Chapitre 38

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Quelques semaines sont passées depuis la confrontation. J'avais recommencé à dormir plus sereinement et Maud ne parlait presque plus du « méchant monsieur ». Je savourai le fait d'avoir la certitude qu'il ne la traumatisera plus. Par contre, une chose me chagrinait, depuis qu'elle avait émis son envie, elle n'avait toujours pas osé appeler Erkan « Papa ». Je me gardais bien de dévoiler ce secret à l'alpha. Tout en respectant son choix d'attendre, j'encourageais Maud, la rassurant sur ses peurs.

Ce samedi, était notre première visite à la maison d'arrêt. C'est donc un peu stressés que nous sommes partis, Maud et moi. Je priais intérieurement pour que tout se passe bien.

Dans la voiture, je lui expliquais un peu le déroulement de la visite, mais sa seule question était :

- On est obligés d'y aller ?

À la troisième formulation de la question, j'ai soupiré.

- Ma chérie. Je sais que tu n'en as pas envie. Pour être franc avec toi, je n'en ai pas envie non plus. Mais lui, il a envie de te voir et il a eu l'autorisation du procureur, alors oui, on est obligés. Je comprends que ce soit difficile à assimiler, mais je te demande de lui laisser une chance. Pas en tant que père, mais en tant que quelqu'un qui veut te connaître.

Elle s'est renfrognée, croisant les bras sur son buste.

- Je veux pas le connaître. Il nous a fait mal, il est méchant.

Sa logique était imparable, pourtant, nous n'avions pas le choix.

- Je sais ma puce et tu as raison. Pourtant, parfois, la vie nous oblige à faire des choses que l'on ne veut pas et il faut se forcer. Dis-toi que c'est un mal pour un bien.

- On va le voir longtemps ?, s'intéressa-t-elle.

- Une heure.

Elle soupira à son tour.

- Je vais faire un effort...

J'ai souri, fier d'elle. Pourtant, mes mains se sont imperceptiblement cramponnées au volant, même si je paraissais serein, j'étais mort de peur. J'allais me retrouver en face de lui et le fait qu'il soit entouré de gardes ne me faisait pas me sentir plus en sécurité. Je soupirai en pensant à l'absence d'Erkan. Malheureusement, il n'avait pas eu l'autorisation de venir.

Soudain, une parole de chanson me revint en mémoire : « En chaque démon se trouve un bel arc en ciel, Un joli sourire qui ne demande qu'à sortir, Car je sais qu'en dessous du masque sinistre d'un tueur, Dort un enfant au cœur rempli de bonheur ! » Autant, j'y croyais dans la fiction, mais quand je pensais à Nick, je repérais mal sa part d'amour et de bonté. J'espérais seulement qu'il ferait l'effort de la montrer à Maud.

Pour la fin du trajet, j'ai tenté de détendre un peu l'atmosphère en parlant de choses et d'autres avec Maud, mais je voyais bien qu'elle était inquiète. En arrivant à la maison d'arrêt, nous nous sommes présentés au guichet avec une bonne demi-heure d'avance – comme demandé par la brochure qu'on m'avait remis – et nous nous sommes faits prendre en photo par le garde avant de nous diriger vers le portique de détection de métaux. J'ai déposé nos affaires inutiles dans un casier et nous avons passé le portique sans déclencher d'alarme.

Nous avons ensuite patienté dans la salle d'attente. Plusieurs autres personnes sont arrivées et petit à petit, la pièce a été pleine. L'ambiance était lourde, le peu de personnes qui parlaient chuchotaient et Maud restait cramponnée à moi, impressionnée par cet univers encore inconnu pour elle. Une salle de jeux était mise à disposition des enfants, mais quand je lui ai suggéré l'idée, elle l'a refusé immédiatement. Dix minutes avant l'ouverture des parloirs, nous avons , chacun notre tour, été appelé. On nous a donné un numéro de table et chaque famille, avocat ou ami a été s'asseoir après avoir remis sa carte d'identité au gardien en charge de l'appel.

Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant