir autre chose que des maisons rouges et des montagnes noires. 

– Faudra voir notre budget. »

Je comprends ce qu'elle veut dire, j'aimerai aussi partir quelques jours seule avec elle, ça serait une expérience très agréable, mais je n'ai actuellement pas les moyens de lui faire une telle promesse.

« Et si tu allais passer quelques jours à la mer ?

– Maman, il faut compter l'hébergement, la bouffe, les à côtés... Ça coûte cher tout ça.

– Va chez ton père, tu économiseras pas mal déjà. »

Voilà une idée à laquelle je suis farouchement opposée. Ce voyage est censé être une fête, je ne veux pas la passer chez Dark Vador, il en est hors de question. De plus la plage en février, je ne vois pas trop l'intérêt, surtout par chez nous. J'essaye d'argumenter mon refus mais la raison principale reste que je ne veux rien avoir à faire avec mon géniteur. Ma petite amie comprend, ma mère semble avoir du mal à le faire et l'autre couple de la classe ne s'en mêle pas. À deux contre elle, elle finit par abandonner l'idée de me faire aller chez mon paternel mais elle me précise bien que mon argent de poche n'augmentera pas pour autant, Kamille me fait un clin d'œil dont je ne comprends pas la signification, mais je ne me fais pas de soucis, elle m'expliquera sûrement par la suite. Nos amis prennent congés pour qu'Amélie ne loupe pas son bus, nous nous retrouvons donc que tous les trois, retour au quotidien Titi. Malgré tout je suis contente de cette petite parenthèse dans cette routine qui s'installait dans ma vie, j'ai passé une très bonne après-midi.

Mes chroniques de lycée- épisode 2- Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant