Love Convention

Nana s'en mêle

Anastasia tourne en rond.

Elle sait, elle a même senti qu'Harry et Louis sont destinés l'un à l'autre.

Bien qu'habituellement elle prend sur elle pour ne pas se mêler des affaires de son filleul, là elle bout d'impatience de savoir comment progresse les choses entre ces deux-là. Elle décide donc de "se poser" et prendre son téléphone pour appeler Harry.

Il est 6h50 lorsque le bouclé entend la sonnerie de son portable. Toujours au lit et un peu groggy il l'attrape sur la table de chevet et décide de répondre en voyant « Nana » affiché sur l'écran.

- Halo Nana, tout va bien ? s'inquiète-t-il d'une voix rauque, engorgée de sommeil.

- Non, ça ne va pas, je suis énervée et tout à fait contrariée répond la sexagénaire faisant sentir à Harry qu'elle trépigne des pieds.

- Mais pourquoi donc ? demande-t-il naïvement en se redressant pour s'appuyer sur sa tête de lit.

- Parce que tu ne m'a pas dit comment s'est passé ton rendez-vous avec Louis dit -elle froidement.

- Oh, toi aussi tu t'y mets ! soupire le bouclé.

- Que veux-tu dire par là, que je suis trop intrusive ? Je te rappelle que suis ta marraine et au moins ton ainée, alors choisi tes mots lorsque tu t'adresses à moi ! s'insurge Anastasia.

- Pardon Nana, dit piteusement Harry.

- Bien, je te pardonne cet écart de langage. Mais pour ce « toi aussi » j'aimerai savoir qui est l'autre, l'interroge la vielle dame.

- Liam...répond laconiquement son filleul.

- Liam, bien sûr dit-elle.

- Et bien quoi Nana ? se renfrogne Harry.

- C'est lui qui a appelé n'est-ce pas ? Tu n'as pas été fichu de nous donner des nouvelles ni à lui, ni à moi ! ronchonne-t-elle.

-Dis- moi ce qu'il s'est passé ordonne sa marraine.

...

- Désolé répond piteusement son filleul après un bref silence.

- Alors, explique-moi tout commence à s'impatienter la vielle dame.

- Et bien, disons que je crois avoir pris peur souffle Harry. Notre rendez-vous étais parfait, trop parfait...Il est adorable et à déjà subi bien des épreuves, je ne crois pas qu'il ait besoin de quelqu'un comme moi dans sa vie, explique-t-il.

- Ca y est, on en revient toujours à la même chose ! s'exclame Anastasia.

Harry s'imagine alors la belle dame au port altier et à la chevelure grise, presque couleur neige au milieu de son salon richement décoré.

Il l'imagine trépigner de frustration sur le fauteuil Louis xv qu'elle affectionne tout particulièrement dans cette pièce meublée notamment d'une bibliothèque chargée de livres anciens et de bibelots faits de cristal ciselé  également réceptacle d'un magnifique œuf de Fabergé rappelant ses attaches à la Russie ancienne, pays de ses ancêtres.

Elle doit avoir tiré les gros rideaux en velours ouvragé car ses yeux sont sensibles à la lumière et coquette comme elle l'est, elle ne porte pas ses lunettes sauf si cela est nécessaire.

- Je t'aime Nana dit-il subitement, pris par un élan d'affection pour celle qu'il considère comme « une grande Dame » comme ils disent en France, ce qui a pour effet de décontenancer légèrement l'intéressée.

- Moi aussi mon petit répond Anastasia la voix chevrotante sous le coup de l'émotion.

- C'est pourquoi je veux tellement ton bonheur. Je sais que tu n'as pas eu le contexte familial le plus adéquat pour ta construction, mais regarde le chemin que tu as parcouru rajoute-t-elle.

- Nana... sans toi je n'aurais rien pu faire dit Harry d'une voix grave et trainante, incapable de masquer sa gêne.

Décelant la détresse de son filleul, qu'elle considère comme son fils, Anastasia décide de changer « d'angle d'attaque ».

- Bon Harry tu sais bien que les jérémiades, ce n'est pas pour nous ! affirme-elle après s'être raclée la gorge et avoir ravalé les larmes perlant au bord de ses yeux.

- Donne-moi les détails ! demande-t-elle néanmoins sur un ton plus doux en se redressant dans son fauteuil.

- Disons que la soirée s'est bien passée. Tellement bien que je l'ai quitté en l'ignorant alors que je venais de l'embrasser...c'est un peu comme si j'avais « beugué », tu vois ? Explique le bouclé.

- Voir non, mais j'imagine très bien ton état d'esprit soupire Anastasia.

- Ah, Harry, tu es impossible ! s'exclame-telle en se reprenant soudain, laisse – moi m'en charger.

- Mais que vas-tu faire Nana ? S'inquiète soudainement Harry devant le ton déterminé de sa marraine car il sait bien que lorsque Anastasia à une idée en tête, elle est capable de tout ...

- Rien qui ne doive te préoccuper pour l'instant, mais par pitié, promets-moi d'avoir au moins la décence de présenter à Louis tes excuses la prochaine fois que tu le verras lui dit fermement la vielle dame.

- Promis Nana répond le bouclé, tout penaud.

Satisfaite de ces dernières paroles, la vielle dame raccroche alors qu'Harry ronchonne.

Non seulement il n'est pas agréable d'être réveillé aux aurores mais se faire en plus sermonner par sa marraine...La journée commence bien ! se dit-il.

- En même temps tu l'as bien cherché lui dit une petit voix dans sa tête.

- Ho la ferme, toi ! répond-il à sa conscience en se levant maladroitement pour se faire un café.

Pendant ce temps-là chez Anastasia...

Après avoir raccroché, la vielle dame pose son téléphone sur la table basse face à elle.

Elle se lève et tourne en rond quelques minutes en observant l'éclat de ses chères roses aux pétales magnifiées par l'aurore se dissipant puis revient s'installer dans son fauteuil. Elle se penche vers la table basse et ouvre une boite faite d'acajou et ornée d'une marqueterie en damier, souvenir de son cher époux, pour se saisir d'un Davidoff, cigare fin, qui sied parfaitement à une dame de sa condition.

Elle fume très rarement, d'autant que ses poumons ne le tolèreraient pas forcément à son âge, mais cela lui permet de réfléchir lors de situations qu'elle juge délicates ou complexes.

Aspirant et soufflant la fumée de la longue tige constituée de feuilles de tabac séchées, elle tente d'organiser ses idées et fait mentalement un point de la situation.

Après quelques instants de réflexion, elle en arrive au constat qu'elle aura besoin au moins d'une aide extérieure pour arriver à réparer les dégâts causés par son filleul et montrer à Louis Harry sous son vrai jour.

Immédiatement, Liam lui vient en tête. En effet il a toujours été là pour le bouclé et a su le recadrer et l'empêcher de « partir en vrille », comme disent les jeunes, lorsqu'il était rattrapé par ses vieux démons.

Elle prend alors une grande respiration et attrape son téléphone pour composer le numéro de Liam.

-Allo ? Entend-elle après deux ou trois sonneries.

- Bonjour Liam, c'est Anastasia se présente-t-elle simplement.

- Il y a un problème avec Harry ? se met immédiatement à paniquer le jeune homme.

- Non, calme-toi...enfin rien de vital, mais oui et j'aurai besoin de ton aide répond la vielle dame solennellement.

Merci à Domi pour ses corrections.