Chapitre 14 - L'exposé périlleux

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Le départ de Nathan a marqué le début de la plus ennuyeuse des routines. Après ma mésaventure dans Silverwood, je me suis montrée plus méfiante en traversant le sentier et Juliette m'a imitée, simplement parce qu'elle pouvait sentir ma peur et que ça l'effrayait, elle aussi, même si elle ne le reconnaissait pas à voix haute.

Sinon, tout est resté désespérément normal : je me suis rendue chaque jour à l'école, j'ai assisté aux leçons, j'ai côtoyé Kitty, je me suis chamaillée avec Lily. Juliette a fini par arrêter de rentrer avec moi pour se rendre avec ma pire ennemie au Coven de Ryneshire chaque soir afin d'exercer la magie.

J'ai donc pris l'habitude de passer une partie de mes soirées en tête à tête avec mes parents, ce qui n'était pas toujours agréable et qui faisait peser l'absence de mon frère encore plus fort. Néanmoins, quelques détails avaient changé : Cameron et Neven semblaient avoir définitivement permuté leurs places faisant du beau Arsher mon voisin quotidien.

Celui-ci ne me parlait pas beaucoup, il ne cessait de récolter des rumeurs quant à ses conquêtes, pourtant j'avais l'impression qu'il m'avait toujours à l'oeil ce qui me stressait pas mal. Je finissais par en rêver la nuit : il m'arrivait régulièrement de voir ses yeux, derrière ma fenêtre, fixés sur moi.

Ça me filait la chair de poule.

Et puis il y avait Cameron. Ce garçon était génial. Je l'adorais et lui aussi, je pense. Il s'était intégré assez facilement dans le duo super select que nous formions, Catherine et moi, et mangeait régulièrement à notre table. S'il ne venait pas, c'était nous qui nous joignions à lui – et j'essayais tant bien que mal d'ignorer la nouvelle victime qui tournait autour du beau Neven.

Pendant ces repas, je devais me forcer d'éviter son regard : la seule fois où je l'avais croisé, je n'avais plus réussi à rompre notre connexion avant la fin du repas et j'avais failli, poussée par la tentation, lever la main afin de le toucher à nouveau et de savourer les sensations inédites que faisait naître son contact en moi.

Des fois, je me demandais si les autres filles le ressentaient, elles aussi, ce magnétisme. Si c'était la raison pour laquelle il attirait l'attention de toute la gente féminine comme un pot de miel envoûtait les abeilles. Mais évidemment, je n'avais jamais rien demandé de peur d'être la seule et de passer pour une folle.

Finalement, le détail qui faisait changer la donne, celui qui me permettait de mettre de côté le fait que Nathan n'était plus là, que je n'avais toujours pas fait mon éveil et que j'en étais arrivée à m'imaginer des montres insensés dans les bois, c'était ma nouvelle amitié avec Cameron Lee. Encouragée par Kitty qui l'avait adopté, je passais le plus clair de mon temps à ses côtés.

Parfois, je me disais que c'était fou. Je repensais à l'année dernière, celle d'avant où à la totalité de mon collège et je m'insultais mentalement, condamnant les idées reçues que j'avais pu récolter à son propos et qui m'avait fait manquer tant de temps avec lui. Ce garçon était génial, plus les jours passaient et plus il se creusait une place dans mon cœur, devenant un ami proche.

Il était aussi à l'origine d'un début de vie sociale dont Kitty et moi manquions cruellement, selon lui. La punition sur mon téléphone levée, on avait échangé nos numéros et il m'insérait maintenant dans toutes les conversations possibles et imaginables. Je savais donc, au mois d'octobre, que j'avais déjà trois fêtes de prévues pour le mois de novembre, quand j'aurais de nouveau la permission de sortir.

Cette situation était surréaliste. Et Juliette ne manquait pas de me le faire remarquer : si l'on s'entendait mieux depuis son éveil, ce n'était pas le cas avec Lily et celle-ci était verte de jalousie concernant la relation privilégiée que j'avais bâtie avec Cameron Lee.

L'Éveil d'AlyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant