Chapitre 10

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La tête embrouillée, je bois mon café, cherchant à rassembler mes souvenirs de la soirée d'hier soir, quand bien même je l'ai quitté tôt ce matin. Si ma mémoire est bonne, je suis partie en laissant Clémence parler avec Peter, et Coraline avec Pascal. Nick a proposé de me raccompagner, et après, trou noir. J'étais trop fatiguée, et je l'avoue, alcoolisée. Ma tasse vide, je la pose dans le lave-vaisselle. Je me dirige vers ma chambre, prête à m'habiller. Je me poste devant ma penderie, ne sachant quoi porter aujourd'hui. Je reste ici de toute façon, alors autant ne pas m'embêter. Je récupère une petite calotte, puis un tee-shirt extrêmement long gris. Je retire la serviette qui est enroulée autour de mon corps et enfile d'abord mon sous-vêtement. Soudain, la sonnette retentit dans tout mon appartement. Je me redresse, réfléchissant à qui cela peut être. Lorsque la sonnette sonne une seconde fois, je m'empresse d'enfiler mon tee-shirt et de retirer la serviette dans mes cheveux, encore mouillés. Je me dirige vers la porte, énervée contre la personne qui est en train de tuer ma sonnette. J'ouvre la porte, agacée. Mes yeux se plantent dans des yeux marrons ténébreux. Ces yeux divaguent le long de tout mon corps, de ma tête aux pieds. Les yeux de Nick se plongent à nouveau dans les miens. Son regard est étrange, mais je ne serais dire en quoi. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres.

"Tu comptes partir ainsi? me demande t-il.
-Partir où?
-Avec moi. Cela ne me gêne pas, mais je ne suis pas sûr que tu seras à l'aise.
-Je n'ai rien de prévu avec vous.
-Je t'ai proposé hier de venir avec moi, tu as accepté et je t'ai dit que je viendrai te chercher à onze heures. Il est onze heures trois.
-Je n'ai pas pu accepter. Je m'en souviendrai.
-Pas sûr. Vas t'habiller! Dépêche toi!
-Je ne vais pas venir avec vous.
-Oh! si!

Je soupire, comprenant qu'il ne lâchera pas l'affaire. Je me décale et lui laisse un passage.

-Entrez, je vous prie.
-Merci.

Je force un sourire, et ferme la porte derrière lui. Je le suis jusqu'au salon, où il admire chaque recoin.

-À titre indicatif, je dois m'habiller comment?
-Comme tu en as l'habitude."

Je lève les yeux au ciel. Je me rend dans ma chambre, et me poste encore devant ma penderie. J'attrape un tailleur-pantalon lavande, et un caraco noir. Je chausse des scandales à talons noires, également. Je brosse rapidement mes cheveux, et fourre dans un sac à main blanc mes cigarettes, mes lunettes de soleil, mon porte-monnaie, et mon portable. Je retourne au séjour, où je trouve Nick assit dans mon canapé, les pieds sur la table basse. Je m'approche de lui, alors qu'il me détaille. Je lui donne un coup de pied dans les jambes, faisant partir ses pieds de mon meuble. Où se croit-il? Il lâche une injure, mais ne dit rien de plus. Il se lève et me suis. Nous sortons de l'appartement, que je verrouille à clé. Nous descendons les escaliers, sans un mot. Dans la rue, il se dirige vers une magnifique voiture blanche, très classe et chic. Il m'ouvre la portière côté passager, et je monte dans le véhicule sans lui adresser un regard. Je m'attache, alors qu'il monte à son tour. Il s'attache et met le contacte. Il s'engage en une fraction de seconde dans la circulation. Après une quinzaine, voir une vingtaine de minutes, nous quittons la ville.

"Je te préviens, Nick, si l'on me trouve découpée dans un bois, je ferai en sorte de là-haut que tu le paie.
-Tu me tutoie maintenant?
-Seulement mes ennemis.
-Ravi d'avoir une place dans ta vie.
-Ce que tu fais, ça s'appelle du kidnapping.
-Tu m'as suivi, donc ça s'appelle une promenade.
-Je n'avais pas le choix.
-Si.
-Ah! oui, et lequel?
-Soit tu me suivais sans faire d'histoire, soit j'employais la force.
-Tortionnaire.
-Merci du compliment."

Je soupire, encore une fois. Sans m'en rendre compte, je caresse le cuir crème du siège sur lequel je me trouve. Il est vrai que cette voiture est confortable, et que le trajet est agréable. Mais ce n'est que parce que la voiture est bien, et non parce que Nick conduit -magnifiquement bien, je dois l'avouer, le véhicule. Après une trentaine de minutes de trajet sans bruit, monsieur le kidnappeur se gare face à un petit restaurant.

"Où sommes-nous?
-À Mississauga.
-Et pourquoi on est ici?
-Arrête de poser des questions, et suis moi.

Il sort de la voiture, alors je fais de même. Je lui emboîte le pas, voyant qu'il entre dans le restaurant. Nous nous installons à une table au fond, où il n'y a personne.

-Je n'ai pas faim.
-Moi si. Alors tais-toi.
-Tu sais Nick, à force de traiter les femmes comme tu le fais, tu ne trouveras jamais la futur mère de tes enfants.
-Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, me dit-il sèchement.
-Pauvre type."

Il me lance un regard noir, dans lequel je lis de la haine, mais aussi un peu de tristesse. Une jolie serveuse vient à notre table et nous demande ce que nous voulons prendre. Je lui indique que je ne veux rien, et Nick commande des oeufs brouillés et du bacon. La femme repart. Je fixe mes pieds, ne trouvant pas d'autres occupations. Après dix minutes -qui semblaient plus être des heures-, le repas de Nick est servi. Il mange, doucement, sans me donner un seul regard. Réfléchissant, je regrette de ne pas avoir pris un petit quelque chose. Je pique alors dans l'assiette de mon tortionnaire un bon morceau de bacon. Il relève la tête, alors que je déguste ce que je lui ai volé.

"On peut savoir à quoi tu joues, Ella?
-Quoi? J'ai faim.
-Tu te fous de moi?
-Possible. S'il te plaît, Nick, je peux goûter à tes oeufs?
-Tiens.

Il me tend sa fourchette et j'ouvre grand la bouche. Au dernier moment, il la retire et la fourre dans sa bouche à lui.

-Nick!
-Mon plat, mon repas. Bas les pattes.
-Méchant."

Je me renfrogne dans ma banquette, vexée d'être privée de nourriture. Je croise les bras, le fixant avec haine. Il me sourit, fière de lui, tout en continuant de manger. Je sens que cette journée risque d'être longue -et rude en émotion.

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant