Chapitre 6 - Le mauvais véhicule

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— T'es sûre que tu veux pas qu'on t'amène ? a insisté Juliette depuis la salle de bain.

Quelle n'avait pas été ma surprise quand j'avais appris qu'elle allait à cette fête, elle aussi... Après tout, c'était logique : elle était au lycée maintenant, et comme je l'avais dit : Cameron Lee invitait tout le monde. Mais j'avais oublié ce détail l'espace d'une journée et quand j'étais arrivée à la maison tout à l'heure, je n'en avais pas cru mes oreilles.

— Non, ça ira. Cam m'a dit qu'il trouverait un moyen et comme il a oublié de me donner son numéro (j'étais persuadée qu'il l'avait fait exprès pour que je ne puisse pas me décommander à la dernière minute), je ne peux pas changer d'avis.

— Cam ? Tu appelles Cameron Lee, « Cam » ? s'est étonnée Juliette en passant la tête dans le couloir.

J'ai haussé les épaules et pris un air innocent.

— C'est comme ça qu'il m'a dit de l'appeler.

Juliette a levé les yeux aux ciel et est carrément sortie de la salle de bain, me pointant avec sa brosse comme si c'était une arme.

— Oh, arrêtes de faire genre que tu ne te rends pas compte de ce que ça veut dire. Tu rentres dans un cercle restreint pour ta dernière année de lycée, c'est juste trop la classe !

Oui, bon, j'avoue, j'étais au courant. Comme je vous l'ai fait comprendre un peu plus tôt, Cameron Lee était riche, beau et populaire. Il faisait cette fête depuis des années et tout le monde rêvait plus ou moins de se retrouver dans ses petits papiers. D'autant plus que le garçon était du genre sociable et qu'il faisait rarement un traitement de faveurs à son entourage.

On pouvait trier sur le volets ses vrais amis, ceux qui l'appelaient « Cam », et comme venait de le faire remarquer Juliette, j'en faisais maintenant partie. J'avais du mal à comprendre, d'ailleurs. Ça s'était passé très vite et je ne savais pas comment j'avais réussi à me démarquer parmi son millier de relations.

Mais il fallait dire qu'on s'entendait quand même super bien, qu'il me faisait mourir de rire et qu'on pouvait entretenir des conversations idiotes pendant des heures. Donc, au lieu de penser que j'étais exceptionnelle et que c'était pour ça que j'avais attiré l'attention du grand Cameron Lee, je me suis juste rendue compte d'une chose essentielle : ce garçon était un ado comme les autres et il avait eu le même coup de cœur amical que moi j'avais ressenti pour lui.

— Tu sais, Ju, il est vraiment sympa. Je suis sûre que si tu arrives à lui parler ce soir, toi aussi tu pourras être son amie.

J'ai vu les yeux de ma cousine briller d'espoir. Elle a poussé un soupir excité et a foncé dans la salle de bain pour finir son chef d'oeuvre.

— N'empêche, tu évites le sujet, mais on sait toutes les deux la vraie raison qui te pousse à refuser ma proposition.

J'ai froncé les sourcils tout en étalant un pantalon fluide sur mon lit.

— Comment ça ?

— C'est la mère de Lily qui nous accompagne et tu ne veux surtout pas te retrouver avec elle et sa fille.

Oui, car, comme Neven assistait à cette petite sauterie, Lily en faisait partie également. Le contraire m'aurait étonnée. Et Juliette avait vu juste : la principale raison qui me poussait à décliner son offre, c'était parce que je ne voulais pas me retrouver coincée dans la petite Mini des Adams.

Elles n'auraient de cesse de me parler de mon retard d'éveil, de la bizarrerie que c'était et de la différence avec Juliette. Ce n'était pas une hypothèse : je les connaissais bien.

L'Éveil d'AlyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant