Mon sang se glaça. Je restais immobile quelques secondes, plongé dans le regard triste de ma mère. Alors, ce monstre n'était pas mon père ? Un de mes plus grands souhaits venait de se réaliser ? J'ai interpellé mon avocat qui s'est approché de moi.
- Pouvons-nous faire une pause ? J'aimerais lui parler, dis-je à Monsieur Wontel.
- Je suis désolé Monsieur Burton, vous ne pouvez pas vous entretenir avec un témoin lors d'une audience.
Je fis la moue et me rassis. J'avais hâte d'être à ce soir pour en parler avec elle. Les questions ont continué encore un moment. Mon « père » fut rappelé à la barre une seconde fois pour s'expliquer au sujet du contrat, mais il campait sur sa position ; pour lui, la situation était normale. Il ne voyait pas le mal d'avoir reçu de l'argent pour s'assurer que je serai lié à Nick. Étant resté dans la salle d'audience, il avait entendu les propos de ma mère. J'espérais du plus profond de mon cœur que cette situation ne lui était pas inconnue et qu'il vivait dans la honte d'élever un fils qui n'était pas le sien. D'ailleurs, cette situation expliquerait beaucoup de choses, malheureusement pour moi, personne ne lui a posé de question là-dessus.
- Monsieur Burton, reprit la juge. Avez-vous conscience que ce que vous appelez « une entente pour la protection » de votre fils, est appelé « traite d'être humain » dans le jargon juridique ? Avez-vous conscience que ce genre d'acte est puni par la loi ?
Comme Nick plutôt, David ouvrit la bouche, mais ne répondit pas. Un fin sourire se dessina sur ma bouche. J'étais satisfait qu'il n'ait plus rien à dire, qu'il se retrouve enfin face à ses actes. Satisfait que pour une fois, ce soit lui qui se sente mal à l'aise, qui ait honte de son comportement.
Plus tard, la présidente a fait revenir Nick à la barre. Elle lui a demandé de nous parler de son enfance, de la façon dont ses parents et les miens l'ont traité.
- J'ai toujours été bien traité par mes parents et les Burton. J'étais aimé et apprécié. On m'a rapidement nommé comme « le protecteur » de Lael et j'adorais ce rôle. En prenant soin de lui, j'étais heureux parce que je savais qu'avec moi, il le serait aussi.
Quand la juge a évoqué mes quelques faits de rébellion, il a même ri légèrement.
- Il grandissait, il avait besoin de se rebeller contre quelqu'un et j'étais heureux qu'il se sente autorisé à le faire avec moi. Cela traduisait la confiance qu'il avait en moi. Parce qu'on ne se rebelle pas contre quelqu'un qui nous effraie.
Comment pouvait-il être si loin de la vérité ? Comment pouvait-il autant se mentir à lui-même ? J'étais outré qu'il puisse mentir à ce point. L'entendre se dédouaner allait me rendre fou. Dire que pour l'instant, je n'avais rien le droit de répondre !
- Une dernière question, Monsieur Van Oboken. Reconnaissez-vous l'existence d'un contrat entre votre famille et celle de Monsieur Burton ? Reconnaissez-vous l'existence d'un paiement lié au contrat qui a été versé à la famille Burton ?
Cette fois, il ne s'est pas étendu en beaux discours, il a baissé la tête et a murmuré un :
- Je le reconnais. Mais ça n'a jamais été de mon fait, je n'étais qu'un enfant. Je suis une victime.
J'ai sifflé entre mes dents. Une « victime »... Comment pouvait-il oser dire ça ? Alors que nous savions tous ici qu'il a allègrement profité de cette ascendance sur moi. Ascendance qu'on lui offrait sur un plateau d'argent.
Enfin, je fus appelé à la barre. La présidente se tourna vers moi. J'ai regardé l'assemblée qui pour une fois avait le regard tourné vers moi. Tout ceci était impressionnant, intimidant, mais en fixant le public, je pus voir Erkan et mes amis, ce qui me remonta le moral.
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Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]
RomanceLael est un jeune oméga de vingt-et-un ans. Il est aussi le père de Maud, six ans. Il tente désespérément de vivre une vie normale avec son enfant, après avoir fuit la maison familiale alors qu'il était enceint. Mais l'arrivée du nouveau superviseur...