Poudlard à l'appareil

Chapitre 19 : Le journal de Tom Jedusor

Le soir tombé, le manoir Malefoy donnait des frissons dans le dos. La structure imposante, les jardins démesurés, les haies parfaitement taillées, le silence angoissant, total, et l'allée bordée de hauts arbres avaient de quoi en décourager plus d'un. Il se détachait, masse imposante sur le ciel bleu sombre, quelques étoiles disposées au-dessus. La lune, blafarde, en découpait la silhouette.

Harry sentit de la sueur couler dans son dos au souvenir de ce qu'il s'y était passé lorsqu'il y avait été emprisonné par une bande de Rafleurs. Les cris d'Hermione et le souvenir d'Ollivander, pâle et maigre, ne l'avaient jamais quitté. Le seul point positif de cette visite forcée était qu'il connaissait maintenant l'emplacement de la demeure et avait pu en fournir à l'Ordre ses coordonnées, qui ne les connaissait pas à cette époque.

Toujours était-il que le manoir s'était brusquement vidé, d'après Maugrey qui était de surveillance ce soir-là, plus personne n'y était resté. Sans doute, les sbires de Voldemort avaient-ils un plan pour la soirée. Quoi qu'il en soit, il serait sans doute mentionné le lendemain dans le journal. Il lui faudrait faire vite.

Harry s'y était aussitôt rendu, bien qu'aucun journal intime n'y ait été aperçu.

Dans un petit claquement, il se transforma en tigre.

Comme il s'en doutait, les barrières du manoir ne l'avaient pas repéré. Après tout, Poudlard avait longtemps été considéré comme inviolable, alors que plusieurs intrusions avaient été réalisées avec des sorciers métamorphosés, et c'est seulement après la capture de Rita Skeeter par Hermione que Dumbledore avait rajouté des protections à sa demande.

Il se glissa donc entre deux barreaux de l'énorme portail en fer forgé sans dommage (c'est à ces moments qu'il remerciait les Dursley pour les périodes de famine qu'il devait endurer et qui l'avaient toujours placé sous la moyenne de poids des personnes de son âge), puis se dépêcha de rallier l'arrière de la demeure en longeant le plus possible les frontières du parc qui entourait le manoir. Comme il s'y était attendu, une porte de service s'y trouvait, typique des vieilles maisons. Il se retransforma et s'approcha pour tenter de tourner la poignée de la porte. Rien ne se produisit.

Il jura et sortit sa baguette pour lancer un Alohomora. La porte s'ouvrit en un affreux grincement. Il espéra que personne ne l'avait entendu, et que personne ne chercherait à trouver des traces de magie étrangères aux habitués des lieux.

Il entra, pour se retrouver dans une ancienne cuisine. Tous les meubles étaient couverts de toile d'araignées, de poussière et de fientes d'oiseaux. Il ricana en imaginant la tête de Draco Malefoy – qui passait son temps à se vanter de son manoir – s'il savait l'existence de cette pièce.

En prenant garde à ne pas faire bouger une pile branlante de chaises dépareillées, il traversa la pièce pour ouvrir une porte de la dizaine de portes qui s'alignait au bout de la pièce. Il tomba nez-à-nez avec une immense salle de bal figée au dix-huitième siècle.

Comprenant que le manoir était un véritable labyrinthe, il ressortit sa baguette. Il ne tenait pas du tout à être pris au dépourvu par son pire ennemi, le temps.

— Pointe la cave, marmonna-t-il en la posant par terre.

La baguette hésita, tourna sur elle-même, s'arrêta, reprit sa course et pivota jusqu'à s'arrêter devant la porte la plus à gauche.

Elle grinça, et il dut forcer sur la poignée pour pouvoir se glisser dans l'interstice entre le battant et le mur. Devant l'obscurité totale qui s'offrait à lui, il alluma l'extrémité de sa baguette et descendit un escalier très raide, en bois brut, branlant et poussiéreux, agrémenté de quelques cadavres de souris. Sa baguette ne l'éclairait que peu, et il s'enfonçait toujours plus dans les entrailles du château, en espérant que l'escalier soutienne son poids. Enfin, il arriva dans une petite pièce ronde, où s'alignaient sur une étagère et contre le mur de vieilles bouteilles de vin. Une odeur de moisi et de renfermé lui monta à la tête, et il se lança un sortilège de Têtenbulle.