Emily

Deuxième interlude

La nuit de Noël. Ce moment magique et féérique pour tous les enfants du monde (chrétiens évidemment). Même les moins fortunés pouvaient profiter de la bonté humaine ce soir-là. Il n’y avait absolument personne dans les rues éclairées par les lampadaires, ne restaient que les décorations et ornements aux portes des maisons. La neige avait recouvert la plupart des traces de pas, excepté autour des sources de lumière, où se trouvaient les chanteurs de cantiques avant que la nuit ne tombe. Mais là il n’y avait personnes dans ces rues pavées couvertes de neige. Il n’y avait personne dans ces artères de la capitale britannique, transformée par la vague de la modernité, industrialisée par les années, marquées par les inégalités des différents quartiers. Il n’y avait personne qui regardait au dehors non plus. Tout le monde était soit attablé, consommant le saint dîner, copieux ou non, préparé pour l’occasion, soit devant le sapin, découvrant les cadeaux, soit endormi, rêvant d’un futur meilleur ou des possibles présents qu’ils allaient avoir le lendemain. Tout le monde était donc occupé. Tout le monde sauf les occupants de la maison vide de Robert Street dont la porte était grande ouverte. Leur corps gisait actuellement au milieu de Regents Park, baignant dans leur propre sang. L’auteur de ce crime avait rapidement été arrêté mais la fille qui vivait avec le couple assassiné n’avait pas été retrouvée. La neige empêchait toute recherche et les riverains disaient l’avoir vue courir au loin, elle était sans doute hors de portée. On retrouva un cadavre roux, au corps féminin et déformé, complètement irreconnaissable dans la Tamise le lendemain, on supposa que c’était le sien et l’affaire fut classée. Le rideau mortuaire était désormais tiré sur le couple Lewis, mort en cette nuit de Noël, et sur la jeune fille qui vivait avec eux depuis deux mois. L’homme responsable de ce carnage fut enfermé dans la tour de Londres mais disparut une semaine plus tard sans laisser de traces.