Homini Paradoxa

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     Un insensible trop émotif, un sans-cœur trop affectueux, un scientifique trop spirituel, un être vicieux et pur, prude et malsain. Un cœur de pierre apathique mais trop cœur d'artichaut. L'impression d'être l'aiguille d'un métronome trop agité, à peine ayant atteint un extrême que déjà elle touche son total opposé, dans un infernal carcan, un cycle inextricable dans lequel je ne peut trouver de quiétude, de juste milieu ou de moment de tranquillité, ne m'est malheureusement pas étrangère, et résume jusqu'à présent la presqu'entièreté de mon mental.

     Esprit logique et pourtant bardé de contradictions, mon cerveau semble être régi par la physique quantique, constamment dans un double état. Je suis mort et vivant. Triste et joyeux. Insensible hypersensible. Bordel de Diable. Je préfère quand les choses sont claires, précises et définies, le subjectif et l'inconcret ne sont selon moi que pertes de temps. Et pourtant, ces éléments sont le mot d'ordre de mon mental, régi à la fois par la logique et l'illogisme, ne sachant pas définir comment je suis.

     L'impact le plus flagrant à mon sens de cette dichotomie mentale est probablement au niveau des sentiments. Il est difficile pour moi d'exprimer tout ceci car étant de base relativement logique, l'idée que coexistent tant de facettes aussi opposées me dérange, et pourtant je vis très bien avec. Je n'ai jamais aimé aimer, et pourtant je m'attache trop facilement et avec trop d'affection. Je n'exprime pas mes sentiments, et pourtant je les exprime trop. De même que je pense être à la fois l'une des personnes les plus pures et corrompues à la fois, je souhaite être à la fois un monstre et un saint. Un apathique trop empathique, je pense exclusivement à ma tronche, mais je me bat uniquement pour les autres. Fragile et fort en même temps, je ne veux pas être protégé mais je le veux. Je déteste qui je suis au point d'avoir enchaîné les tentatives de suicide, et pourtant je suis en paix avec moi-même.

     Enfin, limitons tout de même les contradictions, bannissons tout ce qui peut l'être pour tenter de corriger un tant soit peu cette qualité et défaut, même si je veux penser normalement et je ne le veut pas. Je ne suis plus quelqu'un de bon et de mauvais, j'ai renié cette stupide notion de Bien, et de ce fait, le Mal n'a plus lieu d'être, n'existent que des convictions, à même échelle de bonté. Évincé le Moche, la Beauté n'a plus rien pour se comparer, pour ne laisser que sensibilité. Et d'autres moins importantes ont également disparu, ne pas s'encombrer de choses inutiles, de tabous et autres restrictions, ne pas être plus choqué par quelqu'un qui se branle sur des cadavres déchiquetés que par un voisin qui mange une omelette. A quoi bon l'être, de toute façon, notre indignation n'y changera assurément rien et ne fera que nous prendre inutilement la tête.


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     Enfin, je sais ne pas être la seule personne dans cette situation de contradiction mentale, et cependant je n'ai rien trouvé de concret sur le sujet. Si d'autres personnes ont connaissance de cet état mental et de ses causes, non pas pour en "guérir" mais pour mieux en apprendre, je serais ravi de lire tout article, livre, étude ou autre sur le sujet.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now