— Mais pourquoi t'es pressée comme ça ? Arrête de bouger tu me donnes le tournis !
Ma mère a essayé de me frapper et je l'ai évitée de justesse en lui tirant la langue et en me mettant à arpenter le couloir de long en large de plus belle. J'avais beau ne rien avoir dit à propos de Neven et de son retour, Juliette avait compris ce qui m'arrivait et me lançait des regards moqueurs tandis que je sautillais, intenable.
Dans moins d'une heure, j'allais le retrouver. Je m'étais accrochée à mon téléphone toute la nuit en espérant recevoir des nouvelles qui n'étaient jamais apparues. Excepté quelques messages désolés de Kitty m'expliquant qu'elle n'était pas à Ryneshire ce week-end, ma boîte de réception était aussi vide que le sens des phrases de Jean-Claude Van Damme.
— Bon, allez. On y va. Alya, tu sors la première et tu fais le tour de la maison en courant, sinon je t'assure que je t'étripe.
J'ai ri face à l'agacement de ma mère puis me suis engouffrée dehors, avalant un bol d'air frais revigorant. Je ne tenais plus en place. Sincèrement, si ça n'avait pas risqué de me mettre en retard, j'aurais obéi à ma mère et fait un petit jogging autour du notre foyer.
Quelques minutes plus tard, mon père et Juliette ont émergé de la terrasse, les membres tremblants et des nuages de buée se formant au coin de leurs lèvres. J'ai souri face au nez de ma cousine, rougi par le froid.
— Bah alors, on ne supporte pas les températures de novembre ?
Juliette a levé ses magnifiques yeux verts au ciel.
— Désolée mais ce n'est pas dans ma culture. À Séoul, même si les températures sont basses, on a toujours un rayon de soleil pour nous réchauffer. Ici... (elle a jaugé le temps d'un air hautain) il fait juste moche.
Sa remarque m'a fait glousser.
— Non mais quelle diva tu fais ! T'as vécu presque aussi longtemps à Ryneshire qu'en Corée du Sud, ma vieille. Arrête de faire genre que c'est nouveau.
— Écoute, on ne se refait pas. Mes origines restent là-bas, quoi qu'il arrive.
Sur ce, elle m'a décoché un clin d'œil avant de galoper jusqu'à la voiture pour se protéger du froid glacial. Je me suis frottée les mains et l'ai suivie d'un pas rapide. Je faisais peut-être la maligne, mais en réalité, cette matinée était particulièrement glacée et mes doigts étaient tout engourdis.
Le trajet s'est déroulé en silence, chacun se réveillant progressivement. Nous avons traversé la forêt de Silverwood, faisant des détours pas possibles histoire d'éviter de s'approcher d'une des deux scènes de crime qui avaient eu lieu ici.
Quand on a enfin rejoint la nationale, nous étions en retard et papa a appuyé sur le champignon.
— On ne pourra pas te ramener ce soir, Alya. Juliette a cours de magie après l'école et il faudra que ta mère l'amène.
— Ouais, je sais.
Non, on ne m'avait pas prévenue. Mais je préférais faire semblant d'être au courant plutôt que de montrer combien ce comportement me blessait : ils étaient tous aux petits soins pour Juliette. C'était bien, elle était en sécurité... mais en attendant, qui me protégeait moi des méchants ? D'accord, je n'étais pas leur cible numéro une, mais quand même !
Le bois qui entourait notre maison était le terrain de chasse des meurtriers, comment se faisait-il qu'ils ne soient pas un minimum plus inquiets pour moi ?
— S'il te plaît, rentre le plus tôt possible et envoie-nous des messages en arrivant, a repris mon père, sans s'apercevoir de ma morosité nouvelle.
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L'Éveil d'Alya
Dla nastolatkówAlya Clarke descend d'une longue lignée de sorcières. Du haut de ses dix-sept ans, elle n'attend qu'une chose : son éveil, le moment où elle pourra enfin intégrer le Coven des sorcières de Ryneshire et assister aux cours de l'école de magie. Malheur...