Quai n°77 Bis [TMNT fiction]

1. Artiste de rue

Une petite silhouette se promenait en chantonnant, quelque part dans le quartier de Manhattan. Un casque sur les oreilles, un cartable sur le dos et les mains dans les poches, elle faisait du repérage. Pour du shopping? Certainement pas. Elle se rendait dans son jardin secret et cherchait le moyen le plus rapide pour y accéder.

Le vibreur de son téléphone la fit soudain sursauter: arrêtant momentanément la chanson qu'elle écoutait, la lycéenne sortit l'appareil de son manteau pour voir de quoi il en retournait.

"Suis appelé en renfort ce soir. Maman rentrera vers 22h30. Les pâtes sont dans le frigo: 5 minutes au micro-onde. Tu peux te faire du riz sinon, paquet dans le placard. Tu mets de l'eau à bouillir (les bulles), plaque sur 6 avec le couvercle, sale puis mets le riz huit minutes. Couche-toi tôt, Léa 👮‍♂️...
Bises
Papa."

L'intéressée rengaina son téléphone et repartit en trottinant, ravie. Elle allait pouvoir explorer un peu le quartier!
Comme son père était brigadier chef, à Manhattan, il était souvent appelé: les quartiers d'affaires étaient régulièrement vandalisés et son père était le premier à foncer en mission. Il adorait l'action, passion qu'il avait en bonne partie transmise à sa fille...

...Pour ce qui était de l'obéissance et de la débrouillardise, en revanche, c'était une autre affaire.

Léa leva le nez en s'arrêtant devant une station de métro, sa respiration formant des petits nuages blancs à cause du froid de Septembre (l'automne allait être rude, cette année).
La pancarte invitait les passants à descendre sous terre pour voyager d'un bout à l'autre de New-York.

Eh ben go!

En s'engouffrant à l'intérieur, Léa s'imagina avalée par une bouche géante, la tête pleine de nuages.

Quelques tags ornaient les murs sales lorsqu'elle emprunta les escaliers puants, mais elle n'était pas dérangée par l'allure nocturne peu accueillante des stations de métro.
Elle observa les dessins sauvages en cherchant à s'en inspirer. Son passe-temps favori, après les concerts dans sa chambre qui avaient plus d'une fois fait hurler les voisins? Faire des illustrations colorées sur les murs tristes des stations de métro.

La jeune fille ramassa sur son chemin des tickets abandonnés, des papiers sales et même une cigarette avant de les mettre à la poubelle, puis trotta jusqu'aux tourniquets.

Des gens rentraient chez eux par dizaines, fatigués de leur journée; c'était essentiellement des bureaucrates, mais quelques jeunes traînaient près des escalators, cigarette en main et capuche sur la tête. Bon, ça irait, ils ne faisaient pas attention à elle...

Léa se glissa discrètement derrière un grand homme tout sec pour passer les tourniquets, puis elle le doubla tranquillement en songeant que c'était sûrement un notaire, vu sa taille et son air fermé. La petite sacoche qu'il trimballait confirma les pensées de la jeune fille lorsqu'elle aperçu vaguement les photos d'un appartement à l'intérieur.

Une fois passée des tourniquets, Léa s'amusa à descendre les escalators, puis à les grimper à l'envers, ce qui agaça un bon nombre de gens qui devait s'écarter sur son passage. Elle finit par monter dans le métro, collée entre une dame de couleur et une poussette avec un grand sourire. La petite lycéenne connaissait bien cette partie des stations de métro de la ville: c'était son terrain de jeu préféré.

Plusieurs arrêts plus tard, elle fut presque seule avec quelques voyous qui parlaient forts dans une langue étrangère, au fond de la rame, mais la jeune fille ne s'en inquiétait pas. Elle se promenait toujours avec le canif que lui avait offert son père pour ses treize ans, lorsqu'elle avait passée sa ceinture orange.