Bribes d'un Esprit Tourmenté

Monstre

     Petit, j'étais un monstre. En tout cas, c'est ainsi qu'on me traitait, alors j'en suis devenu un. Ou est-ce l'inverse, je n'en sais rien. Et de toute façon, je me voyais ainsi. Ma perception de moi-même déformait mon reflet dans le miroir, allongeant mes canines pourtant peu proéminentes, pâlissant ma peau déjà blafarde, creusant encore plus mon regard. Je ne me voyais plus comme un humain, au point de fuir mon reflet. Cette situation dura bien plusieurs années, avant de s'essouffler peu à peu avant de disparaître dans les limbes de mon esprit.

     Cette vision de créature ne m'était pas apparue depuis bien longtemps, et c'est dans le reflet de la vitre de mon bus que j'y suis confronté, tel un macabre rendez-vous. Le visage s'est durci depuis, comme si la chose avait continué de vieillir en moi, malgré tout ce temps. Bien sept ou huit ans, à tout casser, sans l'avoir croisée, et la revoilà soudainement. Plus effrayante, malsaine. Plus moi. La raison en est pourtant simpliste, la lecture. Découvrir que je ne suis pas le seul être à être pourri de l'intérieur me réconforte, me fascine mais me fait sombrer davantage dans cette noirceur. Ça l'attire. Ça m'attire.

     Les extrêmes m'ont toujours fasciné, et me voilà à porter la même affection pour des personnes qui sont à mes yeux les incarnations de la pureté et du perverti. Ce n'est pas l'envie de choisir un camp qui manque, ne plus être tiraillé dans mon éternel carcan paradoxal. Mais quel choix faire ? Il va sans dire que l'apparition de ce monstre m'indique la voie à suivre, sachant pertinemment que d'elle ne découlera que souffrance et malheur. Tant mieux, le bonheur n'est rien à mes yeux.

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     Cocace situation que celle-ci, et deux écrits qui s'entremêlent sans réel sens...