¤ Chapitre 18 ¤

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Léa

Installée dans mon lit, je me perds dans mes photos d'enfance. Sans paraître trop imbue de moi-même, je peux dire que la frange et les deux petites couettes qui constituaient ma coiffure m'allaient plutôt bien. La question reste à savoir si je serais toujours aussi mignonne aujourd'hui. Je me place devant mon miroir et rabat mes cheveux devant mon visage de sorte à visualiser ce que pourrait donner une frange. Le résultat est sans appel : c'est hideux. Je suis en train de tenter les couettes, une catastrophe au passage, lorsque mon téléphone sonne, affichant le numéro d'Eva, accompagné d'une photo de nous deux à la plage. Je l'attrape et décroche.

— Léa, j'ai absolument besoin de toi !, m'agresse Eva au moment même où j'entends le son de sa voix.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que tu vas bien ?, je m'inquiète directement.

Eva a le don de se mettre dans des situations improbables. J'ai pris l'habitude de prendre sérieusement tout ce qu'elle me dit sur ce ton.

— Oui, je vais bien, mais j'ai besoin que tu me rendre un immense service et, comme tu es la meilleure amie qui puisse exister sur Terre, tu peux bien faire ça pour moi !

Je soupire et réfléchis une demi-seconde avant lui donner ma réponse.

— Dis-moi, je cède.

— Alors, c'est assez simple, en fait. Il faudrait que tu te mettes sur ton trente-et-un pour m'accompagner au restaurant ce soir pour évaluer le rapport qualité prix.

— Mais de quoi est-ce que tu es en train de parler au juste ? Ton histoire ne tient pas la route. Cherche des avis sur Internet plutôt, je lui réponds.

— Mais nan, c'est pour un devoir de S.E.S. Je t'en supplie Léa, je ne veux pas y aller seule !

Bon. Si elle n'a pas d'autres choix, je peux bien faire ça pour elle.

— Bon, c'est d'accord...

— Génial ! Je t'envoie l'adresse par message et on s'y retrouve à vingt heures précises ! Et n'oublie pas de te faire belle !

— Mais attends..., je commence avant d'entendre le bip sonore indiquant la fin de l'appel.

Je n'y crois pas. Elle m'a raccrochée au nez.

Nous nous disputons continuellement pour savoir qui doit raccrocher. C'est comme un jeu entre nous. Mais le plus souvent, c'est bien elle qui est la plus rapide et que me coupe dans ma tentative.

Je l'écoute cependant et pars à la douche pour être prête. Il ne me reste que deux heures pour me préparer donc j'ai un peu de temps devant moi, mais il ne faut pas que je traîne si je ne veux pas être en retard. Lorsque je sors, je m'habille d'une petite jupe noire patineuse et d'un haut rose clair à dentelles, cadeau d'Eva pour mon anniversaire. Je me place devant le miroir et commence à me maquiller.

Mes pensées divaguent vers Matthieu. Enfin, je pense surtout au baiser que nous avons échangé, il y a de ça une semaine et demie. Avec étonnement, nous n'en avons pas reparlé, comme si tout cela n'était jamais arrivé. Je dois dire que je suis assez déçue, parce que j'ai l'impression que c'est un sujet tabou et c'est blessant parce que ce baiser a vraiment compté pour moi. Je me rends compte qu'il n'a pas dû être autant important pour Matthieu. Je le comprends et je ne le blâme pas pour ça : il pourrait avoir toutes les filles ou garçons qu'il veut, mais c'est moi qu'il a embrassé et je ne suis pas la plus facile à vivre. Je n'ai pas trop confiance en moi, je sais bien que les garçons me trouvent jolie, mais je ne pense pas être très intéressante et j'accumule un nombre incalculable de défauts, comme tous les humains me direz-vous. Je sais bien que personne n'est parfait, mais je ne peux m'empêcher de mettre plus de pression sur mes épaules. Je devrais déjà m'estimer heureuse qu'il m'ait donné l'opportunité de goûter à ses lèvres tentatrices.

B.O.M.I. - Boyfriend Of My ImaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant