Je restai planté-e là quelques instants, encore sonné-e par la technique d'intimidation de ma logeuse. Elle ne voulait pas de moi ici, c'était certain. J'avais le sentiment que je devais en apprendre un peu plus sur cette Gwendoline, elle prenait beaucoup trop de place dans cette famille pour n'être qu'une simple gouvernante. Il fallait d'abord que je prenne sa suite à éduquer les enfants. J'ouvris la garde-robe qui était assez fournie. Il y avait un grand nombre de robes noires, sûrement le vêtement de gouvernantes. Il y avait aussi d'autres vêtements de couleurs, beaucoup de robes et de jupes. Ce n'était pas très diversifié mais c'était sûrement suffisant pour ce que je devais en faire. Enfin, je vis quelques chemises de nuits et des sous-vêtements. J'en attrapai un de couleur chair et l'enfilai avant de prendre l'une des nombreuses robes noires. J'inspirai doucement pour ne pas être trop stressé-e. Mary avait vraiment réussi à me faire peur, j'appréhendais notre prochaine interaction, qui allait se dérouler dans très peu de temps. J'ouvris la porte, récupérai la clé de la chambre et éteignis les lumières. Je sortis et verrouillai la pièce. Je n'avais rien de valeur dans cette chambre mais c'était une question de principe. Je glissai la clé, ainsi que mon carnet et le crayon graphite dans la poche avant de ma robe, j'avais l'impression d'être un kangourou. Je sentis ma main trembler légèrement, je tentais de la calmer, je ne devais montrer aucune faiblesse pour être sûr-e de gagner ma place au sein de cette maison. Je descendis les escaliers lentement en direction du salon. Elle était là, avec Aimee. Son mari devait être parti à l'hôpital (pas de repos pour les braves) et ses enfants devaient sûrement être en train de jouer dans leurs chambres respectives avec leurs présents, dont l'emballage traînait encore au sol. Elle portait une robe pourpre, ses cheveux étaient attachés par une ficelle fuchsia. Elle était actuellement en train de donner des ordres à mon amie.
« Vous me ramasserez les papiers d'emballage, vous garderez ce qui est gardable et jetterez le reste. Ensuite, vous ferez votre journée habituelle, nettoyage de la pièce et de toutes les autres. »
« Bien madame. », s'inclina Aimee.
Elle me remarqua juste derrière la maîtresse de maison et me sourit. Je remarquai qu'elle avait les yeux rouges et qu'elle tremblait encore un peu, même son sourire semblait un peu forcé. Je lui souris tout de même à mon tour, ce qui sembla la détendre un peu. Mary se retourna pour me faire face. Elle reprit son air dédaigneux en m'adressant la parole.
« Vous revoilà, habillée décemment. Bien. Est-ce que vous savez concrètement pourquoi vous êtes ici ? »
« Oui je- »
« De toute évidence non. », me coupa-t-elle, « Vous êtes supposée veiller sur mes enfants, jouer avec eux, les instruire et les accompagner dans chaque instant de leur vie, c'est pour cela que vous êtes ici. Vous n'avez, cependant, pas le droit de trop vous attacher, cet honneur était réservé à... à la personne qui occupait ce poste avant vous. »
Je voyais bien qu'elle tentait de garder une façade de matriarche puissante, mais la façon dont elle triturait son pendentif en forme de croix montrait qu'elle n'était pas totalement en état.
« Vous serez nourrie, logée et blanchie par les domestiques de la maison. Mon mari vous donnera un peu d'argent chaque mois, pas grand-chose mais suffisamment pour acheter des babioles, des livres ou peu importe. Vous avez le droit d'avoir des relations amicales au sein de la maison mais aucunement romantiques. Vous avez également le droit à un jour de congé par mois. »
J'avais sorti mon carnet de ma poche et était en train de noter assidûment ce qu'elle me disait. Cela avait l'air de lui faire plaisir car un léger sourire naquit sur le coin de ses lèvres. Sourire qui disparut aussitôt lorsqu'elle remarqua que je la regardai.
« En ce qui concerne mes enfants. Ils se lèvent tous deux à huit heures. Ils prennent leur petit déjeuner dans la salle à manger. »
Elle m'indiqua la pièce qui juxtaposait le salon, derrière une grande arche en bois. Au mur il y avait la même peinture couleur taupe que dans le salon. Au sol c'était également un parquet en bois vieilli, le même qui se trouvait dans l'entrée et qui se poursuivait dans le salon. Au centre de la salle à manger trônait une table ronde en bois entourée de cinq chaises du même matériau. La table était recouverte d'une nappe de couleur marron et les chaises avaient chacune un coussin beige attaché avec des ficelles au dossier. Enfin, un magnifique lustre de cristal assez ancien était suspendu au-dessus de la pièce. Les fenêtres se trouvaient du côté opposé au couloir de l'entrée, tout comme dans le salon, et offraient une vision sur le jardin extérieur, aujourd'hui enneigé, qui devait se prolonger derrière la maison.
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Emily
خيال علميPropulsé·e dans le passé après sa mort, Emily se retrouve embarqué·e dans une histoire menaçant le passé, le présent et le futur.