Sad Mood, Sweet Moon

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     "Va dormir, il est tard", me dit-on si souvent. Si seulement.

     Si seulement je pouvais dormir. Si seulement passé minuit, mes pensées et émotions ne se métamorphosaient pas telles des mogwaïs, ravageant les restes de mon esprit. C'est dans la nuit que je frôle le plus le sentiment de liberté, et que mes pensées s'envolent, des oiseaux fuyant dans tant de directions opposées. Dans ce tourbillon incessant s'enchaînent les rires, les larmes et les fièvres, portés par une musique à peine audible et un agréable vent tout juste gelé.

     Et je suis là, au milieu de tout ça, dépassé par mes pensées et en même temps les gardant en mon être, un écartèlement intérieur. Et la fenêtre grande ouverte, plongeant vers un sublime ciel d'encre parsemé de gouttes de lumière et par laquelle s'immisce une délicate fraîcheur portée par une brise subtile, semble m'appeler en son sein, telle un délicat baiser m'entraînant dans une glaciale couvée.

     Comment un cœur peut-il brûler et se geler en même temps ? Se consumant de passion, se brûlant à l'azote, par des sentiments sensément irrationnels, un philtre d'amour empoisonné. C'est sur ce point que se rejoignent mes émotions volatiles et diverses. Je me peine, m'énerve, m'émeut, m'amuse, me détruit, me punis d'aimer aussi fort un bel ami. Conscient cependant de ces ravages, je ne peut arrêter cette tempête, ce tsunami.

     Et pourtant, je devrais faire part de ces émois, je n'ose pas. Mettre un terme à cette amitié, quelle qu'en soit l'issue, n'est pas une solution pour moi. Je ne pourrais l'aimer pleinement, car mon cœur est déjà à un autre, je ne puis vivre sans lui pour autant, car il est énormément pour moi. Alors enfilons un masque, encore un, et sur cette triste scène, jouons. Dans cette valse fausse, rions. Sur ces notes fausses, chantons. Enfin, je dis "ons", mais moi seul est un mime, ici. Du moins, j'ose l'espérer, car si ces deux tristes cœurs sont à l'unisson dans cette situation, alors suit la tragédie. Et quelle issue à cette situation autre que, tels deux Icares piégés dans ce mouroir, soyons conviés chez Pluton ?


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     Encore un écrit tardif, celui-ci pouvant presque être scindé en un poème en alexandrins ou en octosyllabes. J'en ferais peut-être une chanson ? Nan, je déconne, je suis une casserole. Mais bordel, ça fait mal d'avoir tant de choses douloureuses dans l'esprit, et de ne pouvoir mettre des mots dessus qu'en poésie, et ce goutte par goutte. Tous les écrits ici ne représentent qu'une infime partie de ce chaos intérieur, me ravageant chaque jour un peu plus.

     Là, ça serait le moment où je m'allume une clope, mais je ne fume pas. Où je me sers un verre de Jack, mais je ne boit pas. Où j'avale la totalité de mes anti-dépresseurs, mais je n'en prend pas. Alors embrassons la fraîcheur de cette nuit, profitons-en telle une funeste amante, car la nuit est une putain qui se prélasse sur un matelas de pensées et de belles idées, attendant qu'on l'enlace de promesses.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now