Angoisse de la Plage Blanche

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     Je sais pas pourquoi j'ai commencé cette entrée. A vrai dire, je ne sais même pas ce que je suis en train de foutre actuellement. Je ne fais que me laisser porter à une heure déraisonnable par la première playlist qui me soit tombée sous la main. Et j'ose espérer que ce moment d'absence totale d'inspiration sera ma muse, une étrange expérience que je souhaitais mener. En effet, quand rien n'est présent en surface, une introspection plus détaillée, fouineuse, presque sournoise ou vicieuse, s'impose alors, grattant sous cette surface d'ordinaire recouverte d'une insondable couche de pensées.

     La mer s'est retirée, dévoilant rochers et galets, vase et brindilles, cadavres et coquilles. C'est peut-être ces moments de silence qui me déroutent le plus. Habitué à un incessant vacarme assourdissant, cette vaste et soudaine absence me fait l'effet d'un calme plat, ce souffle retenu en attendant une inévitable explosion qui, à coup sûr, détruira tout ce qui a été bâti mentalement. Je sens ce chaos arriver, sans pouvoir l'empêcher. Et sur cette vaste plage aussi déserte que secrète, je retrouve ces fantômes du passé. Ce qui m'a blessé et qui a été jeté dans cette mer, tant de cailloux, des grains de sable aux puissantes roches, des phrases, des mots, des gestes, des cris, des larmes, des souvenirs, échos du passé. Et maintenant retiré, tout ceci m'est exposé.

     Tant de choses que je ne pourrais en mentionner, que je foule du pied, m'y coupant, y saignant, et continuant mon chemin, toujours plus loin. Plus j'avance, plus les roches sont coupantes et énormes, le terrain accidenté, la peur pesante. Jusqu'à arriver au pied d'un mur gigantesque. Une immense vague figée, un tsunami gelé dans le temps et pourtant bouillonnant, prêt à s'élancer à tout moment avec une inouïe violence et m'emporter, me balayer, me souffler, comme une insignifiante poussière.

     Et entre cette insondable menace et moi s'élève un cristal, sublime, d'un noir envoûtant et malsain. Mon orcrux, ma boîte de Pandore, mon passé, moi. Il ne suffirait que d'un malheureux contact entre moi et cette chose qui m'appelle irrésistiblement pour déchaîner les foudres de cet océan tourbillonnant dans mon esprit, il ne me suffirait que quelques pas et un peu d'acceptation. Beaucoup de mal pour peu de bien, malheureusement, je le sais. Ce cristal, je le réalise, n'est que la représentation de ma réalité, de ma personne authentique, refoulée il y a bien des années.

     La source de mes malheurs, de mes angoisses, de mes peurs, de mes craintes, de ma différence, est enfermé ici, et ceci est finalement à ma portée, après tout ce temps passé à l'oublier. Et je n'ai qu'à tendre la main pour libérer tout ceci. Mais je ne suis pas prêt, et pour la première fois depuis tant d'années, je ressens à nouveau cette écrasante sensation, ce poids. Cette peur de moi-même...


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     Et ben, 100 vues pour un truc censé être "secret", j'suis mal barré... Vous trouvez pas mes écrits chiants, sérieux ?!

     Enfin, cet écrit est très imagé, peut-être trop, mais je ne savais pas comment le représenter à moi-même. Ce n'est toujours qu'au travers de paysages imaginaires que je parviens à me retrouver et à mettre des mots sur ce qu'il se passe dans mon crâne bordélique.

Bribes d'un Esprit TourmentéWhere stories live. Discover now