La Fin d'un Monde

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     L'année dernière, à cette même date, je me trouvais dans les bras de la personne pour qui j'ai donné ma vie et consacré ma santé mentale. Aujourd'hui, je suis seul avec ma musique et une bouteille d'alcool presque vide, que je m'empresse de finir pour éloigner et dans le même temps nourrir mes foutus démons. Ce qu'il s'est passé il y a presque sept mois m'a anéanti, ruiné, et je poursuis cette oeuvre à coup d'ethanol, comme, en fait, presque tous les jours depuis cette date. La fin d'un monde, que je tente de reconstruire non sans peine.

     Je n'ai même pas la possibilité d'écrire d'une traite comme à mon habitude, ma vue est troublée par l'alcool et les larmes, chaque paragraphe, phrase, voire virgule est entrecoupée d'un éclat de sanglots. "C'était trop beau pour être vrai", hein ? "Maintenant part loin de moi, une larme cachée dans l'oeil", hein ? Putain. "Je te déteste comme cette phrase qui dit "c'était trop beau pour être vrai"". Je veux arrêter de penser à toi, arrêter de penser à ce qu'il s'est passé, arrêter de me réveiller en sursaut chaque nuit avant de fondre en larmes. Ne plus te voir dans mes cauchemars, car tu n'es pas un monstre, ne prends pas cette place. Car c'est la mienne. L'Homme est un loup pour l'Homme, je suis un loup pour moi.

     Pourquoi ça me ruine tant, putain. Ca reste ma faute, non ? J'n'ai pas dit "non", pourtant. J'n'ai pas lutté, pourtant. "J'en sais rien. Je m'en fous. J'étais pas là, haha". Haha, c'est ça, ouais, mon cul... Je vis l'effondrement d'un monde, chaque jour, chaque heure, chaque putain de seconde ouais. Reconstruire quoi que ce soit est impossible quand les ruines d'un temps passé pourrissent, mais sont si profondément ancrées dans le sol qu'on ne peut les retirer, ne pouvant que faire avec.


     "Y a des larmes plein ta bière", merci Renaud, comme chaque soir, ouais. Boire c'est le seul truc que je sais faire, y a eut plus de fois où j'me suis soûlé plutôt que d'bosser. Décuver en cours, ça fait tant parti de mon quotidien que c'en est devenu un rituel. "Qu'est-ce que j'ai appris à part des remords et des maladies ? Rien. A part la peur de rester seul toute ma vie.", "J'ai comme envie d'me mettre une balle dans l'crâne. Mais j'ai pas d'flingue", I know that fell, Orelsan, parce que c'est un résumé de chacune de mes pensées, du matin au soir.

     Ouais, la baie vitrée me fait de l'œil, si j'suis assez bourré pour écouter mes sentiments, j'irais lui faire du rentre-dedans en l'écartant bien en grand. De toute façon, c'est pas comme si c'était la première fois, dès 20h chaque jour depuis bien un an ou deux, j'ai envie de sauter, comme l'atteste... J'sais même plus quel texte, l'EtOh s'insinue aussi sournoisement qu'un mauvais souvenir, que je cherche à effacer, et que malgré tout je souhaite conserver. Enfin, "Une gonzesse de perdue, c'est dix copains qui r'viennent", j'espère que c'est le cas pour toi. 


     "J'oubliais qu'tes tatouages, et ta lame de couteau, c'était surtout un blindage pour ton cœur d'artichaud", et j'suis cette nana qu'étais faite pour personne...

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     Ce texte se passe de commentaires.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now