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Nous nous habillons en vitesse, plus le temps d'hésiter entre tel ou tel dessous, pas le temps non plus de tergiverser sur mes fringues moches, je prends le premier jeans qui passe et le premier T-shirt. Ma petite amie a à peine le temps de me faire un bisou que la porte de l'entrée s'ouvre et ma mère claironne joyeusement

« Les filles, vous êtes là ? »

On se jette sur le lit, essayons de prendre une position qui ne laisse rien paraître et elle arrive dans ma chambre dont la porte est ouverte, ce qui ne l'empêche pas de toquer contre le chambranle. Elle nous scrute du regard puis nous demande si nous avons passé une bonne journée. Comme toujours je lui réponds affirmativement et lui retourne la question.

« Oui, fatigante, dit-elle en soupirant. Ton frère n'est pas rentré ?

– Tu n'as pas eu de message ?

– Non.

– Donc non. »

Elle me regarde une nouvelle fois, m'observe, je sens que quelque chose la dérange, je ne vois pas quoi.

« Tu as l'air radieuse ma Titi. Vous venez un peu au salon les filles ? »

Nous nous levons pour la suivre, Kamille me souffle à l'oreille qu'elle nous a grillées, je ne vois pas comment, toute trace de notre après-midi câline à été effacée. Le temps qu'on sorte de la chambre je l'entends qui se lave les mains dans la salle de bain, je réfléchis pour savoir si je n'ai rien laisser traîner là, ne vois pas donc j'avance dans le couloir, ce qui fait qu'elle se retrouve derrière nous. Elle demande à ma petite amie ce que nous avons fait de notre journée, donc elle sait que Kamille n'a pas été en cours ce matin, et cette dernière lui confirme en disant que nous sommes restées dans la chambre presque toute la journée. Elle va dans la cuisine, nous disant de nous asseoir à table et je l'entends déboucher une bouteille de vin. Ma mère ne boit pas la semaine, jamais, même si l'un de nos anniversaire tombe un jour compris entre le lundi et le vendredi, elle attendra le week-end pour le fêter, je me demande ce qui ne va pas. Elle revient donc avec la bouteille de vin blanc, un paquet de ses crackers préférés et trois verres. Je ne vois pas de soda ou de jus de fruit, lui propose d'aller le chercher et essuie une refus. Elle nous sert à toutes deux un demi verre de vin et remplit allégrement le sien. Kamille essaye de protester, disant qu'elle ne boit pas, qu'elle n'a jamais bu, que l'alcool elle n'aimait pas ça mais ma mère lui dit qu'une goutte de vin ne va pas la tuer, ni faire d'elle une alcoolique et lui demande comment sait-elle qu'elle n'aime pas si elle n'a jamais bu ? Elle lève ensuite son verre et le fait tinter contre le notre, je me demande bien si c'est la sa première absorption d'alcool de la journée. Kamille boit timidement le sien puis s'esquive. Je vais la raccompagner en lui disant que je suis désolée, l'embrasse, lui dis que je l'aime et elle s'en va. À la table ma mère mange un biscuit, toute penaude, comme si de rien n'était alors que je vois mon verre une nouvelle fois à moitié remplit et le sien totalement.

« Tout va bien maman ?

– Moi ça va. Et toi ma Titi ?

– Je vais bien aussi.

– Tu n'as rien à me dire ?

– Ah, si. Amélie m'a apporté le résumé des cours, elle était avec son copain, je les ai fait rentrer et leur ai offert un café. Ça te dérange pas ?

– Je me fiche de ta paysanne. Autre chose ?

– On a mangé des hamburgers ce midi.

– T'avais fort faim ?

– Non pas tellement.

– Je vois. C'était cet après-midi alors. »

Mon visage se transforme en lampe infrarouge, je ne sais pas où elle veut en venir, Kamille aurait-elle raison ? Elle aurait deviné ?

« De quoi cet après-midi maman ?

– Arrêtes de me prendre pour une buse Titi.

– Pardon ?

– Tu l'as fait ?

– Hein ?! Heu... Comment t'as deviné ?

– Je commence par quoi ? L'odeur de la maison ? Les deux petits anges aux visages si rayonnants qu'il m'était presque impossible à regarder ? Au fait que ce matin tu étais en short façon vacances et qu'en rentrant je te retrouve en jeans prête à aller au lycée ?

– Mon amie est passée, j'allais pas rester en short.

– Ou au fait qu'il y a DEUX paires de dessous sur la corbeille à linge, en plus du dit short ? »

Mon Dieu faites moi mourir de la honte que je ressens. Je ne sais plus où me mettre, je viens de me faire griller par ma mère, moi qui pensais avoir été discrète.

« Tu n'as pas à être gênée Titi, te voir rougir me fait rire, mais ne me mens pas, je suis ta mère et une mère devine ces choses là. Et je suis observatrice en plus. »

Elle me tire la langue et me tend son verre.

« À ton pucelage, tu ne le reverras plus lui. »

Les verres tintent, elle boit une grosse gorgée, je me dis qu'au point où j'en suis j'ai plus grand chose à perdre, je l'imite.

« Alors ma Titi, reprend-t-elle, c'était bien ?

– Oh oui, réponds-je sans même réfléchir.

– Elle a été douce au moins ? Sinon gare à elle !

– Maman ! Oui tout c'est bien passé. On peut changer de sujet ?

– Pourquoi ? Je m'intéresse à ta vie. »

Parce qu'il y a des parties de cette vie qui ne te regardent en rien maman ! Mais comment répondre ça à sa mère ? Je subis encore un peu l'interrogatoire puis me mets en tête de faire quelque chose pour le dîner. 

Mes chroniques de lycée- épisode 2- Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant