Lorsqu'il se réveilla, le contraste fut si éblouissant qu'il dut refermer les yeux.
Partout, du blanc. À perte de vue. Il rouvrit lentement ses paupières, laissant à ses pupilles le temps de s'habituer à la lumière. Il put alors observer son environnement. Et ce qu'il vit l'horrifia.
Des lits, blancs. Des vitraux qui déversaient la lumière à pleins flots. Des néons au plafond.
Il était à l'infirmerie de Poudlard. En un sursaut, il réalisa que même cette année il avait eu le droit d'y passer du temps. Après tout, ne pas y aller aurait été un véritable miracle.
Il retint une grimace en voyant Mme Pomfresh s'approcher de lui.
— Enfin réveillé. Une semaine que vous avez passée ici. Le directeur ne devrait pas tarder, ainsi que la sous-directrice, dit-elle assez brusquement, ce qui l'étonna.
Dans le futur, elle était vraiment maternelle avec lui, se rendit-il compte.
Soupirant, il passa une main dans ses cheveux, comme à son habitude lorsqu'il était stressé, énervé ou perdu. En l'occurrence, il ressentait les trois à la fois. Il remarqua tout de suite que quelque chose avait changé. Ses cheveux n'étaient pas en bataille - une grande première - et lui paraissaient légèrement plus courts, quoiqu'ils n'aient jamais dépassé une certaine taille. Pétunia ne l'aurait pas toléré, et l'habitude était restée.
— Excusez-moi, madame, est-ce que je pourrai avoir un miroir, s'il-vous-plaît ?
Interloquée face à la demande inhabituelle, elle s'en alla en chercher un dans son bureau, le laissant seul face à ses pensées.
Visiblement, il était bien dans le passé, et à Poudlard. Il se demanda vaguement comment on l'avait trouvé avant de réfléchir au moyen de persuader Dumbledore de lui faire confiance. Au pire, il pourrait l'obliger de le soumettre au Veritaserum - ce qu'il ne préférait pas. A coup sûr, il en profiterait pour en savoir plus que ce qu'il ne devait. Ou alors, il pourrait proposer qu'il utilise la Legilimencie. Et sinon, inventer un mensonge de toutes pièces...
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps que Mrs Pomfresh revenait avec l'objet dans les mains. Le positionnant devant son visage, Harry eut toutes les peines du monde à éviter de s'étouffer avec sa salive et à garder son calme.
Ce n'était pas lui.
Le jeune homme de vingt ans qui se regardait dans la glace avait les cheveux châtains avec quelques reflets auburn. Les traits du visage étaient moins marqués, le nez moins busqué, les lèvres légèrement plus fines. Et des yeux d'un marron profond. Sans lunettes. Son front était vierge de toute cicatrice.
Ce n'était pas Harry Potter. C'était un inconnu.
Il n'eut pas le temps de s'apitoyer plus longtemps sur son sort. La porte de l'infirmerie s'ouvrit en grand, et Harry dut se retenir à la fois de se jeter dans les bras de son futur mentor, de lui crier dessus et aussi de se mettre à pleurer. Il était suivi par son ancienne directrice de Maison.
Dumbledore n'avait pas beaucoup changé, mais Harry doutait que vingt ans de plus ou de moins se voient sur le directeur. Il avait la même robe violette, la même barbe et les mêmes lunettes que dans le futur.
Il se retira derrière ses barrières d'Occlumencie pour reprendre contenance, puis décida d'y rester en voyant Dumbledore le regarder droit dans les yeux.
Après la guerre, au vu du chaos qui régnait, il avait beaucoup travaillé sur ses barrières mentales. Il avait fini par comprendre que "vider sa tête" signifiait "faire du rangement" après avoir dévalisé la bibliothèque sur le sujet. Il avait alors créé une pièce imaginaire dans son cerveau, et y enfermait eu fur et à mesure ce qu'il voulait garder secret. Cela avait très bien fonctionné, et il espérait que ses barrières mentales étaient suffisamment fortes pour repousser l'attaque de Dumbledore. Visiblement, c'était le cas, car il prit un air déçu et étonné avant de se reprendre.
— Et bien, mon cher, vous nous avez fait une belle frayeur.
Harry pouvait voir qu'il se tenait sur ses gardes et que sa baguette était à portée de main. Instinctivement, il sut néanmoins que Dumbledore lui faisait confiance. Ou qu'il était suffisamment intrigué pour vouloir des réponses avant d'attaquer.
— Je... Que s'est-il passé ? réussit-il à bafouiller.
— On comptait sur vous pour une réponse, répondit Dumbledore. Tout ce que je sais se résume au fait que l'on vous a trouvé étendu dans un couloir au troisième étage, assez mal en point, je dois le dire. Mme Pomfresh a recensé une forte baisse de magie dans votre noyau, mais rien de bien grave, elle vous a rafistolé ça en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Une idée germa dans son esprit, et il décida de faire confiance à son instinct.
— Je m'appelle Harry, Harry Verlaim.
Il espérait grandement que le nom serait facile à retenir, et estimait son prénom assez neutre pour se permettre de le garder. Et avec sa mémoire, autant ne pas trop lui en demander.
— Mes parents sont d'origine française, mais j'ai toujours vécu en Angleterre. Jeune, j'ai été scolarisé à la maison, et, il y a une semaine, les Mangemorts nous ont attaqué en raisons de notre ascendance, et de nos idées politiques. Un sort m'a envoyé ici, c'est tout ce que je sais.
Il se demandait vaguement d'où cela lui était venu, mais il restait en ce moment focalisé sur le visage de ses professeurs. McGonagall avait perdu son air strict et Dumbledore était pensif. Il savait qu'il en avait révélé assez pour se dédouaner à leur égard et leur faire comprendre qu'il n'était pas Mangemort, mais qu'il avait piqué la curiosité du directeur. Parfait.
— Que faisiez-vous comme travail ? demanda la sous-directrice.
Le mensonge lui vient aussi facilement que le premier.
— J'étais professeur à domicile, madame.
— Quelles matières ?
Elle avait l'air ravi de se retrouver devant un professeur, et, assemblant ses idées, il en vint à la conclusion qu'elle cherchait à l'embaucher. Après tout, le poste de Défense Contre les Forces du Mal était encore maudit à cette époque.
— Défense Contre les Forces du Mal, surtout, mais s'il fallait enseigner autre chose, je m'en occupais. Tant que ce n'était pas les potions... Quoique je me suis beaucoup amélioré.
Décidant qu'elles pouvaient être nécessaires dans certains cas de figure, il avait effectivement énormément travaillé, avec Hermione, dessus. Ron se joignait parfois à eux, mais n'avait jamais autant fait d'efforts qu'Harry. Il avait l'air plus intéressée par la professeure que par le cours.
— Très bien, Mr Verlaim, nous allons vous laisser vous reposer.
Se levant, Dumbledore quitta d'un pas digne l'infirmerie.
Étape une réussie, se réjouit-il pour lui-même. Dumbledore allait fouiner un peu pour vérifier la véracité de ses dires, mais il n'était pas inquiet là-dessus. Harry savait que le ministère avait les papiers. Il serait sans nul doute embauché pour la rentrée prochaine, ce qui lui convenait parfaitement. Il aimait enseigner.
Après la mort d'Hermione, Harry avait dû beaucoup apprendre par lui-même, et s'était mis à travailler le double de l'ordinaire pour devenir un peu plus indépendant. Il avait acquis une puissance magique extraordinaire et connaissait des sorts assez avancés pour se défendre seul en cas de besoin. Et il aimait vraiment se retrouver avec des élèves à qui faire partager son savoir.
Il avait hâte que Dumbledore passe au ministère vérifier ses dires et l'embauche. Après tout, il le ferait sans aucun doute. Pourquoi chercher un autre professeur alors qu'il en avait un juste sous son nez ?
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Poudlard à l'appareil
FanfictionUn voyage dans le temps et hop ! Harry Potter est chez les Maraudeurs. Pour éviter les morts, les pleurs, la douleur, la crise économique, le monde sorcier en ruine. Et les problèmes commencent. Le premier ? Éviter Dumbledore et sa perspicacité. Le...