Chapitre 43 [Partie 2]

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Durant son discours, et même à cet instant, j'étais sous le choc. Son discours avait été poignant et hurlant de vérité. J'avais même retenu légèrement ma respiration. En jetant un rapide coup d'œil aux jurés, je vis qu'ils étaient dans le même état que moi. Monseur Wontel revint s'asseoir près de moi, tandis que Madame Roy prenait place devant les jurés.

- Mesdames et messieurs les Jurés, l'on vient de vous dépeindre le portrait d'un monstre. Un animal qui n'aurait eu pour conscience que ses envies. Mais Nick Van Oboken n'est pas celui que l'on veut vous faire croire. Il est un homme malheureux, abandonné par l'amour de sa vie, éloigné de sa fille, sa propre chaire. Comme chaque Homme, Nick a fait des erreurs : il a blessé son amour. Mais est-il vraiment responsable ? L'est-il quand on lui a appris à être ainsi ? L'est-il quand ses parents et ceux de Monsieur Burton lui ont dit que c'était normal, que c'était la bonne façon de faire ? L'est-il quand, de ses propres mots, Nick avoue aimer encore Lael ? Depuis la fuite de son amour, il n'a jamais été capable de l'oublier, il n'a jamais été capable non plus de se pardonner. Est-il coupable d'avoir agressé Monsieur Burton, alors que ce dernier lui a caché sa fille ? N'est-il pas en droit d'être en colère qu'on lui dissimule son enfant ? Rappelons que la véracité du viol par Nick n'est pas attestée ! Ce ne sont que les mots d'un homme qui a fuit il y a sept ans, les mots d'une femme qui n'a jamais rien tenté pour aider son fils du « mal » qu'on lui faisait subir ! Mesdames et Messieurs les Jurés, ne condamnez pas mon client sur des suppositions. Ne laissez pas un homme souffrir plus qu'il ne souffre déjà. Permettez-lui de se repentir en toute liberté. Merci.

Tandis qu'elle rejoignait sa place, je fis la moue. Pourquoi mentait-elle ainsi ? Pourquoi essayait-elle de le faire passer pour quelqu'un qui aimerait se repentir ? Pour quelqu'un de malheureux ? Son seul malheur est d'avoir perdu son jouet. Mon fil de pensées fut coupé par la présidente.

- Monsieur Wontel, Madame Roy, merci pour vos plaidoiries. Avec leurs paroles, je clos les débats. (elle se tourna vers les jurés.) Chers Jurés, il est maintenant temps de vous poser les questions qui donneront lieu ou pas à des poursuites. Les questions sont les suivantes : l'accusé, Monsieur Van Oboken Nick, est-il coupable d'avoir commis les faits d'agression sexuelle avec circonstances aggravantes, de viol sur mineur de moins de quinze ans, de tentative d'imprégnation forcée ? Mais aussi, Monsieur Burton David est-il coupable d'avoir commis les faits de traite d'être humain et d'avoir créé un contrat illicite ? Madame Burton Diane est-elle coupable d'avoir commis les faits de non-assistance à personne en danger ? Et pour finir, Monsieur Van Oboken Klaus, père de l'accusé, est-il coupable d'avoir commis les faits de traite d'être humain ? Ce sont à ces questions que vous allez devoir répondre. Vous devrez aussi choisir une somme qui sera versée à Monsieur Lael Burton en tant que dommages-intérêts. Avant de vous retirer dans la chambre des délibérations, Chers Jurés, je vous dirais ceci : sous réserve de l'exigence de motivation de la décision, la loi ne demande pas compte à chacun des jurés composant la cour d'assises des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d'une preuve ; elle leur prescrit de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : " Avez-vous une intime conviction ? ". Vous pouvez vous retirer. La séance est close jusqu'à la délibération. Je demande aux avocats, témoins, victime et public de bien vouloir quitter la salle d'audience, les accusés seront maintenus en détention jusqu'à la fin de la délibération. Je déclare ainsi l'audience suspendue.

Sur ces mots, tout le monde se leva. J'examinais les jurés et les juges se diriger vers une salle qui fut fermée derrière eux et gardée par un policier, avant de déserter la salle à mon tour. Arrivant dans le couloir, j'attrapais la manche de mon avocat.

Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant