Je lance un retard de détresse à Peter, qui sourit tel un gros bêta.
"Mais qui est cette charmante demoiselle? demande un homme dont la couleur bleue des cheveux m'intrigue.
Je reconnais immédiatement l'homme qui a porté Coraline jusqu'à ma voiture le soir de la fête. Il semble premièrement surpris en me voyant, mais sourit en tournant la tête vers Peter.
-Peter! Petit cachottier! s'exclame l'homme.
-Je vous présente Ella John, ma...voisine. Mademoiselle John, je vous présente Henry, Pascal et Nick.
-Enchantée.
-Ravi de vous rencontrer mademoiselle.L'homme aux cheveux bleus m'attrape la main et dépose sur son dos un baiser.
-Henry, garde tes drôles de manières pour d'autres femmes, le réprimande Peter.
-Si je ne peux plus être galant!Peter soupire, et lève les yeux au ciel. Donc Henry est celui qui a les cheveux bleus, Pascal est le grand homme musclé qui a porté Coraline, et Nick est celui qui semble muet. À vue d'oeil, le garde du corps est Pascal, et Henry et Nick les deux autres membres du groupes. Peter me fait signe de m'asseoir, alors je m'exécute. Il fait de même et se tourne vers ses amis.
-Alors, c'est quoi ce truc super urgent qu'il fallait impérativement que je découvre aujourd'hui?
-Benoît et Steph nous ont créé une prod, il faut que t'écoute ça! s'enthousiasme Henry.
-On se l'écoute alors?
-Tu es sûr qu'elle peut rester? intervient pour la première fois Nick.
-Je peux aller dans le couloir si vous voulez, je ne veux pas déranger.
-Mademoiselle John, ne dites pas n'importe quoi. Bien sûr qu'elle peut rester, tu n'as pas confiance, Nick?
-Comme tu veux, moi je m'en fous."Je crois que le message est on ne peut plus clair, Nick ne m'apprécie pas du tout. Mon intention en acceptant la proposition de Peter n'était pas de causer du tord à quelqu'un, bien au contraire. Légèrement vexée, je croise les jambes, me renfermant sur moi-même. Peter me questionne du regard mais je détourne les yeux. Il est vrai que l'on ne peut pas plaire à tout le monde, mais ce Nick semble plus méfiant et sur la défensive que les autres, et manque cruellement de tact. Henry demande aux deux autres hommes de lancer la "track". Ils s'exécutent et après quelques secondes, du son sort de je ne sais où, remplissant la pièce d'une plaisante mélodie. Peter est très concentré, écoutant tout dans les moindres détails. Le son se coupe, plongeant la pièce dans un silence presque suffoquant. Henry et Nick se lancent un furtif regard, et dévisage ensuite Peter. Ils semblent tous les trois se comprendre en un regard, ce que je trouve étrange, même si avec Clémence et Coraline nous avons aussi ce "pouvoir".
"Vous gardez ça, c'est parfait pour ce que nous sommes en train d'écrire.
-Peter a raison, on doit finir les textes le plus vite possible, informe Henry.
-J'ai de l'insp', on fait ça maintenant.Nick et la bonne humeur, des ennemis de toujours.
-Je vais vous laisser travailler.
-Mademoiselle John, vous pouvez rester.
-C'est gentil de votre part, mais j'ai à faire.
-Je vais vous raccompagner.
-Non, mes parents habitent dans le coin, je vais leur rendre visite et mon père me ramènera.
-Vous êtes sûre?
-Oui, c'était très intéressant de venir ici, je vous en remercie.
-Je vous en prie.Je me lève et Peter, Henry et Pascal font de même. Je leur sers chacun la main.
-J'ai été ravie de vous rencontrer messieurs.
-Tout le plaisir est pour nous, mademoiselle, me lance Henry.Je souris poliment et tend la main vers Nick qui ne semble pas connaître non plus la politesse puisqu'il m'ignore.
-Au revoir, monsieur Nick.
Il lève les yeux vers moi, puis les baisse sur ma main. Pour autant il ne bouge pas, et se re-concentre sur son portable.
-Au revoir."
Ne voulant pas me ridiculiser encore plus, je replace mon bras le long de mon corps et tourne la tête vers Peter qui me mime des lèvres un "désolé". Je souris, lui faisant comprendre que ce n'est rien, et me dirige vers la porte. Je salue les deux autres hommes, et sors. Je longue à nouveau le large couloir et sors de la bâtisse. C'est à grands pas que j'emprunte le chemin menant à la maison de mes parents. En une petite dizaine de minutes, j'arrive à destination. Pressée de retrouver mes parents, je sonne frénétiquement. J'aurais une force sur-humaine, la sonnette serait à remplacer. La porte d'entrée s'ouvre sur ma mère qui lâche un "oh" de surprise. Ma mère est de taille moyenne, et a les cheveux courts, qu'elle a recouvert il y a des années d'une teinture blonde qu'elle rafraîchit souvent. C'est une femme très féminine et sophistiquée. Elle me tend ses bras, et je m'y niche dans une petite accolade. Je la relâche en lui souriant.
"Qu'est-ce que tu fais ici?
-J'étais dans le coin, et je me suis dis que je pouvais venir vous voir.
-Entre, tu te joins à nous pour dîner ce midi?
-Oui, je veux bien. Je vais t'aider.Je m'avance dans l'entrée et pose mon sac ainsi que ma veste sur le petit banc.
-Non, ça ira.
-Es-tu sûre?
-Oui ma chérie. Je ne vais pas faire un repas de fête.
-D'accord. Où est papa?
-Dans son atelier.
-Je vais aller le voir."Je dépose un baiser sur la joue, et la quitte. Je passe par la cuisine, emprunte la porte-fenêtre qui mène à la cour arrière. Je la traverse à pas de course, et toque à la porte du petit bâtiment: l'atelier de mon père. Je rentre lorsqu'il m'accorde le droit d'entrer. Il reste surpris en me voyant, mais m'embrasse tout de même le front. Mon père est un homme musclé -ce qui a fait fuir certains de mes petits-copains- et qui ne fait pas du tout son âge. Ses cheveux bruns sont, comme toujours, coupés très court. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu mon père avec, au moins, un centimètre de longueur de cheveux.
"Comment vas-tu ma fille?
-Très bien, merci. Et toi?
-Très très bien!
-Tu nettoie tes armes?Mon père est un ancien soldat de l'armée américaine, et il est resté le soldat qu'il était: amoureux des armes à feu. Nous nous sommes installés au Canada, ici à Toronto, il y a dix-huit ans, lorsque mon père a été muté dans une caserne proche d'ici. Il y a huit ans, il est devenu policier, et au fil des années, il a gagné en grade, et est maintenant chef de son service. Ma mère, quand à elle, était infirmière dans l'armée américaine. Je suis fière d'avoir des parents qui étaient engagés autant, et même s'ils étaient dans l'armée, ils sont des personnes normales. Et plus que ce que l'on peut croire.

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Pari risqué
RomanceL'être humain aime jouer. Le jeu fait parti de la vie, mais aussi des pires vices de l'homme. Certains savent s'arrêter à temps, d'autres n'ont pas de limites. Ella John va malheureusement en connaître les frais, alors qu'elle n'est pas joueuse. M...