Twilight: Sublimation

Prologue: L'enlèvement

Le soleil n'aurait probablement pas envoyé son premier rayon ce matin-là s'il savait ce que sa lumière allait révéler au grand jour. L'œil curieux qui aurait osé s'aventurer dans cette forêt brumeuse, n'en serait pas sorti indemne. Peut-être que l'astre n'a pas sa place en tant que celui à qui il faut jeter la pierre tout compte fait, peut-être même que l'obscurité aurait pu en témoigner. Il est d'ailleurs très probable que cette dernière l'aie fait.

Les Dawson étaient une famille des plus ordinaires. Mary Dawson était puéricultrice, tandis que Jeff, son mari, travaillait dans les chantiers navals. Leur heureux mariage a donné la vie à une petite Chloé. Petite fille au caractère intempestif, aux cheveux noirs comme le charbon et aux traits arrondis autour du menton, comme ceux de n'importe quel enfant de son âge.

Ce jour-là, les Dawson partaient en voyage. Leur direction : la Caroline du Sud. Originaires du Maine, la famille profitait de l'été pour partir chez les parents de la mère faire le plein de mélanine. Fuir le climat trempé de cet Etat du nord était leur délivrance annuelle.

Entre Portland dans le Maine et Charleston, il y avait plus de seize heures de route, quinze si le trafic était favorable. La famille partait donc en milieu d'après-midi la veille donnant l'occasion à Chloé de se délecter des cieux roses de la Pennsylvanie au crépuscule et de son coucher de Soleil. Une fois le soleil disparu et la nuit bien entamée, les Dawson avaient pour habitude de s'arrêter sur une aire de repos le long de la route quatre-vingts une, non loin de Harrisburg, une habitude qui subsistait depuis maintenant huit ans.

Au petit matin, Chloé se réveillait emmitouflée dans sa couette au milieu de son petit lit dans la caravane que la voiture tractait. Et ce matin-là, Mme Dawson prenait son café tandis que son mari récupérait encore de la route.

Une légère brume recouvrait le lac qui se trouvait non loin de là, Chloé pouvait le voir à travers les longs arbres qui peuplaient la zone. Attrapant son ours en peluche qu'elle ne quittait jamais, Chloé prit l'initiative de s'aventurer entre les géants de bois.

- Chloé, ma chérie.

La voix cristalline de sa mère la retînt pendant un instant. L'enfant se retourna, les paupières encore collantes, et tentant de discerner sa mère qui était à quelques mètres déjà.

- Où vas-tu ? Tu n'as pas encore déjeuné, poursuit-elle.

- Je n'ai pas faim et je veux montrer la forêt à Doudou.

-  Doudou la connait déjà la forêt ma puce.

- Il ne s'en rappelle plus très bien.

Mme Dawson eut cette expression sur son visage que toute mère adopte lorsque son enfant à la carapace encore trop fragile, décide subitement de se donner des ailes. Mais pesant le pour et le contre, le risque était négligeable. Les Dawson connaissaient bien cet endroit, et d'autres familles se réveillaient à leur tour sur l'aire de repos.

- Bon d'accord, mais ne va pas trop loin.

- Oui maman.

L'enfant s'élança. Son ours en peluche voltigeant derrière elle, n'était retenu que par le bras. L'aube donnait à cette forêt une teinte jaune doré. Le dessin de la silhouette des arbres était prononcé avec la lumière qui transperçait la brume matinale.

Avançant d'un pas rapide, Chloé se retourna tout de même, voulant s'assurer qu'elle ne s'éloignait pas trop du camp. Elle pouvait encore entendre les voix des autres voyageurs qui sortaient de leur sommeil.