Chapitre 32

8.7K 757 96
                                    

En ouvrant les yeux, je me suis redressé. J'ai regardé devant moi quelques secondes, tentant de stimuler mon cerveau. La pièce était baignée de soleil, ça aurait dû me faire plaisir, pourtant, je me sentais mal. J'avais l'impression de me réveiller d'un sommeil interminable ou d'un coma. J'étais vaseux et las.

En baissant les yeux sur moi, j'ai vu certains de mes doigts pansés. En élevant mes mains devant mon visage, les souvenirs me sont revenus comme des flashs. Je fermais les yeux, agressé par les souvenirs. Mon cœur s'est mis à battre d'affolement, sa cadence accélérant de seconde en seconde. En remuant la tête nerveusement, j'ai gémi de souffrance. La douleur dans ma nuque était insoutenable.

Touchant les pansements qui masquaient les traces de morsures, je me suis mis à angoisser. J'étais seul dans cette chambre spacieuse, j'arborais toujours les vêtements de la veille. Voyant ça, j'ai été pris d'une peur-panique incommensurable. J'ai promptement - et douloureusement - enlevé mes vêtements, ne conservant que mon boxer et frottant mon corps comme dans un réflexe.

J'avais urgemment besoin d'une douche ! Je me sentais sale, souillé. Je me suis ainsi levé avant de retomber au sol en criant de surprise. Mes jambes tremblaient et n'avaient pas soutenu mon poids. Je me suis adossé au lit, assis par terre et j'ai tenté de réguler ma respiration, en plaquant ma main sur mon buste.

Trop d'images défilaient dans ma tête, je me souvenais d'hier, mais je me souvenais aussi d'avant. De la fois d'avant. Tout se mélangeait et mon souffle se saccadait de plus en plus.

- Lael ?

Même de loin, la voix d'Erkan me fit sursauter. Je me redressais pour le regarder par-dessus le lit. Il m'a cherché des yeux un instant avant de me voir et de m'envoyer un sourire. Quand il a fait un pas vers moi, en entrant dans la chambre, je me suis mis à crier.

- Non ! N'entre pas ! Je veux que tu restes loin de moi. Où est Maud ?

Il a semblé blessé par mes paroles, mais a néanmoins fait un pas en arrière.

- À l'école, je l'ai amené ce matin.

- Merci... Je voudrais que tu sortes maintenant. S'il te plaît.

- Mais..., essaya-t-il.

- Non. J'ai besoin de temps, laisse-moi du temps.

Je l'ai entendu soupirer légèrement alors que mon corps frissonnait entièrement. Je n'avais qu'une envie, c'était d'aller me réfugier dans ses bras. Mais j'avais tellement peur.

- Je peux faire quelque chose ?, me demanda-t-il.

- Je veux voir Alex, répondis-je immédiatement, les larmes aux yeux. Je t'en prie, va le chercher.

Je savais que je venais de le blesser, je l'avais vu sur son visage. Mais, dans l'immédiat, j'avais besoin d'Alex.

Je me suis de nouveau assis au sol et j'ai plaqué mes mains sur mon crâne. Mon corps entier me faisait mal. En me regardant, j'ai vu plus de bleus que je ne pouvais en compter. Mes jambes tremblant un peu moins, je me suis rendu devant la commode. J'ai enfilé un bas de jogging et un pull épais et puis j'ai attendu.

Je me suis assis sur le lit, face à la porte, et j'ai fixé cette dernière. Je voulais uniquement la voir s'ouvrir sur Alex.

L'attente a duré moins d'une heure, pourtant, j'avais l'impression que j'étais assis sur ce matelas depuis des mois et quand la porte s'est enfin ouverte, je me suis levé presque en sautant.

Alex est apparu, il semblait mort d'inquiétude. Il a avancé dans la chambre d'un pas pressé et je n'ai pas pu me retenir plus longuement, j'ai couru en pleurs dans ses bras. J'ai empoigné sa taille et je l'ai serré contre moi tandis qu'il étendait un bras dans mon dos et que son autre main flattait mes cheveux.

Le miel et les épices [MxM - α/Ω] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant