Chapitre 64 : One More Light

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Il toqua à la porte et attendit quelques instants avant que celle-ci ne s'ouvre, découvrant le visage blasé de Sam. Ses yeux s'écarquillèrent et elle détailla le roux un moment avant qu'elle ne l'invite à rentrer.

C - Salut, Sam.
S - Si tu es venu me reprocher des choses, je m'en veux suffisamment.
C - Non. Jordan m'a expliqué.
S - Il t'as expliqué jusqu'où ?
C - Tout. Avec Emy et le fait que tu l'aies aidé.

Sam fixa quelques secondes le vide avant de se retourner pour faire un café.

S - T'veux un truc ?
C - Non, merci.

Cyril triturait nerveusement ses doigts, toujours énervé après lui-même. Sam, elle, l'observait toujours depuis le plan de travail.

S - Tu sais, j'suis désolée de t'avoir caché ça, mais...
C - T'en fais pas. J'suis pas venu pour un règlement de compte.
S - Pourquoi, alors ?
C - Pour m'excuser. J'aurai dû vous faire confiance.
S - Non, j'pense qu'on a tous nos torts. Et j'pense que, même si Jordan m'avait dit de pas te le dire, j'aurai dû le faire.
C - T'as bien fait, parce que je serai aller le confronter. Donc culpabilises pas.

Sam soupira, noyant son regard dans son café à peine fini. Cyril, lui, fixait le bois usé de la table et désormais, seul le silence assomait la pièce. Mais que pouvaient-ils dire ? Ils ne faisaient que penser à Jordan.

Et cet événement ne fit qu'accentuer la chute du rouquin, qui se détachait de plus en plus de la réalité. Après cette révélation, Cyril avait plongé dans la mutilation.
Un soir, il avait prit une lame de cutter et, hésitant et effrayé, il avait tracé un trait. Qui s'était révélé être un soulagement.
Désormais, des dizaines arpentaient ses bras zébrés de cicatrices et de plaies.

Il ne savait se l'expliquer mais la vue de son sang le calmait, comme si sa culpabilité et le poids sur ses épaules s'évacuaient via ces plaies dans sa peau.

Et aujourd'hui, au lycée, il s'était caché dans les toilettes. Ça faisait 6 mois jour pour jour que Maxime était parti, sans la moindre trace, ne laissant qu'une simple coquille vide de Cyril.

Et ce dernier s'était mutilé bien plus profondément que d'habitude.
Mais, face à l'abondance inhabituelle de sang, il ne put que fixer celui-ci, entre la tétanie et la fascination, des larmes couvrant ses joues.
Quand un poing rencontra la porte, il ne sursauta pas, il redressa mollement la tête en direction de celle-ci.

Jordan lui demanda s'il allait bien, mais il n'eut aucune réponse. Il s'allongea sur le sol et vit le carrelage jonché de sang.

Il se mit à tambouriner violemment la porte et étonnamment, le roux l'ouvrit. Son meilleur ami se précipita sur lui mais, dépassé par les événements, il appela un surveillant qui lui, appela les secours.

Et bientôt, ceux-ci avaient prit en charge le rouquin, qui laissait derrière lui Jordan en pleurs, hystérique.

Fort heureusement, les ambulanciers constatèrent seulement une dizaine de plaies profondes, les autres étaient "superficielles". Ils appliquèrent les premiers soins, et voilà qu'il arriva à l'hôpital.

Il fût placé dans une espèce d'infirmerie, attendant un médecin.
Les couloirs n'étaient pas agités et emplis d'infirmières courant dans tout sens pour sauver des vies. Il était vide, hormis une mère qui tenait sa fille par la main. Tout était silencieux, et Cyril se demanda si il n'aurait pas préféré une cohue à ce vide qui semblait l'aspirer.

Quand un médecin et sa mère arrivèrent finalement, il fit un câlin à celle-ci. Il se sentait si ridicule, si minable à faire pleurer sa mère, son meilleur ami juste pour un garçon... Et à cette pensée, il ne put empêcher son cœur de se serrer, repensant à Maxime. À "juste ce garçon" qui pourtant ne l'était pas. Il n'était pas juste un garçon, mais Cyril aurait préféré.

Il ne regrettait pas d'avoir aidé Maxime, il regrettait ces longues heures passées à le fixer griffonner dans son cahier, dans l'attente que quelque chose arrive. Il regrettait toutes ces fois où il avait espérer que Maxime ferait plus que lui sourire. Il regrettait de ne pas avoir vu plus tôt quel mauvais tour son cœur lui jouait.

Il regrettait d'avoir eu plus, même plus que ce qu'il espérait, parce que désormais, il ne restait de ce plus que de la poussière. Qu'un désordre qui s'alourdissait seconde après seconde.

Il ne restait plus que des souvenirs bien trop lourds, lourds de sens, de sentiments, d'amour bâclé et de peine entachée de son propre sang.
Il ne restait de cet amour dans lequel il s'était tant investi que des larmes et du sang.

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Désolée j'regardais HunterxHunter (meilleur anime j'veux rien entendre)

Live Through Love Or Die (SuperMixem)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant