chapitre 35 ◌ larmes

1.5K 99 198
                                    

Ophelia devait bien avouer qu'elle avait été surprise par le choix de leur prochaine destination. Les mains attachées, encadrée de trois pro-Jaeger, elle observa le peu de la ville de Shiganshina qu'elle put apercevoir avant qu'on ne l'emmène à l'intérieur du site militaire. Elle avait bel et bien passé le trajet à chercher un moyen de s'échapper avant de se retrouver en cellule, sans ne trouver aucune solution efficace. Ainsi attachée, elle n'avait aucune chance d'attaquer seule et de s'enfuir. Ce n'aurait été qu'une perte de temps.

— Vous savez que je peux être utile, pas vrai ? Vous n'avez aucune raison de m'enfermer, tenta-t-elle avec ennui.

— Les ordres sont les ordres.

— Avouez surtout que vous attendiez impatiemment ce moment, rétorqua la jeune femme en levant les yeux au ciel.

Alors qu'ils empruntaient un nouveau virage, le soldat situé à sa droite, celui à qui elle venait de parler, lui lança un regard qu'elle jugea trop méprisant à son goût.

— Personne ne veut d'un des caniches de Mahr en liberté.

— Caniche, répéta Ophelia avant d'acquiescer. Pas mal, celle-là. Tu sais que je suis autant Eldienne que toi, pas vrai ?

— T'es une Eldienne qui a préféré se tourner contre son peuple en travaillant pour les Mahr. J'ai rien à voir avec toi.

— Alors, techniquement, je suis juste née sur le continent Mahr. Je sais pas pour toi, mais moi, on m'a pas vraiment laissé le choix concernant l'endroit où je voulais grandir. Et si tu réfléchissais quelques secondes, sourit-elle, tu te rendrais compte que j'avais pas vraiment l'occasion de vivre en fonction de mes propres convictions, jusqu'à récemment. Mais pourquoi je me justifie, de toute façon ? Les ignorants changent rarement d'avis. Puisque, tu sais... ils ignorent.

Agacé par son insolence, le jeune homme la couvrit d'un nouveau regard haineux. Mais ce ne fut pas cette attitude menaçante qui lui fit écarquiller les yeux de surprise. Non, ce qui la prit de court fut bien la main du soldat situé derrière elle qui tira brusquement le pro-Jaeger en arrière.

Forcée de s'arrêter, Ophelia eut besoin de quelques courtes secondes avant de se trouver capable de réagir. Un de ses trois gardes venait de se retourner contre son propre collègue, ce qui lui donnait enfin l'occasion de se tirer de là. Elle le réalisa quand le dernier du trio voulut l'attraper par le bras pour l'éloigner de ce traître qu'elle ne prit pas la peine de regarder. Sans réfléchir plus longtemps, elle asséna au soldat un coup bien placé dans le genou malgré sa propre jambe encore faible et, usant des liens qui emprisonnaient ses poignets, les pressa contre sa gorge autant que possible tandis que son nouvel allié en venait aux mains avec l'autre. Quand il voulut se débattre, elle bloqua ses bras à l'aide de ses jambes et serra les dents pour appuyer plus fort, jusqu'à sentir sa victime céder à l'immobilisme et perdre connaissance.

Essoufflée, Ophelia ne fit pas attention au soudain silence qui avait envahi le couloir et s'apprêta à se relever quand la même main qui avait lancé les hostilités la força à le faire en vitesse. Son dos cogna le mur le plus proche et un regard se planta dans le sien. Elle sut immédiatement qu'il lui était familier, mais il était trop improbable de le croiser ici pour qu'elle ne se montre pas sceptique.

— Porco ?

— Mourir après t'être pris deux balles sur le toit d'un bâtiment détruit de Revelio... Trop classique pour toi, hein ?

Perdue, la jeune femme détailla rapidement le guerrier du regard et fronça les sourcils. Il s'était parfaitement remis de leur dernière attaque - et elle était contente de le constater malgré tout, mais comment pouvait-il se trouver ici, vêtu d'un uniforme complet du Bataillon d'Exploration ?

𝐑𝐈𝐒𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐅𝐀𝐋𝐋.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant