¤ Chapitre 26 ¤

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Léa 

Prendre Eva et Maeva dans mes bras me fait un bien fou. J'ai enfin retrouvé le sourire, maintenant que tout s'est arrangé avec Matthieu, et que Sarah est sortie de l'hôpital, en meilleure santé. Heureusement que Maeva et Eva sont venues me sortir du lit il y a deux semaines, sans ça, j'aurais vraiment pris du retard sur les cours et mes parents auraient commencé à se poser des questions. Elles aussi semblent soulagées. Ma mauvaise humeur les a affectées, elles aussi. Et puis, elles se sentaient coupables, puisque c'est elles qui m'avaient conseillé d'aller voir Matthieu à l'hôpital. Mais peu importe le rôle qu'elles ont eu, c'est moi qui ai pris la décision finale. Ma réaction face au refus de Matthieu devant la chambre de sa sœur était disproportionnée, je l'ai compris. Je n'aurais tout simplement pas dû me rendre là-bas. Notre relation venait à peine de débuter et je me suis cru tout permis alors que je n'avais pas ma place dans cet endroit et surtout durant ce moment intime de la famille de Matthieu. Je n'étais pas la bienvenue, mais je le suis maintenant. J'ai l'impression qu'ils m'ont totalement intégrée, comme un membre à part entière. Et ça me touche profondément.

Puisque j'vais le moral dans les chaussettes, je ne faisais pas vraiment attention à ce qu'il se passait autour de moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais la stupide impression qu'aujourd'hui, en relevant les yeux pour la première fois depuis deux semaines, tout aurait été modifié. Mais ce n'est pas le cas. Les casiers sont au même endroit, la cantine n'a pas miraculeusement déménagé, les salles de classe se situent encore de chaque côté des longs couloirs remplis d'étudiants. Les regards de jugements des jeunes filles et garçons sont toujours dirigés vers les personnes dites « différentes ». Les jaloux ne cachent pas leurs haines. Ceux qui n'ont pas confiance en eux se démarquent par leurs visages dirigés vers le sol ou, à l'inverse, ils gardent la tête haute en espérant que les gens croient qu'ils ont de l'assurance. Mais ce n'est pas le cas. Je le sais bien, c'est ma technique favorite. Mon casier est vide lorsque je l'ouvre, puisque j'ai ramené toutes mes affaires à la maison ce week-end pour travailler. Je le remplis de nouveau en vidant mon sac de courses vert criard. Maeva pouffe en me regardant fouiller dans l'engin de malheur afin de récupérer les derniers stylos restants.

Au moment où je claque la porte de mon casier, j'aperçois Matthieu qui fend la foule d'élèves rassemblée devant le panneau d'affiche. Il a l'air encore plus attirant que d'habitude. Ou peut-être est-ce mon amour pour lui qui le rend encore plus magnifique à mes yeux. Non, je ne pense pas, et vu les regards que beaucoup de filles et de garçons lui lancent sur son passage, je le sais : il est splendide, ni plus ni moins. Mais la seule personne à qui il sourit et vers laquelle il s'avance sans ciller est moi, et uniquement moi. Il m'embrasse sous les regards ébahis et abasourdis des autres élèves. Mais là, j'ai vraiment autre chose à faire que de réfléchir à ce qu'ils pourraient penser de cette soudaine marque d'affection. Comme savourer les lèvres de mon charmant petit copain sur les miennes, par exemple. Nous nous détachons l'un de l'autre après quelques minutes. Il colle son front au mien alors que je m'appuie sur mon casier.

— Apparemment, personne ne s'attendait à ce que l'on soit en couple, je murmure.

Il hausse les épaules et me lance un rictus qui me fait fondre sur place.

Est-ce que j'ai déjà précisé qu'il était à tomber ?

— Ils finiront par s'y habituer.

Je ris doucement. Maeva claque des doigts entre nous deux, nous forçant à nous séparer.

— Allez, vous deux en cours, et qu'ça saute !, nous gronde Eva, en nous tirant vers la salle de classe.

Les professeurs eux ne sont pas ravis de me revoir sourire, eux. Madame Vialet, ma professeure de sciences et vie de la terre, me fait bien comprendre que sourire en classe n'est pas autorisé et que si je ne veux pas cacher ma « dentition éclatante », je vais sortir de son cours « et tout de suite ! ». Ce qui n'a fait qu'agrandir mon sourire.

B.O.M.I. - Boyfriend Of My ImaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant