Emily

Mise en garde

L'intérieur était éclairé par la lumière provenant du couloir. Tout ce que cette lueur ne couvrait pas était avalée par l'obscurité. Tout ce que je voyais était recouvert par des draps blancs, excepté le lit. Aimee alluma le gaz d'une des lampes et je pus voir distinctement la chambre. Elle était dans un meilleur état que la sienne. Le sol était recouvert d'une moquette couleur vert forêt, les murs étaient peints en jaune-orangé et cela sur toute la pièce. Un lit avec un cadre en bois sombre, entouré de deux tables basses en acajou, trônait fièrement contre le mur de gauche. Il était en bois de chêne, superbement sculpté, et recouverts de draps blancs en dentelle, et des oreillers recouverts d'un tissu du même type. À gauche du lit se trouvait une porte en bois marron, menant sûrement vers une salle de bain. Il y avait également une armoire à vêtements de l'autre côté, contre le mur de droite. Enfin, en face de la porte, il y avait une belle fenêtre aux vitres propres et aux volets, en bois, fermés. Elle était entourée de magnifiques rideaux en tissu rouge sang. Tout était immaculé, comme neuf. J'avais l'impression d'entrer dans une pièce qui n'avait jamais servie. J'entendis Aimee s'éclaircir la gorge.

« Rien n'a changé. », murmura-t-elle.

« C'est joli ici. », remarquai-je en pénétrant dans la pièce froide et sombre.

« Tu... vous... »

« Tu peux continuer à me tutoyer, je n'ai aucun problème avec ça. »

« D'accord... »

Elle inspira puis déclara d'une voix fébrile :

« Voici ta chambre, tu possède une salle de bain derrière la porte à gauche du lit. Il y a toute sorte de vêtements dans l'armoire mais si tu en veux d'autres, il faudra demander à monsieur William. Enfin, le petit déjeuner est servi à 8 heures, mais comme tu fais partie du personnel tu déjeuneras vers 9 heures, quand les petits seront dans leur chambre. Le reste de tes instructions te sera fourni par madame Mary, demain matin avant qu'elle ne parte travailler. »

« D-D'accord, merci. », répondis-je avec peu d'assurance.

Je la sentais tendue, c'était sûrement parce que j'allais investir cette chambre qui était condamnée depuis un mois. La mort de cette Gwendoline était encore fraîche dans leur esprit et j'étais un peu mal à l'aise à l'idée de la remplacer si tôt. De plus, au vu des réactions de la cuisinière et de la maîtresse de maison, je n'étais pas vraiment la bienvenue ici. Je titubais légèrement en direction du lit et m'appuyais sur le cadre. L'odeur émanant de cette pièce, qui n'était désagréable, me donnait la nausée, il y avait quelque chose de peu naturel dans les effluves qui parcouraient les murs. J'entendis une voix lointaine m'appeler.

« Emily ? Ça va ? »

Je me retournais vers Aimee qui arborait un air soucieux. Elle était toujours sur le pas de la porte, comme si son corps refusait d'entrer dans la pièce. Je hochai la tête pour la rassurer.

« Oui... C'est juste que ça change de d'habitude. », mentis-je, « Je vais dormir dans un lit tout beau tout propre. J'espère que le fantôme de l'ancienne propriétaire ne va pas me déranger pendant la nuit. »

Je ris nerveusement pour détendre un peu l'atmosphère, mais Aimee ne bougeait pas. J'avais presque l'impression qu'elle tremblait.

« Installe-toi, je te préviendrais dès que tu auras du travail à faire. La clé de la chambre est dans la serrure si tu as besoin de la verrouiller »

Sur ces mots elle tourna les talons et disparut en descendant les escaliers. Je n'eus même pas le temps de la remercier. J'étais à nouveau seul-e dans cette grande chambre obscure. Ma première idée fut d'allumer la lumière. Je mis un peu de temps à me faire aux éclairages gazeux mais au bout d'une quinzaine de minutes, la pièce baignait dans une lumière chaude et accueillante.