Emphase en phase

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     Il est près de minuit, l'alcool mais non moins la fatigue, ce premier étant peu présent dans mon organisme, me provoquent tous deux une horrible sensation, qui n'est pas sans me rappeler le rêve qui m'a le plus hanté, qui revient modifié, plus violent.

     Peu après avoir quitté le collège, je rêvais presque chaque nuit d'être piégé derrière un immense mur de verre, dans un étrange et sombre lieu vide. Derrière ce mur, la lumière. De mon coté. Des ombres si denses qu'elles en étaient palpables. Cette hallucination bercée par les vibrations des mélodies des Brothers of Metal, est la suivante. Un immense visage souriant interagit avec d'autres faces, toute une foule. Derrière, dans cette tête depuis laquelle je voyais le monde en étant invisible, comme un miroir sans teint, je hurle, cogne, pleure. Une ignoble mélasse, poisseuse, collante, et corrosive, monte petit à petit, au fur et à mesure que cette tête géante ingurgite l'alcool. Je gratte pour en sortir. Mes coups répétés sur les paroies intérieures de ce visage semble lui provoquer de micro-tics.

     Mon angoisse monte avec ce pétrole qui attaque désormais mes chaussures. Mes chaussettes. Mes pieds. Ca me brûle, je veux sortir, partir, loin de tout ça. Et plus l'alcool monte, plus les voix de ces faces sont fortes, assourdissantes. J'essaie de me concentrer sur la musique, en vain. Est-ce d'une sorte d'angoisse sociale ? J'en sais rien, je m'en fous, je ne veux pas d'auto-diagnostic à deux ronds. Le fait est que ça existe, et ça me ronge désormais jusqu'aux genoux. Et j'entends aussi mes cris intérieurs, si perçants qu'ils semble me déchiqueter de l'intérieur. J'ai d'une part l'envie de finir au plus vite ma demi-bière pour noyer mes cris internes, et d'une autre part, partie loin de tour ce chaos qui m'entoure.

     Je ne suis pas à l'aise avec ces conventions sociales. Ca m'angoisse, et je ne m'y sens pas à ma place. Les gens sont bruyants, fatiguants, et... De tous les humains qu'il m'a été donné de côtoyer, je suis bien de loin celui que je supporte le moins. "Je vais rester dans ma chambre, en silence, et faire comme si je n'existais pas" me semble être le meilleur plan. À défaut d'un endroit plus tranquille, je vais simplement rester sur le canapé, loin des gens qui sont dehors, écouter la musique et tenter de me focaliser dessus, oublier l'univers et me plonger, une fois encore, dans le mien.

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     Hm, décidément... Le social, c'est vraiment pas mon truc.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now