B.O.M.I. - Boyfriend Of My Imagination

¤ Chapitre 21 ¤

Léa

J'ai toujours eu une grande fierté, ce qui ne m'a pas toujours causé que du bien. Aujourd'hui en est encore une preuve : je pourrais tenter d'aller parler à Matthieu pour que l'on puisse s'expliquer, mais je ne le fais pas. Je me suis rendue trois fois devant chez lui depuis nos deux semaines de séparation sans jamais avoir le courage d'appuyer sur la sonnette. Je pense que mon rapport aux autres est la principale cause. Je porte une importance toute particulière aux regards et à l'avis des gens qui m'entourent sur ma personne. J'ai donc une peur frénétique du rejet et de la honte. J'appréhende le rejet de Matthieu, parce qu'au vu de son comportement à l'hôpital, je doute fortement qu'il m'accueille à bras ouverts. Il pense sûrement que j'ai dépassé les bornes, et je ne peux pas le contredire.

L'épisode à l'hôpital date de deux semaines, mais étonnement, je n'ai pas revu Matthieu depuis cette date qui a sans aucun doute signé la fin de notre couple. Au début, je comptais me terrer chez moi, trop honteuse pour voir Matthieu à l'école, mais Maeva et Eva m'ont tiré du lit après seulement un jour de lycée manqué. Je n'ai pas voulu céder, mais lorsqu'elles m'ont annoncé que Matthieu n'était pas non plus en cours de la journée, je me suis dit qu'il y avait une chance, même infime, que je ne le recroise plus jamais. Je n'ai pas pris mes rêves pour la réalité et lorsque je suis retournée à l'école je m'attendais à le voir surgir de tous les coins, pour bien me rappeler que j'ai agi bêtement et que je mérite d'avoir honte de moi. Mais rien de tout ça ne s'est passé. Au contraire, même si je pense toujours qu'il marche à côté de moi alors que j'avance dans les couloirs, seule, Matthieu n'est pas revenu au lycée depuis qu'il en est parti précipitamment, il y a deux semaines. Je suis à la fois soulagée et inquiète. Le premier, parce que je n'ai pas à affronter son regard, et son rejet par la même occasion. Et le deuxième parce que la dernière fois que je l'ai vu, c'était dans un hôpital, au chevet de sa sœur, victime d'un accident de voiture.

Les vacances de printemps approchent à grands pas et Eva et moi devons partir à Lyon chez mes grands-parents. Il est donc impératif que j'arrive à me sortir de la torpeur dans laquelle je suis installée depuis bien trop longtemps, parce que je ne veux pas les inquiéter. Hier soir, samedi donc, mes parents nous ont emmené au restaurant, mon frère et moi. Ils ne m'ont pas dit la raison de cette soudaine envie d'aller manger dans mon restaurant préféré, mais je l'ai compris à leurs yeux. Je faire peur à voir, mais le plus déchirant, c'est que mon humeur maussade affecte aussi ma famille, et ça, c'est inacceptable. Je vais retrouver mon sourire, et dès aujourd'hui.

Comme s'il avait senti que j'avais besoin de lui, mon frère passe sa petite tête la porte de ma chambre, me coupant dans la lecture de mon nouveau roman, même si je n'y prêtais pas vraiment attention, de toute façon.

— Il faut que l'on parle Léa, c'est urgent, il m'annonce le visage fermé.

Cette phrase ne sent pas bon du tout. Je me redresse alors qu'il entre franchement dans ma chambre et s'assied à mon bureau tandis que je l'observe, assise sur mon lit.

— D'accord... Mais est-ce que tout va bien ?

— Oui, ne t'inquiète pas, mais je voulais te parler de Matthieu.

Oh. Tout, mais pas ça, je vous en supplie.

— Je t'écoute, je hoche tout de même le menton dans sa direction, pour l'inciter à continuer.

— Il ne va pas bien, Léa. Et toi non plus. Tu sais tout autant que moi qu'il n'est pas sorti de sa chambre, tout comme toi et ça, depuis ce jour. Je sais que je t'ai toujours préservée des relations qui pourraient t'être toxiques pour toi, mais je crois bien que c'est en vous éloignant loin de l'autre que vous vous faites le plus de mal. Je ne veux pas que tu souffres, tu es ma petite sœur et je tiens à toi plus qu'à quiconque. Je ne te dis pas de courir dans ses bras, simplement d'aller t'expliquer avec lui, me conseille Daniel.