13. Le déclic

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Lundi matin, 6h30.

Coup dur pour Léa qui s'était accoutumée à faire la grasse matinée.

- Tu as toutes tes affaires?》Demandait son père, qui petit-déjeunait avec elle.《Tes cahiers, ta trousse, ta tête?》

Sa sanction était levée: maintenant qu'il n'avait plus son bracelet électronique, Marc comptait accompagner sa fille au lycée tous les jours...incapable de rester en place.

- Mmh.》Marmonna l'adolescente en mâchouillant ses céréales. 《T'étais pas obligé de te lever si tôt, hein. Je sais toujours prendre le bus.》

- Je préfère t'amener.》Répéta pour la énième fois son père. 《Je n'aime pas l'idée de te laisser prendre le bus seule par les temps qui courent.》

Quelques minutes plus tard, la petite lycéenne regardait donc la pluie couler sur les vitres de leur Picasso d'un air ensommeillé.

- Ça va?》S'inquiéta son père sans lâcher la route des yeux.《Tu es stressée?》

Lili lui adressa un petit sourire amusée. Il avait l'air plus inquiet qu'elle... Elle le regarda tourner au rond du bout de la rue en s'accoudant au rebord de la vitre, la tête posée contre sa main ouverte.

- Tu es l'incarnation même de la définition "Papa poule"!》S'amusa l'adolescente. 《Je vais bien, ne t'en fais pas. Rien à craindre avec toi!》

- Je ne serais pas toujours là.》

Sa voix tomba comme du plomb et le silence se fit dans l'habitacle. La pluie redoubla d'intensité, comme pour remplir le blanc, puis Léa reporta son attention sur la route.

- Alors j'apprendrais à me débrouiller.》Dit-elle simplement d'une petite voix.

- Il va falloir que tu apprenne à faire cuire des pâtes!》Lança son père pour alléger l'atmosphère, de nouveau espiègle.

- Hé, je sais faire cuire des pâtes!》Protestala petite lycéenne en se prenant au jeu.

- Alors il faudra que tu apprenne à faire cuire des pâtes sans faire cuire la cuisine avec!》

- Je sais faire les crêpes, c'est déjà ça.》Se défendit Lili en lui donnant une petite tape sur le coude. 《Tourne à droite, c'est là.》

Marc obtempéra et gara la voiture quelques mètres plus loin, sur le parking du lycée. À l'entrée, des vigiles fouillaient le contenu du sac de chaque élève. Léa attendit un peu que la pluie s'arrête, en vain: elle était bonne pour courir sous la pluie jusqu'au hall d'entrée.

- Tu vas devenir une vraie Bretonne si tu ne mange que des crêpes.》Plaisanta son père pour reprendre leur conversation.《Bon, tu as ton spray?》

- Oui, mais tu crois qu'il va passer les vigiles?》s'enquit Léa en vérifiant l'heure.《C'est une arme.》

- Tente le coup, au mieux tu l'as sur toi.》

La jeune fille acquiesça donc avant d'attraper son sac. Elle y avait mis ses affaires et le spray, oui, mais aussi son calpin et le code: elle voulait mettre à contribution l'heure de pause qu'elle avait cet après-midi pour continuer ses recherches.

Léa se dépêcha de sortir de la voiture quand la cloche sonna et bondit dans...une énorme flaque d'eau, qui la trempa jusqu'aux genoux. Super, grommela la jeune fille en trottant jusqu'à l'entrée du lycée.
Son attelle ralentissait sa course, mais heureusement, Lili n'avait presque plus mal: l'entorse était presque guérie. Maigre consolation face au vigile qui lui prit non seulement son spray, mais aussi sa boîte de peinture...

La jeune adolescente partit en cours d'un pas lourd. Décidément, cette journée commençait mal...

*

Cette journée avait été désastreuse.

Déjà, parce qu'évidemment, tout le monde s'était moqué du jean trempé de Léa. Ensuite, parce que Bradley l'avait emmené au snack pendant son heure de pause, l'empêchant de faire ses précieuses recherches. Enfin, parce que la lycéenne avait dû récupérer sa peinture et son spray au poste de police, qui avait fait des tests pour s'assurer qu'il n'y avait aucun produit explosif dedans. Les forces de l'ordre, ça ne rigolait pas, à Manhattan.

Lili en avait quand même profité pour noter le numéro de la caserne et eut l'idée de voir si ça coïncidait avec certains chiffres du code, mais non.

Cerise sur le gâteau, il était 23h12, et elle n'arrivait toujours pas à résoudre un fichu exercice de maths. Cela faisait au moins deux bonnes heures qu'elle était dessus, mais rien n'y faisait: elle n'arrivait même plus à lire les chiffres...

- Toc toc toc!》Fit une voix douce derrière la porte. 《Je peux entrer?》

- Oui, bonsoir maman.》Soupira Léa tandis que Gabi la rejoignait à son bureau. 《Les gens qui font les énoncés dans les manuels de maths sont des sadiques...》

Elle renifla lorsque sa mère se pencha pour voir l'exercice: la vétérinaire sentait fort le désinfectant.

- Tu as eu une intervention?》

- Mmh? Oui, une chouette a été renversée près du square. Elle s'en est tiré avec une aile déplacée, et moi avec quelques bons coups de bec.》

- Pauvre petite bête...》

- Et moi, alors?》S'amusa Gabrielle. 《Bon, regarde ton problème: il n'est pas compliqué.》

- Mais il y a des lettres et des chiffres partout!》gémit Léa en reportant son attention sur le devoir.《Qu'est-ce que je suis censée faire avec tout ça?》

- Je pense que tu te complique la tâche.》Lui affirma sa mère. 《Tu as une autre chaise?》

L'adolescente lui céda la sienne et observa la vétérinaire résoudre le premier calcul.

- Quand c'est toi qui le fait, ça a l'air trop facile!》Dit Lili d'une voix admirative tandis que sa mère écrivait des lignes d'équation.

- Ça l'est.》S'amusa-t-elle. Gabi tapota la première ligne. 《En fait, regardes: ce sont les X qui te gênent. Il suffit que tu les isole d'un côté pour que ça aille tout seul.》Elle montra la deuxième, puis la troisième ligne pour joindre le geste à la parole. 《Tu comprends?》

Léa ne répondit pas tout de suite: elle venait de comprendre, effectivement.

Un énorme sourire éclaira soudain son visage.

- Oh oui, j'ai tout compris!》Jubila la jeune fille en embrassant sa mère sur la joue. 《Maman, tu es un génie!》

- C'est juste un exercice de maths.》S'amusa la vétérinaire en lui laissant la chaise.《Je suis contente que tu y vois plus clair. Allez, bonne nuit ma chérie; finis vite et vas te coucher, ou tu vas être claquée, demain.》

Lili hocha victorieusement la tête tandis que sa mère sortait de sa chambre.
Dès qu'elle fut seule, la petite adolescente se dépêcha de finir ses exercices en imitant l'exemple de Gabrielle, avant de saisir fébrilement son calpin: elle avait résolu son énigme!

La petite artiste le feuilleta en hâte jusqu'à trouver la page du code. Là, elle reproduisit le schéma de ses calculs mathématiques, et le résultat lui apparut enfin comme une réponse claire et évidente. Elle se demanda même comment elle n'y avait pas pensé plus tôt.

La lycéenne détacha la feuille du petit carnet, un sourire jusqu'aux oreilles.

"MiKeY= 555 -6400".

Cette journée n'était pas si mal, finalement.

Quai n°77 Bis [TMNT fiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant