Chapitre 31

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Après que ma mère soit venue nous rendre visite, quelques semaines se sont écoulées. L'été approchant, j'avais besoin de repasser dans mon appartement pour aller chercher des vêtements et une petite quantité d'affaires diverses. J'ai donc dit à Erkan que j'y passerais après le boulot.

À la fin de ma journée, je l'ai rejoint dans son bureau.

- Je vais chez moi, Isabelle est passée récupérer Maud à la sortie de l'école, donc tu pourras m'aider à tout porter. Je t'attends là-bas.

- Normalement, j'aurais fini dans pas longtemps, je pense partir dans une vingtaine de minutes, trente peut-être.

J'ai acquiescé et j'ai été l'embrasser avant de partir.

Depuis quelque temps, je m'étais vraiment détaché de cet appartement. Aujourd'hui, je le considérais plus comme un garde-meuble onéreux que comme une habitation. De toute façon, avec Maud, nous vivions chez Erkan et ne venions plus ici. J'y étais passé avant d'aller au travail pour ouvrir les volets et trier un peu d'affaire, je n'avais plus qu'à récupérer quelques petites choses et attendre Erkan.

J'avais un peu commencé à me renseigner sur les peines encourues pour viol, mais j'avais rapidement mis un terme à mes recherches. Ce que j'avais appris ne me donnait pas envie de tenter ma chance. Peu de violeurs font des peines de prisons, certains ont même des droits de garde sur l'enfant né de ces viols. Je ne pouvais pas me permettre ça pour Maud. Alors je préférai largement m'en tenir à ma fuite.

En arrivant devant la porte de mon appartement, je soupirai. J'avais beau être plus calme qu'il y a quelques semaines, la peur qui me tenaillait depuis sept ans était toujours présente. J'avais appris à vivre avec, mais ses derniers temps, elle se manifestait plus souvent. Ça faisait quelques jours que je me sentais comme observé. Quelques jours qu'un sentiment mêlé de peur et de malaise emprisonnait mes tripes. En cherchant ma clé dans mon trousseau, j'ai entendu un de mes voisins descendre.

Je ne les croisais pas fréquemment mes voisins. Je n'avais, de toute façon, jamais cherché à créer des liens. Je m'en tenais à des « bonjour » quand je les croisais par hasard. Je l'entendis descendre les escaliers tourner pour passer derrière moi. En engageant ma clé dans la porte, je n'ai pas vraiment fait attention à ces détails. Ce n'est que lorsqu'une main s'est violemment posée à plat sur ma porte que j'ai réalisé en sursautant, que mon voisin était toujours derrière moi.

La main posée sur la clé enfoncée dans la serrure, je me suis tendu. Puis, il a parlé.

- Salut Lael.

À la première syllabe, je savais qu'il était derrière moi. Mon cerveau a entièrement cessé de fonctionner pendant ce qui m'a semblé être une éternité, le temps de traiter l'information. Nick se tenait derrière moi. Je n'avais que quelques secondes pour trouver une parade afin de m'enfuir. Mes mains se sont mises à trembler, en même temps que mes neurones s'activaient pour trouver une solution et que je sentais ses phéromones s'étendre peu à peu jusqu'à moi.

- J'ai mis beaucoup de temps à te retrouver. Mais maintenant que je suis là, nous allons pouvoir reprendre notre vie.

Son ton était glacial et menaçant, je parvenais presque à percevoir sa haine pour moi à travers sa peau. Il a attrapé mon poignet pour m'éloigner de ma porte. Dans un réflexe, j'ai tiré sur mon bras pour me défaire de son emprise et j'ai brusquement ouvert ma porte dans l'espoir de l'enfermer dehors et d'appeler Erkan à l'aide. Malencontreusement, la porte s'est refermée sur son pied. Il a poussé le battant brusquement et avec une force que je ne soupçonnais pas. J'ai reculé, cherchant n'importe quoi pour me défendre dans mon entrée vide.

Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant