B.O.M.I. - Boyfriend Of My Imagination

¤ Chapitre 29 ¤

Léa

Je ferme la porte à clé, après avoir embrassé Matthieu. Nous avons passé une soirée fantastique, mais troublé par mes réflexions intenses quant à la situation actuelle et l'absence de mon frère au dîner. Mon père nous a cuisiné son fameux gratins dauphinois et je crois qu'il n'a jamais été aussi gouteux. Nous avons parlé de nos futures vacances en famille puis mes parents ont demandé à Matthieu des informations presque inutiles, mais qui leur permettent de se tenir au courant de la vie de mon petit-ami et d'en savoir plus sur lui. Daniel n'est pas descendu, je sais que ma mère l'espérait, mais il ne l'a pas fait. Elle veut tellement être proche de nous que ça peut en devenir étouffant, et Daniel ne le supporte pas.

Il a toujours eu de nombreux atomes crochus avec notre maman, ils se disaient tout jusqu'à me rendre jalouse. Malheureusement, arrivé à l'adolescence, il s'est complétement renfermé sur lui-même. Ma mère et lui se sont radicalement éloignés. Il s'est mis à sortir plus souvent, à rentrer et se lever tard, à ne plus nous parler. Ma mère, elle, s'est mise à s'inquiéter, à attendre désespérément ses retours de soirées arrosées, à me questionner sur ses activités nocturnes, ou encore à l'espionner. Il a découvert qu'elle avait demandé à certains de ses amis de lui donner des nouvelles à chaque fois qu'il se passait quelque chose à l'école ou lors d'une fête, ce qui ne lui a absolument pas plu, il s'est tellement énervé que j'ai cru qu'elle ne se remettrait pas de la bataille, et lui non plus. Il est allé vivre deux semaines chez mes grands-parents avant de revenir parce que ces derniers n'arrivaient pas à accepter la façon dont il avait traité toute notre famille pendant presque un an. Je suis allée le trouver dans sa chambre et lui ai expliqué ma façon de penser. Il ne s'était même pas rendu compte que ses mots avaient pu heurter la sensibilité de notre mère, mais les mots peuvent blesser plus que les coups. Il s'est excusé et, depuis cet incident, il est plus ouvert, mais pas autant que ma maman le voudrait. Je pense qu'elle lui en demande trop, et qu'il ne veut pas lui donner ce qu'elle aimerait recevoir.

Je me dirige vers la chambre de mon grand frère pour tenter d'avoir une conversation honnête. Une conversation entre frère et sœur.

Je perçois une mélodie jouée au piano à travers la porte de sa chambre. Depuis petit, il prend des cours, complétement passionné par cet incroyable instrument. Il s'est souvent réfugié dans un morceau de musique lorsque mes parents et lui avait des grosses disputes, ça lui permettait de faire comme s'il n'entendait pas ma mère toquer à la porte. Je l'admire pour cette façon qu'il a de se calmer rien qu'en usant majestueusement les touches, libérant dans l'air une splendide mélodie. Lorsque la musique résonne à mes oreilles, je comprends très bien le message, Daniel est bouleversé et ne souhaite pas être dérangé. Mais comme je suis sa petite sœur têtue qui n'en faut qu'à sa tête, je rentre quand même. Je toque en amont, juste pour être un minimum poli et je fonce m'asseoir sur son lit. Il termine son morceau au moment où je pénètre dans son espace personnel, comme s'il avait deviné que j'irais le voir dès que Matthieu serait parti, comme s'il m'avait sentie arrivé.

— Alors, frérot, expliques moi ce qu'il s'est passé.

Il se tourne vers moi, et me regarde si intensément que j'ai peur qu'il arrive à lire dans mes pensées.

— J'ai une question, est-ce que tu es amoureuse de Matthieu ?

Je gesticule sur ses draps, mal à l'aise.

— Euh oui... Mais je suis un peu surprise par ta question, je pensais que nous allions parler de toi et d'Eva.

— Elle est donc bien venue ici, je me disais bien que j'avais croisé la voiture de sa maman en rentrant à la maison.

— Je suis sa meilleure amie, c'est normal qu'elle soit venue me demander conseil.

Il acquiesce, la mine grave.