Bribes d'un Esprit Tourmenté

Cocktail mortel

     A l'annonce d'une nouvelle, la majorité des personnes ont comme un "choix" à faire. Un petit tableau de bord mental, sur lequel pullulent les boutons respectifs aux émotions, affublés des étiquettes correspondantes. "Ma grand-mère est morte", on appuiera naturellement sur "tristesse". "J'ai un nouveau chien", on pressera la joie, le contentement. Et là encore, rien ne fonctionne normalement avec moi.

     Il serait évident de préciser que le contexte importe et est celui qui nous fait décider quel bouton presser. Une certaine satisfaction se fera ressentir à l'annonce des funérailles de l'ancêtre d'une personne que nous méprisons, ou à l'inverse, une personne peu soigneuse envers ses animaux de compagnie ne pourra que nous inspirer une certaine méfiance vis-à-vis de son comportement envers son nouveau protégé. Et peut-être que dans mon cas, le contexte est trop hasardeux ?

     Une nouvelle à coup sûr réjouissante m'a été transmise. C'est un bel événement, d'une personne que j'apprécie certainement, mais voilà. Là où les autres ont un beau choix de boutons colorés aux différentes émotions, je n'ai qu'une mystérieuse table miteuse sur laquelle trône une unique fiole, aux effets aussi innombrables et aléatoires que la bouteille d'Alice et son étiquette "bois-moi". Est-ce de la joie ? De la tristesse ? Du soulagement ? De la douleur ? Rien de tout ça ? Pas de chance. Cette fois-ci, c'est un cocktail mortel qui coule dans ma gorge. Un doux poison qui réchauffe mes doigts et gèle mon sang. S'il est une douleur dont je me délecte, c'est impérativement la mienne.

     Quel sensation procure le fait d'éprouver dans le même temps joie, colère, soulagement, tristesse, satisfaction, déception, quiétude, fatigue, surprise, confusion, compréhension, incompréhension ? La réponse va de soi : une implosion mentale. Et l'envie de se mettre une bonne grosse race au Jack'. Et pourtant, si cette nouvelle ne me concerne pas, tous les sentiments négatifs éprouvés sont envers moi. Énervé de mon égoïsme en cet instant. Triste de mon silence pendant des années. Déçu de mes films. Fatigué de faire semblant. Confus vis-à-vis de mes pensées. Incapable de comprendre pourquoi je suis autant dans le reproche.

     Alors je vais fermer mes yeux, tentant de noyer ce cocktail émotionnel par un autre, tout aussi empoisonnant, laisser l'alcool couler dans ma gorge pour empêcher mes larmes d'en faire de même, pour qu'au final, ces perles roulent sur mes joues pendant que j'en fais de même sous la table.

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Je préfère garder au maximum les détails pour moi par respect envers cette personne et la confiance qu'elle a fait preuve. Je vous remercierai de ne pas m'en demander davantage, je vous enverrai chier certainement