Chapitre 45

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Seulement quelques jours après notre arrivée, Maud et moi avions la certitude d'être chez nous dans cette maison. Je me sentais extrêmement bien avec la famille d'Erkan. Pour moi qui avais continuellement eu des relations familiales difficiles – pour ne pas dire problématiques – étudier le fonctionnement au quotidien d'une famille saine représentait une véritable découverte et j'étais aux anges que Maud puisse découvrir ça. Pour elle qui n'avait vécu qu'avec moi jusqu'à l'arrivée d'Erkan, habiter dans une maison si vivante et entourée de gens aimants ne pouvait être qu'une bénédiction.

J'aimais passer du temps avec Salma. Bien qu'elle ait plus l'air de me considérer comme son troisième enfant que comme son gendre. Mais ça restait agréable, elle prenait soin de moi. Tarek était un homme intelligent. Très intelligent. Un jour, Maud lui avait demandé pourquoi il portait un cache œil. Je pense qu'il avait apprécié la question. Il s'était redressé, fier et nous avait sourit alors que Cat et Erkan soufflaient et qu'Isabelle, Maïssa et Salma riaient.

- Oh non, il va de nouveau la raconter, soupira Cat en se prenant la tête dans les mains.

- Veux-tu entendre l'histoire du jour où j'ai perdu mon œil ?, demanda le patriarche à Maud.

Je présentais un regard interrogatif à Erkan qui se pencha à mon oreille alors que Maud hurlait son envie de connaître l'anecdote.

- Tu vas voir, me susurra mon alpha. Tu vas adorer cette histoire.

Il engagea un bras autour de ma taille, laissant sa main caresser doucement mon flanc alors que Tarek se raclait la gorge.

- Cette histoire, ma petite, commence un jour d'été, comme celui-ci. Il faisait si chaud que nous avions l'impression que le soleil nous brûlait la peau. Avec des amis, nous étions partis dans le désert. Nous devions passer par le Nil pour remplir nos gourdes qui avaient fondues plus vite que de la glace sous l'œil de Râ. Nous étions tous assoiffés par les heures de marche que nous venions d'accomplir et quand le fleuve sacré nous est enfin apparu, nous étions même prêts à rendre grâce aux anciens dieux. Un de mes amis, qui était plus rapide que nous, est arrivé à l'eau alors que le reste du groupe . Il ne nous a fallu que quelques secondes pour le rattraper, mais ce furent des secondes de perdues. Car quand nous avons rejoint les berges, il n'était plus là.

Maud, absorbée par le récit, s'exclama avec surprise :

- Mais il était où ?

Je me penchais à l'oreille d'Erkan :

- Cette histoire n'est pas trop intense pour elle ?

Il me fit un sourire et embrassa ma joue tandis que son bras qui encerclait toujours ma taille me rapprocha de lui.

- Ne t'en fais pas.

- Nous avons compris qu'il était tombé dans l'eau, ou peut-être y avait-il sauté ? Il n'a jamais voulu nous le dire, reprit Tarek. Soudain, alors que tout était paisible, il se mit à hurler tandis que son corps s'extirpait à moitié de l'eau, poussé par la peur : (Tarek gesticula, imitant son ami.) « Au secours, un crocodile m'a attrapé ! Au secours ! ».

Je jetai de nouveau un regard à Erkan qui rit une nouvelle fois :

- Fais-moi confiance.

- Rassemblant notre courage, nous avons plongé à l'eau pour sauver notre ami, dit Tarek.

- Ce qui est parfaitement insensé, le coupa Salma. Ya Habibti, si un jour un de tes amis se fait attraper par un crocodile, ne plonge pas dans l'eau.

- D'accord Mamie ! Et qu'est-ce qu'il s'est passé après ?, s'impatienta Maud. Vous l'avez sauvé ?

- Évidement que nous l'avons sauvé ! Nous avons tiré de toutes nos forces sur ses bras pour l'extirper de l'eau. Nous savions que les crocodiles avaient de la force, alors nous y avons mit toute notre rage. Nous l'avons sorti de l'eau, tandis qu'il hurlait de douleur! Nous l'avons allongé sur le sable, prêts à panser ses plaies, avant de nous rendre compte qu'il n'y avait jamais eu de crocodile. Cet imbécile s'était seulement emmêlé le pied dans des algues et n'arrivait plus à s'en dépêtrer.

Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant