Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]

Chapitre 24

Une fois Maud mise au lit, je me suis installé sur le canapé. J'ai lancé un film pour bénéficier d'un fond sonore et j'ai fermé les yeux. Quelques instants plus tard, j'ai reçu un message que j'ai ouvert immédiatement.

Je voulais passer ce soir, mais j'ai un dîner avec des clients. Ça te va si on va chez moi demain ? On pourra discuter posément. Et vous pourrez dormir là-bas bien sûr !

J'ai souri avant de lui répondre positivement. Puis je me suis mis à réfléchir, à repenser à mon passé. Quand est-ce que ça a commencé à dégénérer ? J'étais parfaitement incapable de savoir quand tout avait basculé. Depuis tout petits, nous étions ensemble. Nous avons grandi ensemble et il a toujours fait preuve d'un comportement plus alpha que le mien. Alors que j'étais un enfant calme, il semblait être monté sur ressorts, toujours sur le devant de la scène. Il savait, tout le monde savait qu'il deviendrait un alpha. Et moi ? J'étais fier de ça.

En grandissant, nous nous sommes de plus en plus rapprochés. Nous étions plus que des amis, des sortes de frères. J'avais déjà tant besoin de lui. Je pensais que c'était pareil, qu'il avait besoin de moi, mais c'était faux. Je demeurais le seul à éprouver ce besoin de l'avoir avec moi.

Quand je suis entré au collège, j'ai commencé à me faire des amis, avec qui j'appréciais de sortir, en dehors de lui. J'étais radieux et je racontais tout à Nick. Je recueillais ses félicitations pour m'être fait des amis si vite. Il me disait que j'étais ce qui le faisait sourire, que mon épanouissement le rendait fier. Au début, ça ne le dérangeait pas, il me posait beaucoup de questions sur eux, mais je pensais qu'il s'y intéressait parce que c'était moi. Puis, petit à petit, il a semé le doute dans mon esprit. « Es-tu sûr qu'ils sont réellement tes amis ? » « C'est bizarre qu'il t'ait dit ça, à mon avis, il se moquait de toi. » « Tu ne vois pas qu'ils se servent de toi ? Fais moi confiance, je te connais. Je sais ce qui est bon pour toi. » Immanquablement, j'ai fini par me brouiller avec mes amis. Je me souviens que le soir, il n'avait cessé de me répété à quel point je comptais pour lui, que lui seul pouvait me rendre heureux, que les autres n'en étaient pas capable. Il me disait qu'il était le seul à pouvoir me protéger, le seul à qui je devais faire confiance. Et, bêtement, j'y ai cru et je me suis cramponné à lui.

Puis j'ai grandi. Quand j'ai été déclaré oméga, il a été l'un des premiers au courant. J'étais heureux d'être un oméga, parce que j'avais déjà trouvé l'alpha qu'il me fallait. Quand je lui ai annoncé mon genre, il m'a embrassé. C'était mon premier baiser. Je prenais ça pour de l'amour, mais en fait, je venais juste de lui accorder l'autorisation de me détruire un peu plus. C'est là que les interdictions ont commencé. « Ne sors pas sans moi, c'est dangereux. » « Tu ne vois pas que je fais tout ça pour te protéger ? » « Tu n'es pas capable de réaliser quoi que ce soit seul, laisse-moi faire. » Je suis vite devenu entièrement dépendant de lui, de ses envies, de ses caprices. Il me démontrait aisément que sans lui, je ne représentais rien.

Petit à petit, il a pris l'ascendant sur moi. Sous couvert de me protéger, il devait être au courant de tout. Il me surveillait, fouillait mon portable, mon ordinateur, et même la tablette de mes parents. Il était jaloux. Je me souviens d'une fois où nous étions en ville. J'avais remarqué un homme qui faisait des bolas un peu plus loin. J'ai commencé à le regarder, absorbé par les mouvements qu'il faisait. Nick s'était alors mis derrière moi et m'avait enlacé pour me chuchoter à l'oreille « Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu le regardes ? Je ne te suffis pas ? » Je l'avais rassuré, il avait alors embrassé mon cou en me disant : « De toute façon, tu ne lui plairais pas. Tu ne peux plaire qu'à moi. Qu'est-ce qu'il trouverait de beau chez toi ? Il n'y a rien d'intéressant qui sort de toi si je ne suis pas là, tu le sais, hein ? » Et j'avais acquiescé. Je le savais, je savais qu'il avait raison. Il me l'avait prouvé ! Tout le monde finissait par me laisser, alors, il avait forcément raison ! Pourquoi m'aurait-il menti, alors qu'il m'aimait tant ?