chapitre 11 ◌ plan

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Le faible filet de lumière que laissaient passer les volets réveilla aisément Ophelia, ce matin-là comme tant d'autres. En se redressant, elle fut un instant désorientée mais se rappela vite l'endroit où elle se trouvait. Un petit hôtel près de la côte Mahr. Qui aurait cru qu'elle se retrouverait un jour à la place de ceux qu'elle méprisait ?

À côté, adossé à la tête de son propre lit, Eren cessa de contempler le mur face à lui lorsqu'il se rendit compte que sa colocataire avait ouvert les yeux.

— Enfin, ironisa-t-il.

Ophelia se passa une main sur le visage sans prendre la peine de répondre. Cette remarque n'était même pas pertinente. Elle dormait à peine, et ce depuis des années. Toujours vigilante, toujours en train de réfléchir à tout et n'importe quoi en même temps. Son visage fatigué pouvait en témoigner.

— T'as pas dormi ? parvint-elle à demander, étonnée de le découvrir si vivace dès le matin.

— Si, un peu.

Il ne parut pas étonné lorsque la jeune femme se mit à ricaner.

— C'est si facile de deviner quand tu mens.

— Peu importe. On a plus important à régler, non ?

— Oh, c'est « on » maintenant ? s'amusa Ophelia.

Contrarié, Eren soupira bruyamment tout en se déplaçant pour s'asseoir au bord de son lit et lui faire face. Seulement séparés par un ou deux petits mètres, ils s'observèrent un instant sans un mot. Ophelia rangea ses longs cheveux noirs derrière ses oreilles, offrant sans le vouloir une meilleure vue sur son visage aux traits si délicats qu'on en oublierait presque le caractère impétueux qui se cachait derrière. Elle laissa son regard azur passer brièvement entre les larges épaules du jeune homme face à elle, glisser le long de son torse nu avant de se contraindre à reporter son attention vers son visage pour lui offrir un sourire qu'il ignora.

— Qu'est-ce qu'on fait ? Tu dis que t'es prête à m'aider à trouver Sieg, alors dis-moi. Rester ici plus longtemps serait inutile.

— C'est vrai. C'est pour ça qu'on doit aller vers Revelio.

Le brun fronça les sourcils, confus.

— T'as une idée pour nous faire entrer dans Revelio ? C'est impossible.

— Pas dans le camp des Eldiens, idiot. Mais ne dis pas que c'est impossible, ça risque de me tenter, plaisanta Ophelia. On peut rester en ville sans passer les murs. Le camp d'entraînement de l'unité des guerriers est à l'extérieur, de toute manière. On n'a qu'à y aller et s'installer dans une auberge comme celle-là. Sieg est le guerrier le mieux placé, ce sera pas compliqué de le croiser près du QG. Je peux m'arranger pour aller-

— Tu te rends compte du nombre d'incohérences dans ton plan ? l'interrompit Eren, agacé. Comment tu veux être logée où que ce soit avec le peu d'argent qu'on a ?

Cette remarque poussa la jeune femme à lever les yeux au ciel, ce qui ne rassura en rien son coéquipier.

— Tu me sous-estimes ! lui reprocha-t-elle. Problème suivant, j'ai déjà pensé à celui-là.

— Quoi ? Mais comment tu-

— Problème suivant.

Le Jaeger lui jeta un regard noir, mécontent de ne pas savoir ce qu'elle avait en tête. Mais, encore une fois, il était impossible de la comprendre sur bien des points, et encore plus de prédire ses agissements.

— Les Azumabito ont parlé d'un conflit, non ? Tu penses que c'est une bonne idée de se rapprocher de l'armée maintenant ?

— Ils ont mentionné les tensions du côté du Moyen-Orient, oui, mais ils avaient pas l'air très bien renseignés, répondit Ophelia en haussant les épaules. Si un conflit a vraiment éclaté, alors il sera vite réglé, ils n'ont qu'à envoyer les guerriers au front. Dans ce cas-là, je suppose qu'il faudra revoir un peu notre stratégie. Mais pour l'instant, autant se contenter d'aller voir par nous-mêmes s'ils sont là ou pas, non ?

𝐑𝐈𝐒𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐅𝐀𝐋𝐋.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant